Chapitre 12 - L'histoire d'Arkya

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Rob


La porte d'une des cellules en face de moi s'ouvrit à nouveau et un enfant y fut poussé sans ménagement. Je lançai un regard mauvais au libéré. Il n'y avait pas besoin de violence dans ce cas-ci. Ce n'était qu'un enfant. Il ne pouvait pas faire grand-chose pour se défendre alors, user d'une force quelconque contre lui n'était que ridiculement inutile. Il finit par s'en aller, non sans soutenir mon regard et claqua fermement la porte qui nous séparaient des libérés.

Ma tante s'accroupit au bord de la cellule et se pencha, morceau de pain en main pour le tendre à l'enfant. Il tendit difficilement son bras et le prit avec des sanglots. Ma tante et mon oncle avaient aussi été enfermés. À vrai dire, c'était des familles entières qui étaient maintenues prisonnières. Si un membre était soupçonné, il était naturel que toute la famille puisse représenter un danger. Même des enfants qui savaient tous juste comme s'essuyer le nez.

Dragsyl punissait ceux qui pouvaient disparaître sans porter atteinte à sa belle image. C'était facile pour eux de se débarrasser de nous puis de trouver de nouveaux forgerons, de nouveaux fermiers qui pourront, comme nous, être sacrifiés un jour. Pour la plupart d'entre eux, leurs apparences n'avaient rien de draconique, mais elles étaient suffisamment « spécial » pour attirer l'attention. Bien sûr, s'ils battaient le fer chaque jour, s'ils s'attelaient à rendre leurs terres fertiles ou fauchaient les herbes, il était certain que leurs corps se développeraient avec l'effort.

Mon cas était peut-être différent. J'étais le candidat idéal. J'étais plus grand n'importe qui ici, plus fort aussi. Ça n'avait été qu'une question de temps, depuis toujours.

— Pourquoi... pourquoi ils font ça ? s'enquit une jeune femme. Ils m'ont dit que j'étais soupçonné de trahison, mais je n'ai jamais rien fait !

— Parce qu'ils ont besoin de coupable sacrifiable pour apaiser le peuple. Personne chez les nobles ne vous pleurera, n'est-ce pas ? Comme chacun de nous. L'effort est celui qui vous a rendu fort et il est celui qui vous a conduit ici, expliquai-je.

— Non ! C'est l'Ordre qui nous a conduits ici ! gronda un homme.

Je soufflai bruyamment. Mon oncle me prévint du regard de me taire, mais voir cet homme accuser l'Ordre pour quelque chose dont Dragsyl était coupable était irritant. Personne n'avait mis un couteau sous la gorge de madame Asméria pour arrêter des innocents, des familles, des enfants. Cette façon de faire avait été utilisée dans le passé et elle avait fonctionné, alors pourquoi changer ? Condamner des innocents pour le bien des libérés, il n'y avait que ça d'important.

— C'est une bêtise de penser que l'Ordre est coupable de ça. Ils ont été coupables de bien des choses, mais pas de ça. Vous ne pouvez que vous en prendre à la faiblesse de madame Asméria, à la beauté que Dragsyl a toujours montrée au reste du monde, répliquai-je.

— Pourquoi défends-tu l'Ordre ?! Tu es un traitre, c'est ça ?!

— Je ne trahirais jamais ma maison et c'est bien pour cela que je vous expose les faits.

Je ne doutais pas que si cet homme n'avait pas été dans une autre cellule, il m'avait déjà sauté à la gorge et ça avait été mentir de dire que je ne trouvais pas ça ridicule. Cela faisait bien des heures que j'étais coincé ici et chaque heure, une nouvelle famille ou un nouvel individu venaient se mêler à nous. Je pouvais parier que la plupart d'entre eux ne savaient pas grand-chose sur l'Ordre, juste ce que Dragsyl acceptait de leur montrer.

— Est-ce que... est-ce l'Ordre va nous tuer ? bégaya l'enfant.

— Pas l'Ordre, mais Dragsyl nous exécutera si vos arguments ne conviennent pas. La dernière fois que des gens ont été sacrifiés, rien de ce qu'ils ont pu dire n'allait.

L'ÉPOPÉE - LUNATHIEL (BL/TERMINÉE)Where stories live. Discover now