Chapitre 18 - Fous

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Rob


Je me sentais si coupable. Je pesais mes pensées afin qu'elle ne gêne pas Lunathiel qui se blottissait contre ma poitrine. J'étais terrifié à l'idée qu'il entende à quoi je réfléchissais, mais c'était plus fort que moi. Je n'arrivais pas à rester tranquille. Ma tête fourmillait de chose à dire, mais Lunathiel m'avait formellement interdit de lui dire maintenant. Est-ce que lui aussi avait peur de comment il pourrait agir ? Est-ce qu'il pensait que notre... « relation » ne pourrait pas tenir le poids de mes secrets ?

Je ne voulais pas perdre mon bel ange, mais pour parler de perte, il fallait avoir possédé. Je devais me remettre continuellement à ma place, résister et ne pas me faire emporter par mes pauvres espérances quant à ce qui pourrait nous lier. Qu'espérait-il réellement de moi ? Je voulais lui demander, mais, et si la réponse me pourfendait le cœur ? Serais-je alors capable de me relever ? J'avais peur de sa réponse, peur de mon chagrin, peur de bien des choses, alors je me raccrochais à quelque chose de réel.

Lunathiel était dans mes bras pour le moment et cela me suffisait. Je refermai un peu plus mes bras autour de lui et dans la pénombre de cette caverne illuminait par de vieilles girandoles, je pus discerner ses mains blessées. Oh, j'avais bien fait mon maximum pour le soigner. J'avais utilisé une magie draconienne mineure pour transformer la terre en un remède pour ses plaies, et ce, après avoir nettoyé le sang et les impuretés avec l'eau de la mer qui s'engouffrait un peu sous la pierre.

Il faisait froid ici. L'humidité de l'extérieur restait cloisonnée ici et rendait les murs luisants. Lunathiel aurait été glacé si je ne le couvrais pas de ma chaleur. Je ne voulais pas qu'il arrive malade chez... Enfin, ce n'était pas encore le sujet comme il me l'avait si bien dit. Je préférais profiter, comme lui, de notre doux cocon, même si ce dernier était dans le déni des derniers évènements. Tous ses souhaits m'iraient et deviendraient réalité si telle en était son désir.

— C'est ce son, soupira-t-il d'aise, c'est à ça que ressemble ta voix.

Son souffle caressa mon avant-bras et je frissonnai, impuissant quant à se qu'il réveillait en moi. Puis, je tendis l'oreille. On entendait le plus gros des vagues s'écrasaient contre les roches à l'extérieur, mais l'eau qui parvenait à rentrer causait un bruit sourd en rentrant et se retirant et il résonnait dans toute cette immense grotte. Je fus profondément touché en le voyant fermer les yeux pour en savourer chaque note. Cela fit gonfler mon cœur de bonheur.

— Comment dois-je t'appeler ? demanda-t-il soudainement.

Oh. Alors nous allions finalement en parler ?

— Là d'où je viens, il est courant d'avoir plusieurs noms. À notre naissance, nos parents nous baptisent avec la langue d'origine. Vous souvenez-vous de la Redorance ? Lorsque je suis venu au monde, je portais le nom d'Æri.

Il ouvrit les yeux et braqua son regard sur moi. Je baissai les yeux, profondément honteux de lui avoir menti dans les yeux jusque là.

— J'ai grandi par delà la mer. Là-bas, lorsque l'enfant a suffisamment de contrôle sur ses réflexions, il lui ai donné le droit de choisir un nom. Je me suis alors appelé « Robegon ». Cependant, lorsque ma mission me fut été alloué, ce nom ne convenait plus. J'ai grondé mon nom aux esprits de Dragsyl pour qu'ainsi on appelle le dragon « Egon » et moi, simple humain bâti comme un dragon, ne serait que « Rob ».

— Merci de ne pas te perdre dans ton histoire et de ne répondre qu'à ma question sans en soulever des dizaines d'autres. C'est tout ce que je te demanderais. Lorsque nous serons... chez toi, je suppose, alors je te demanderais de me raconter.

L'ÉPOPÉE - LUNATHIEL (BL/TERMINÉE)Onde histórias criam vida. Descubra agora