L'ÉPOPÉE - LUNATHIEL (BL/TERMINÉE)

Chapitre 25 - Les doutes

Lunathiel 

Moi ? Sent Equin ? Comment est-ce que cela pouvait seulement être possible au final ? Pourtant, imaginer Rob me mentir était impossible, alors j'y croyais. Aussi improbable que ça l'était, j'y croyais. Même si je ne sentais rien ; même si rien depuis ma plus tendre enfance ne m'avait fait pensé qu'en moi pouvait se trouver l'âme matriarche, je croyais en ses paroles parce qu'à moi, il ne m'avait jamais donné de raison de douter de lui. Qu'il soit Rob ou Egon, c'était la même chose pour moi.

— Je ne sens rien. Je n'ai jamais rien senti.

— Je ne sais pas réellement comment est l'âme matriarche. Je ne sais pas si vous auriez dû ressentir quelque chose. Je pense qu'elle est là et qu'elle n'a nullement besoin de se manifester pour prouver qu'elle existe apaisa Rob.

— Et Sent... et ce dragon que tout Dragsyl appelait Sent Equin ? Ce dragon que j'ai désiré et pour qui on m'a fait grandir dans l'excellence ?

— Il était bien le frère de la reine Thiel. Peu de personnes savaient la vérité selon nos recherches. Votre « famille » et Asméria le savaient. Ils ont agi avec l'accord de notre reine. Le frère de cette dernière n'était qu'un leurre pour la foule.

Alors, mon frère et mon père l'avaient su ? Et Erasse m'avait quand même accusé du meurtre de notre père ?

— Si Erasse savait que j'étais... si important, alors pourquoi m'a-t-il accusé d'une telle horreur ? Je n'aurais jamais levé la main sur notre père.

Penser à cela me laissait un goût amer en bouche. Ma poitrine se serrait à intervalle régulier, menaçant de briser mon cœur encore un peu plus. Ses pulsations douloureuses étaient telles des lances aiguisées et meurtrières dont la pointe m'écorchait encore et encore, souvent au même endroit pour que la sensation soit plus horrible et puissante encore.

— Il a dû sentir que l'entreprise de Dragsyl sur vous s'étioler. Il fallait trouver un moyen de vous retenir, même de force. Vous perdre, c'était réduire à néant le travail de Thiel, mais ici, vous n'avez rien à craindre ! s'empressa-t-il d'ajouter.

Rien à craindre ? Parce que Rob était là, mais je n'oubliais pas que j'étais dans le fief de l'ennemi. De... l'ennemi ? Non, qui était réellement l'ennemi finalement ? En quoi je devais croire ? Pour quoi je devais me battre ? Toutes mes croyances, tout ce en quoi on m'avait dit de croire était un mensonge. Est-ce que j'avais seulement quelque chose à faire ? Est-ce que j'allais devoir perpétuer la lignée des dragons, comme Thiel avant moi et d'autres avant elles ?

— Et maintenant ? osai-je demander la bouche pâteuse. Tu me dis tout cela, mais, et maintenant ? Qu'est-ce que je dois faire ? Que me reste-t-il à faire au final ?

Il m'accorda un regard perdu et je me relevai pour m'éloigner de lui. Comment est-ce que j'étais censé réagir face à toutes ces révélations ? Je devais m'énerver ou accepter calmement ? Peut-être que les partisans d'Arkya avaient menti à Rob et que Rob, naïf, avait cru à tout cela ? Non. Rob avait dit avoir vu tout ça.

— Est-ce que tu m'as utilisé ? Est-ce que tu me mens depuis le début sur tes sentiments ? Est-ce que tu as juste dit ce que je rêvais d'entendre de ta part ? Est-ce que j'ai été le seul à ressentir réellement cet amour ?

Rob se releva comme si le banc l'avait brûlé et il se rua vers moi. Il saisit mes mains et les serra dans les siennes. Je n'avais pas voulu douter de lui, mais j'avais tellement de mal à croire que j'étais Sent Equin. Ce n'était pas mieux de douter de lui, car je ne le faisais pas réellement. Je savais ce qu'il me répondrait, mais j'avais besoin d'être rassuré et de voir la vérité reflétait dans ses yeux.