Chapitre trente-cinq.

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C'était trop pour Maé. Il raccrocha et sans un mot pour Jake, il partit en courant. Il s'arrêta au parking de vélos, pour récupérer le sien. Il rêvait d'avoir une moto mais sa mère n'avait pas les moyens. Néanmoins, elle lui avait promis que si un jour une moto arrivait au garage, elle la retaperait pour le lui offrir. Maé enfourcha son vélo et se mit à pédaler à toute vitesse. Il n'habitait pas loin du lycée mais il savait bien que chaque seconde était importante... Sam avait dit que sa mère ne bougeait plus. Peut-être était-elle juste inconsciente, mais elle pouvait aussi être... Maé secoua la tête, pédalant plus vite. Sa mère était coriace, une guerrière. Il ne voulait pas croire que son père l'ait tué. Mais il allait le faire et tuer Sam aussi, si Maé n'arrivait pas très vite. Il vit sa maison au loin et accéléra encore. Arrivé dans son allée, il se jeta littéralement du vélo, ce dernier allant se planter dans les buissons. Maé courut et ouvrit la porte d'entrée à la volée. Sa mère gisait effectivement sur le sol, dans l'entrée.

— Mamã !

Maé se précipita vers elle. Il prit son pouls et fut soulagée de constater qu'elle respirait toujours. Il aurait voulu s'occuper plus d'elle mais les cris de Sam le firent se relever. Il déboula dans le salon et resta figé. Son père tenait Sam par la gorge, à bout de bras. Maé voyait les pieds de son petit frère battre l'air avec désespoir, alors qu'il suffoquait, incapable de respirer. Il saignait du nez, également.

LAISSE LE TRANQUILLE !

Il avait hurlé, se précipitant sur son père qu'il heurta de tout son poids. Ce dernier lâcha Sam, qui s'effondra sur le sol, secoué de sanglots. L'enfant recula, terrifié et alla se recroqueviller dans un coin. Maé lui, fit face à son géniteur. Ils se regardaient dans les yeux, aussi terrifiant l'un que l'autre. Maé était hors de lui. Que son père lui tape dessus était une chose. Mais qu'il s'en prenne à Sam... C'était hors de question. Et quand bien même, il ne supportait plus toute cette violence, cette peur constante, la pitié dans le regard des gens. Tout le monde savait mais personne n'agissait. Ils laissaient tous faire. Maé voulait que ça cesse, une bonne fois pour toute.

— Tu vas nous foutre la paix. Tu prends tes affaires et tu t'en vas, tu te casses d'ici, tu pars très loin et tu arrêtes de ruiner nos vies !

Il entendit son père rire.

— Tu essayes de me virer de ma propre maison, fils ?

— J'essaye de te laisser une chance de faire les choses biens, pour une fois.

Maé recula alors que son père avançait d'un pas dans sa direction. Il serra les poings alors que ce dernier l'attrapait par le col de son tee-shirt violemment. Son père était un homme grand et fort. Maé n'était pas aussi puissant.

— Ecoute-moi bien. On n'a pas tout ce qu'on veut dans la vie. Je n'irais nulle part. Mais puisque ta mère et toi aimez jouer les rebelles, je vais vous donner une leçon dont vous vous souviendrez toute votre vie.

Maé sentit le poing de son père s'abattre sur son visage. Ses oreilles sifflèrent alors que son géniteur le jetait au sol.

— J'espère que tu as dit au revoir à ton petit frère, fils. J'en ai jamais voulu, de ce merdeux.

Le jeune homme voulu se redresser mais son père lui envoya un coup de pied dans l'estomac. Maé se plia en deux sous la douleur, en toussant. La vision trouble, il vit son père se rapprocher de Sam. Ce dernier tenta de s'échapper mais l'homme l'attrapa par les cheveux, pour le balancer violemment contre le mur. Sam cria de douleur et Maé sentit quelque chose disjoncter dans son cerveau. Il n'avait encore jamais ressenti ça mais une vague le traversa des pieds à la tête, lui donnant soudainement la force de se relever. Maé comprit, sans vraiment en être conscient pourtant, que c'était de la colère. Celle qu'il avait en lui depuis son enfance. La colère de voir sa mère se faire tabasser et abuser quotidiennement sans pouvoir la défendre. La colère de se prendre un coup pour la moindre contrariété. La colère de grandir dans la haine et la violence. De devoir faire comme si tout était normal en dehors de la maison. De croiser le regard des gens qui savent mais qui ne font rien. De supporter la pitié, les chuchotements sur son passage, les ragots de la ville. La colère. Destructrice. Sans réfléchir, Maé saisit la clef à molette qui traînait sur le buffet – sa mère avait encore ramené des bricoles du boulot.

Notre amour pour seule limite [BxB] [TERMINÉE]Where stories live. Discover now