Chapitre 2 - L'auberge de madame Eseul

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Les chapitres seront publiés tous les mercredis (et plus les samedis).

Rob

Je tendis la hache et l'abattis violemment sous le bois qui éclata sous ma force. Je pris le dernier rondin, le mis en place et le brisa une nouvelle fois avec la lame.

— Eh ! Rob, quand t'auras fini avec ça, va donc donner ça au vieux Octer. Qu'il nous donne un bon truc en échange !

Je détaillai la carcasse d'animal que mon oncle venait de laisser tomber de sa pauvre monture épuisée. Je passai une main sur mon front, chassant la sueur due à l'effort. Je grimaçai. Je sentais fort.

— Demain c'est la Quintessence, traîne pas trop en ville. T'pourrais te frotter à ces sangs bleus là ! Quand tu rentreras, tu t'occuperas des moutons, bougonna-t-il en claquant la porte de la maison.

— Je travaille ce soir aussi mon oncle, précisai-je.

Je me penchai pour ramasser les bois pour l'hiver et les mis dans le chariot afin de les transporter avec le reste. Je les empilai avant de retourner près des écuries. J'ouvris l'eau qui servait à abreuver les chevaux et y rinça mon visage ainsi que mes bras. Je frissonnai à la fraîcheur du temps et enfilai ma vieille veste laissée à l'abandon le temps du travail. Je me dirigeai ensuite vers l'un de nos chevaux et le préparai à être monté. Je pris le plus robuste afin qu'il puisse supporter la carcasse du bison ainsi que mon poids qui n'était pas moindre. Je pris par la suite ses rênes en main et la tirai jusqu'au-devant de la maison afin d'attacher solidement la bête morte.

— Oh, ton oncle t'a encore donné du travail à faire hein ?

Je me tournai vers ma tante et lui offris un sourire tandis qu'elle sortait un vieux tissu de ses vêtements afin de frotter les impuretés ou alors sécher l'eau sur mon visage. Je saisis ces poignets afin de la faire arrêter en douceur.

— Je dois aller en ville voir le vieux Octer.

— Je ne te retiens pas plus alors !

Je me penchai vers le bison mort et le soulevait. La bête pesait lourd ! Je la déposai sur mon cheval non sans effort. À l'aide d'une corde prévue à cet effet, j'attachai la carcasse solidement avec des nœuds maîtrisés. Il fallait éviter qu'elle tombe sur le chemin, avec ces derniers jours de pluie, le sol était boueux. Je grimpai sur ma monture qui hennit. J'imaginai bien que mes kilos avec ceux de la belle chasse de mon oncle ne devaient pas être une partie de plaisir.

Ma tante me souhaita un bon chemin et je la saluai chaleureusement avant de me mettre aux trots. Nous n'habitions pas loin de la ville, tout juste à quelques minutes de cette dernière dues à l'espace que prenait nos terres. Les rues allaient être bondées de voyageurs, d'habitants et même de nobles plus tardivement qui viendraient fêter leurs nouveaux statuts de futurs libérés. 

C'était ainsi qu'ils se qualifiaient en tant que nouveaux cavaliers. Devenir la paire d'un dragon s'était être libre de bien des façons. C'était la raison de vivre des nobles. Quelques paysans avaient cette opportunité, mais ils ne passaient pas par l'académie de madame Asméria. Il trouvait un moyen digne d'un marché noir.

Demain, ce serait pire encore. Dès lors que le « grand » Sent Equin aurait choisi sa paire, le monde entier serait chamboulé. Le plus grand prétendant n'était autre que Lunathiel. Il était un noble de Veillune, la première demeure ayant abritait un membre avec le titre de libéré. Et de sa famille, il était le plus charismatique. Oh, c'était moi qui le disais, mais beaucoup d'autres le pensaient. Le père de Lunathiel, Ofdar, et son frère, Erasse, ne lui arrivait pas à la cheville. C'était un fait. Il accordait une attention particulière aux liens avec autrui et il était le seul des Veillune à considérer le petit peuple.

L'ÉPOPÉE - LUNATHIEL (BL/TERMINÉE)Where stories live. Discover now