Chapitre 37 - Punition divine

118 21 2
                                    


Lunathiel


Dragsyl avait été le berceau du commerce. Sur tout le continent, on connaissait celle-ci comme la ville qui ne cessait de fleurir et de s'épanouir. Elle était la fierté des libérés et les meilleurs d'entre eux naissaient ici. Dragsyl avait vu naître les plus prodigieux libérés, les plus illustres d'entre eux, dont mon père. Les plus grandes familles de nobles avaient, à l'origine, obtenu des terres sur tout le continent, mais la plus belle d'entre elles était la mienne, celle des Veillune.

Veillune était associé à notre terre en retrait de Dragsyl et de ses rues bondées et vivantes. Chez moi, la tranquillité avait toujours été présente. Les veillunes étaient ces myriades de fleurs blanches qui poussaient sur les plaines qui entouraient notre demeure. Il n'y en avait nulle part ailleurs. On disait que c'était là qu'était mort le premier libéré de notre famille et son dragon et qu'en gage de leurs amours et de leurs dévouements sans faille, l'âme matriarche façonna ses fleurs d'elle-même.

Si j'y croyais ? Maintenant que Dragsyl était ravagé par les éléments, tout me semblait possible. J'y croyais par foi, et parce que désormais, je savais que tout était possible. J'avais laissé derrière moi mon foyer. Devant moi s'étendait une mère de flamme ; une terre fendue ; des maisons rasées par les flots ; des êtres, dragons et hommes, dévoraient par des tourbillons. Dragsyl n'avait plus rien de sa beauté d'antan et j'en avais le cœur peiné, mais je ne voulais pas me résoudre à avoir pitié.

Dragsyl, bien que sous l'ordre de Thiel pour ma protection, m'avait caché et arraché au bras du monde, de mon destin. Peut-être aurais-je partagé de telles choses si des responsabilités aussi grandes ne reposait pas sur moi ou alors si madame Asméria et mon frère n'avaient pas décidé de me trahir, mais malheureusement ni l'un ni l'autre n'était le cas. Dragsyl avait décidé de son avenir le jour où j'étais entrain en son sein.

Soudain, un dragon et son libéré se rua sur nous et je m'accrochai fermement aux pics dorsaux de Rob. Ce dernier contra l'attaque qui allait nous tomber dessus en agrippant de ses immenses griffes les pattes de l'autre dragon. Ses crocs se plantèrent dans la gorge de ce dernier et nous nous écroulâmes sur des maisons encore debout. Le dragon poussa un cri effroyable et je vis son libéré, qui avait réussi à sauter de sa bête avant de se faire écraser par lui, se ruer vers Rob.

Bien que je savais que Rob n'avait rien à craindre, mon instinct fut plus fort que tout. Je sautai et me réceptionna au sol, à côté du corps titanesque de mon bien-aimé. Le libéré se jeta sur nous, perdu entre chagrin et colère, et tandis que Rob ôtait la vie au dragon qui se débattait corps et âme, j'évitai la lame de l'humain. Le visage baigné de larmes, il tenta de m'avoir, mais d'une prise agile, je le fis lâcher sa lame et la ramassai avant qu'elle ne tombe. Je n'hésitai pas et l'enfonçai dans son ventre.

Du sang couvrit son ventre et j'enfonçai son épée jusqu'à son pommeau. J'avais été le plus brillant des élèves de l'académie. Personne à Dragsyl ne pouvait me battre, pas un autre qu'un Veillune.

— Je sais que tu as mal, murmurai-je. Ton dragon te rejoindra rapidement. Vos âmes ne resteront pas longtemps séparées.

Je tournai la lame et la ressortis brutalement. Le garçon tomba et au même instant, des pics rocailleux traversèrent le corps du dragon. J'observai la scène avec une certaine mélancolie qui m'était encore inconnue. Je n'osai imaginer perdre Rob. Et puis, c'était la première fois que je tuais quelqu'un, mais je n'avais pas le droit d'hésiter ni d'avoir peur. Rob n'avait pas hésité une seule seconde pour moi. Rob avait tué pour moi, quelqu'un de puissant qui plus est.

L'ÉPOPÉE - LUNATHIEL (BL/TERMINÉE)Onde histórias criam vida. Descubra agora