PARTIE 86 - Voyage vers Morthebois

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Tyra fut réveillée en sursaut par le bruit d'Öta toquant à sa porte.

C'est avec l'esprit encore bien embrumé qu'elle se leva pour lui ouvrir.

Elle s'essuya les yeux en bâillant tandis qu'il s'engouffrait dans la chambre.

« B'jour Öta.
- Bonjour. Tiens, mets ça. Prépare-toi vite, j'aimerais partir au plus tôt. » fit-il en lui fourrant des vêtements chaud dans les bras.

Il ressortit aussi vite qu'il était venu, sous l'air perdu de Tyra.

« Ah oui, c'est vrai. On part. »

Elle s'habilla rapidement, tout en se remémorant les événements de la veille. La troupe, valorïn, la sœur de Öta...

Une soirée bien remplie, qu'elle avait conclue en prévenant un ami de son départ. Elle avait parié qu'il serait en train de se soûler à la taverne et avait vu juste.

Wilfrid dans toute sa splendeur.

Mais ce qui était pratique avec cet imbécile, c'était qu'il acceptait ses absences sans plus se poser de questions. Elle lui avait demandé tant de fois de la couvrir qu'il n'était plus à ça près.

Contrairement à ses autres amis, qui à sa place l'auraient assaillie de questions et auraient sans doute insisté pour l'accompagner.

Or, la veille Tyra n'avait aucune envie de se lancer dans d'interminables explications et justifications. Elle en assumerait les conséquences plus tard.

Actuellement, elle avait simplement besoin de mettre de la distance avec ses proches et ce voyage avec Öta tombait à pic.

Et dire qu'elle allait quitter la région pour la première fois de sa vie !

Elle ne put s'empêcher de trépigner d'impatience à cette idée. C'était à la fois terrifiant et excitant.

Lorsqu'elle retrouva Öta dans la rue, il était entouré de deux grands chevaux. Il caressa l'un en lui murmurant des mots, un doux sourire au bout des lèvres.

Elle remarqua alors son habit. C'était très différent de ce qu'il portait d'ordinaire, mais elle trouvait que ça lui seyait plutôt bien.

« Öta ?
- Ah Tyra. Tiens, tu peux prendre le petit cheval gris. Il est assez docile.
- Il s'appelle comment ?
- Cendre de Rose. Il appartient à ma tante alors prend soin de lui. Je n'ai pas envie de subir son courroux, déjà que j'ai eu du mal à la convaincre de me le confier.
- D'accord. »

Tyra s'en approcha avec prudence.

« Tu sais monter à cheval ?
- Évidemment ! » mentit Tyra, pour se donner un air.

Öta hocha la tête et monta sur son propre cheval, une jument noire, avant de se tourner vers elle.

Tyra tenta alors de grimper sur Cendre de Roses... et retomba aussitôt de l'autre côté.

« Aïe !
- Tu veux de l'aide ?
- Non. Je vais y arriver. » répondit-elle, bornée.

Mais au bout de plusieurs essais infructueux, Öta soupira de désespoir.

« Tu es toujours certaine de vouloir venir ? »

Après une journée de voyage, ils s'arrêtèrent à une auberge dans un petit village

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Après une journée de voyage, ils s'arrêtèrent à une auberge dans un petit village. Ils confièrent leurs chevaux à l'écurie et prirent une chambre pour deux.

Ils avaient avancé toute la journée dans une ambiance étrange.

Chacun était plongé dans ses pensées, Öta songeant à la filleule mystérieuse de son père tandis que Tyra regardait dans le vide en repensant aux derniers événements.

Elle aurait aimé dire au revoir à Gahan avant de partir.

Peut-être pourrait-elle lui rapporter un souvenir. Une fleur de région par exemple ? Si elle la faisait sécher, c'était sans doute possible ?

Elle se promit de se renseigner plus tard, lorsqu'Öta aurait moins l'esprit ailleurs.

Aujourd'hui, il avait plusieurs fois sursauté en réalisant qu'elle lui parlait.

Dans ces conditions-là, elle avait donc préféré s'abstenir pour le moment.

Mais elle ne pouvait s'empêcher de trouver étrangement beau la façon qu'avait son regard de voyager lorsqu'il était à cheval.

Tyra soupira.

À peine furent-ils entrés qu'elle s'écroula en grognant.

« On est encore loin ?
- Je dirais que si on garde le rythme, on y sera dans six jours.
- Six jours ? SIX JOURS ? »

Tyra plongea la tête dans son oreiller en gémissant.

« Mmhmhmhmghmfhmlf.
- Je n'ai rien compris à ton charabia. »

Tyra ne répondit pas, restant inerte sur le lit.

Öta leva les yeux au ciel et descendit, la laissant seule dans la chambre.

Il revint quelques minutes plus tard avec une tasse fumante.

« Hé.
- Mmhhh ?
- Tiens, c'est du bouillon, ça te fera du bien. »

Tyra se redressa. Elle attrapa la tasse qu'Öta lui tendait, non sans renifler piteusement.

« Merci.
- De rien. Repose toi, demain nous partons tôt. »

Elle but une gorgée, se détendant légèrement. La chaleur du breuvage était réconfortante. Elle gémit :

« J'ai hâte d'arriver, j'ai mal aux fesses. J'pensais pas que monter un cheval serait plus douloureux que de se faire en... »

Tyra s'arrêta en pleine phrase, réalisant ce qu'elle disait.

« Se faire quoi ? » demanda Öta, amusé.

Elle reposa sa tasse et tourna la tête vers lui :

« Oublie. C'est pas de ton âge, gamin.
- Hé ! »

HISTOIRE ILLUSTRÉE - David & ÖtaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant