Chapitre sept.

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— Tu n'as qu'à changer de place, si ça te dérange.

Sa voix était très calme, bien plus assurée qu'il ne l'était réellement. Tenir tête aux gens n'était pas vraiment son fort... Elio détestait le conflit. Il le fuyait, la plupart du temps, préférant baisser la tête et laisser la tempête passer. Mais Maé l'énervait. Si lui était assez lunatique, son rival était littéralement inconstant et c'était bien pire. Il sentit le regard de ce dernier se poser sur lui. Elio fixait un point droit devant lui, son stylo tournant de nouveau entre ses doigts. Le professeur, qui venait d'arriver, était en train de faire l'appel. Maé voulu récupérer le bic des mains d'Elio mais ce dernier recula son bras pour l'en empêcher. Dans son geste, il fit tomber sa trousse et ses cahiers de cours, dans un grand bruit.

— Pinheiro, Everlast ! Je peux savoir ce que vous faîtes ?

— Mais rien m'sieur, c'est Elio qui a décidé que ce matin, il allait enfin se comporter comme un être humain normal et non pas comme un paria. Mais il a quelques problèmes d'adaptation, du coup il fout le bordel.

Il y eut quelques rires dans la classe à la réponse de Maé et Elio sentit ses yeux se remplir de larmes. Il jeta un regard à son rival.

— Va te faire foutre, Maé.

Le jeune Pinheiro perdit son sourire narquois. En deux ans, il n'avait jamais entendu Elio être vulgaire... Et puis, il y avait ses yeux pleins de larmes et sa voix tremblante... Le rouquin ramassa ses affaires. Il fourra le tout dans son sac et sans écouter le professeur qui criait son nom, il sortit de la salle. Il ne pouvait pas rester là, ça faisait trop mal. Tant pis pour le cours, il savait qu'il n'aurait aucune difficulté à le rattraper. Il s'éloigna rapidement, mettant le plus de distance possible entre lui et la classe. Entre lui et Maé, surtout. Il sortit du lycée et alla s'installer un peu plus loin, derrière le gymnase, sur l'herbe. A cette heure-là, il n'y avait personne. Elio se laissa tomber sur le sol, à l'ombre d'un arbre. S'adossant au tronc, il prit une grande inspiration, essayant de se calmer. Les rires des autres résonnaient encore dans ses oreilles. Il savait que quitter la salle de cette façon n'allait pas arranger ses affaires mais cela n'avait pas d'importance... Il avait besoin d'être seul. Fouillant dans son sac, il en sortit un flacon. C'était ses cachets contre les crises d'angoisse, c'était la seule chose que ses parents lui accordaient. Lui payer un médecin une fois tous les mois pour renouveler l'ordonnance de ses anxiolytiques. Elio ne les prenait quasiment jamais, seulement en cas de crise qu'il n'était pas certain de pouvoir contrôler. Il n'était même pas sûr que le cachet fonctionne, la crise était déjà là et le temps que le médicament fasse effet, il allait passer un mauvais moment. Il le prit quand même, accompagné d'une gorgée d'eau pour le faire passer.

— Je croyais que tu voulais pas prendre de médoc à ton âge ?

Elio sursauta. Devant lui se tenait Maé, les mains sur les hanches. Le rouquin lui jeta un regard noir.

— Qu'est-ce que tu veux ? Tu en as assez fait déjà, je crois.

— Le prof a voulu que je vienne voir si ça allait...

— Je vais... Super. Tu peux... T'en aller.

Le jeune Everlast commençait à avoir du mal à parler, à cause de sa difficulté à respirer. Ignorant Maé, il se leva et se mit à faire les cents pas, essayant de prendre de grandes inspirations pour débloquer son diaphragme.

— Elio...

— Laisse-moi tranquille, Maé !

Si jusque-là, Elio arrivait à prendre sur lui, il sentit ses barrières céder. Il éclata en sanglots, les mains tremblantes. Il vit Maé faire un geste vers lui mais il recula.

Notre amour pour seule limite [BxB] [TERMINÉE]Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt