Lord Park || P.JM

• Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 3 •

Comment était-il possible que je me retrouve face au Lord Park ? Ce fut comme un électrochoc, tout ce qui avait pu se dire sur ce fameux diable aux allures de chérubin me revint soudainement en tête. Toutes les histoires qui avaient circulé sur lui surgissaient et me paraissaient dorénavant effrayantes. Ça faisait dix ans que personne ne l'avait revu, tout le monde pensait qu'il était devenu fou ou encore qu'il était mort. Mais je ne rêvais pas, il était devant moi. Bien qu'il avait l'air de quelqu'un de tout à fait normal, je ne pouvais m'empêcher de croire ce que les villageois de Gwangju avaient dit sur ce bellâtre aux cheveux blonds. Alors que j'avais pris ces histoires à la rigolade, me retrouver face à lui, changeait soudainement ma vision des choses. Je ne savais pas qui il était et encore moins, comment il était mentalement.

- Lord Park, se présenta-t-il à la seconde suivante, mais je suppose que tu viens de me reconnaître vu ta tête.

Mon coeur se mit à battre à un rythme plus rapide que la normale, j'étais inquiète d'être face à l'être qui avait suscité autant de légendes. C'était comme si je rencontrai le méchant d'un conte pour enfant. Sa prestance et la peur qui m'envahissait petit à petit, m'empêchaient de dire quoique ce soit. Les habitants de Gwangju nous avaient toujours mis en garde sur la forêt et de ne pas s'y approcher mais personne ne nous avait dit comment agir une fois devant Lord Park. En même temps, personne aurait pu imaginer que cela arriverait.

- Terry, est-ce que tu peux sortir de la pièce ? Lui demanda le Lord.

Sans rien rétorquer, la personne se trouvant à mes côtés disposa, me laissant seule avec celui qui était jugé de fou. Alors que la personne se nommant Terry avait quitté la pièce, Lord Park ne me quitta pas des yeux. J'étais très peu rassurée, je ne savais pas de quoi il était capable. Anxieuse, je n'eus pas la force de le regarder droit dans les yeux plus longtemps et baissa la tête. Quoiqu'il arrive, je ne pourrais pas bouger, les douleurs de ma chute étaient beaucoup trop importantes. Soudainement, il marcha avec nonchalance en se rapprochant de moi. J'avais relevé la tête pour le regarder de nouveau. Il n'avait pas l'air agressif, ni étrange pour le moment.

- Alors comme ça, tu dis t'appeler Hwang Cha-eun... Es-tu sûre de toi ? M'interrogea-t-il une seconde fois comme si j'avais donné la mauvaise réponse.

- Hmm, acquiesçai-je timidement.

Il me regarda d'un air songeur, doutant encore de ma réponse, elle ne semblait pas être celle qu'il attendait mais pourtant c'était bel et bien mon prénom. Malgré mon accident, je n'avais pas de pertes de mémoire ou pas à ma connaissance. Je me rappelais de qui j'étais ou encore de quel jour on était, tout semblait être en ordre dans ma tête. Je ne comprenais pas ce qu'il cherchait en me demandant à plusieurs reprises si j'étais sûre de moi. Alors qu'il avait gardé une certaine distance entre nous, il vint la rompre et s'assit sur le bord du lit où j'étais. J'avais envie de m'écarter mais j'en étais incapable. Je ne savais pas si je devais m'inquiéter ou pas, je n'arrivais pas à saisir ses intentions. En même temps ma chute, plus ma noyade ne m'avaient pas épargné et mes idées n'étaient pas claires.

- Il y a quelque chose qui me chagrine mais tu n'as pas l'air de mentir, me songea-t-il en me fixant droit dans les yeux. Ah moins que...

Sans que je ne puisse bouger, il approcha son visage du mien et son regard déstabilisant était encré dans mes yeux. Il n'y avait que très peu d'espace entre nos deux visages, je pouvais même sentir son souffle se mêler au mien. Son comportement commençait réellement à être étrange. Tétanisée par la proximité avec cet inconnu, je serrai très fort les draps de soie, espérant qu'il ne me fasse rien de mal. J'étais seule avec lui, sans savoir ce qu'il voulait. Plus les minutes passaient, plus je sentais que quelque chose n'allait pas avec ce Lord.

- De la peur ? Pouffa-t-il. Donc en me voyant, tu ne ressens que de la peur ? Je suis un peu déçu !

Il s'écarta de mon visage et se leva du lit en soupirant. Je pus enfin me détendre un petit peu, relâchant petit à petit les draps du lit. Il resta debout, dos à moi pendant quelques secondes et se retourna. Aucun mot ne voulait sortir de ma bouche désormais, puis je n'avais pas l'air d'être dans la meilleure des positions pour dire quelque chose. Je ne savais pas ce qui allait m'arriver, peut-être que les villageois de Gwangju avaient raison et Lord Park était un détraqué. Moi qui pensais être sauvée, je me retrouvais devant un autre danger et qui sait, peut-être pire. Ses yeux d'une grande beauté continuaient de me fixer et il semblait perplexe. Dans la crainte, j'examinai le moindre de ses faits et gestes mais il restait quelqu'un de mystérieux, que je n'arrivais pas à le sonder. Ce dernier sortit sa main de sa poche et la rapprocha de mon visage. Par automatisme, je plissai fortement les yeux craignant son contact mais je ne sentis pas son touché sur ma peau.

- Ouvre les yeux, m'ordonna-t-il sur un ton plutôt doux. Regarde et dis-moi que ça ne te rappelle rien.

J'ouvris lentement les yeux, ne sachant pas si je devais lui faire confiance et posai directement mon regard sur sa main devant moi. Dès qu'il vit que mes yeux étaient ouverts, il ouvrit sa main et un joli pendentif était suspendu à une chaîne en argent. Ce collier ne me disait rien du tout alors je posai mon regard un peu tremblant sur l'inconnu à mes côtés en hochant négativement la tête. Je ne comprenais pas grand-chose à ce qui m'arrivait, tout ce que je voulais c'était rentrer chez moi. Revoir ma mère et pleurer dans ses bras, j'avais de plus en plus conscience de ce qui venait de se passer. L'accident était sûrement le plus grave qu'on ait encore jamais eu à Gwangju, la ville devait bien être en état de choc. Petit à petit, je l'étais aussi. Pourtant, je devais essayer de garder les deux pieds sur terre. Me trouvant face au Lord Park, il fallait à tout prix que je reste sur mes gardes.

En voyant que je n'avais aucune réaction face à ce collier, il avait eu un regard tout particulier et de le voir ainsi, ne faisait que valider les jugements des villageois sur sa petite personne. Je n'arrivais pas à décrypter son émotion mais il m'avait regardé de haut en ayant la mâchoire contractée, comme quelqu'un en colère. Mais je n'avais pourtant pas l'impression qu'il l'était, il était étrange. Il détacha son regard de moi et fit fuir ses yeux sur le côté en soupirant. Je vis sa mâchoire se décontracter et sans rien dire de plus, il commença à partir vers la porte de la chambre. Je fus partagée par le fait que j'allais enfin pouvoir être tranquille et que je ne voulais pas me retrouver seule. Qu'est-ce que ça voudrait dire s'il me laissait seule dans cette chambre ? Je voulais partir et rentrer soutenir les parents de mes amis.

- Monsieur Lord Park, l'interpelai-je avant qu'il ne sorte de la chambre.

Il stoppa sa marche mais ne se retourna pas pour autant. Ma voix était un peu tremblante, j'avais peur de comprendre ce qu'il allait se passer.

- Est-ce que vous pouvez me ramener chez moi ou encore appeler ma mère pour la prévenir que je suis ici ?

Lui qui était toujours de dos, daigna tourner la tête vers moi et il avait ce regard, celui qui me laissait comprendre que je pouvais bien espérer. En voyant son petit rictus au coin de ses lèvres, mon corps se figea. Je ne voulais pas que ça se passe ainsi, ce n'était pas possible. Il refit face à la sortie et ouvrit les deux grandes portes pour sortir de la chambre.

- Non attendez ! Vous ne pouvez pas me garder là comme ça ! S'il-vous-plaît, ne faites pas ça...

Les deux portes se refermèrent et la seule chose que je vis dans l'encadrement était son visage. Les portes s'étaient refermées sur son regard sérieux. J'essayai de bouger pour pouvoir sortir du lit mais j'étais beaucoup trop faible, dès le moindre mouvement je pleurais presque de douleur. Je ne pouvais pas le croire, ce qui était en train de m'arriver était complètement irréaliste. Était-ce une séquestration ? Ce n'était pas possible, on ne pouvait pas en être arrivé là ! Pourquoi faire une chose pareille ? Je n'avais rien à lui apporter... Ma panique était de plus en plus grande, je n'arrivais pas à me calmer. Ça ne pouvait pas réellement arriver... Je me sentais comme prise au piège mais malheureusement, ce n'était pas une impression. J'étais sous son emprise et je ne pouvais rien faire. Je ne voyais pas ce qu'il le poussait à faire ça, à part comme tout le monde le disait, il était devenu fou. J'angoissais rien que de penser à ce qui pouvait me faire. Allait-il juste me garder séquestrer ou alors me faire vivre l'enfer ? Dans le monde, il y avait de nombreuses histoires vraies de séquestration mais personne ne pense au fait que cela puisse leur arriver, moi non plus. Surtout maintenant que j'y pensais, ces histoires étaient plus affreuses les unes que les autres. En y réfléchissant bien, j'aurais préféré me noyer que de me retrouver dans les bras de ce détraqué.