Chapitre 35 - Un acte d'amour

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Lunathiel


J'étais perturbé par ce que j'avais pu ressentir lors de l'adieu à Arkya. C'était maintenant que je le ressentais le plus. Je n'étais plus juste Lunathiel de Veillune, mais j'étais bien Sent Equin IV. Je portais en moi l'âme matriarche. Aujourd'hui, je n'avais pas dit adieu au dragon que j'avais considéré lâche quant à son choix de tuer un enfant et qui avait été contre ma volonté, non. Je n'avais été qu'un parent qui avait dit adieu à l'un de ses enfants et cela me bouleversait.

Alors, faisant fi du brouhaha de l'extérieur, je me réfugiais dans la salle qu'Arkya avait tant utilisée. Je laissai mes doigts courir sur ce trône de bois des plus beaux et d'un soupir las, je vins m'y asseoir. J'aurais dû éprouver une profonde satisfaction d'y être puisque je l'avais désiré, mais mon cœur n'était pas à la fête. J'avais ma raison, qui représentait Lunathiel et mon cœur qui n'était autre que l'âme matriarche. J'étais déchiré entre joie et doux chagrin.

Je n'étais pas triste d'avoir dis adieu à Arkya, c'était tellement plus que ça. Il était parti rejoindre les autres qui, avant lui, avaient rendu leurs flammes. Arkya, comme eux tous, reposait dans un lieu qui m'appartenait désormais et aucun d'eux ne m'avait véritablement quitté. Non, c'était de la mélancolie. Ma raison s'accrochait encore au fait que je n'avais pas véritablement connu Arkya, mais mon cœur comprenait que si, d'une autre façon, dans un autre corps, je l'avais connu.

Je me relevai, délaissant l'assise afin de gagner la salle dérobée derrière celle-ci. La pièce s'ouvrit et me dévoila à nouveau ses secrets : toutes ses fresques de chacune des vies des Sent Equin et finalement, celle de mon premier né, Merarna. Mon regard s'arrêta sur ce dernier et je souris, profondément heureux qu'un jour vienne où je donnerais vie à cet être. L'amour que je ressentais pour lui, ou du moins pour ce portrait pour le moment était bien plus puissant que ce que mon cœur ressentait pour tous les autres.

Pourtant, je dus couper court à ma contemplation. Mes yeux furent attirés par mon histoire et une profonde surprise terrassa mon être tant elle fut inattendue. Qu'est-ce que... cela pouvait bien vouloir dire ? Je redessinai cette fresque du regard, le palpitant lourd et pourtant fou. Je traçai le corps et le visage de Rob, mon dragon, qui ôtait la vie à Arkya. Je reculai de quelques pas sous le choc et la fresque peignit à nouveau des peintures. On m'y voyait, faisant face à Rob.

Je me retournai donc hâtivement pour découvrir mon beau dragon, l'air profondément confus et stressé, qui se trouvait à plusieurs pas de moi. Il tenta de s'approcher, mais je reculai. Mon doux Rob avait... tué quelqu'un ? Il avait été celui qui avait rendu hommage à Arkya ! Je n'avais rien vu... comment avais-je pu ne rien voir ?! Je relevai la tête vers lui, espérant avoir des explications.

— Rob... tu..., bégayai-je.

— Je... je peux tout t'expliquer ! Pitié, écoute-moi !

— Tu as... tué Arkya.

Un souffle paniqué lui échappa et il passa nerveusement ses mains contre sa nuque avant de planter son regard dans le mien.

— Il... il voulait tué ton premier né... notre premier né. Il menaçait ton rôle. Il entravait tes décisions et tu... tu étais enchaîné à lui jusqu'à maintenant parce que tu ne voulais pas éveiller ses doutes ! Tu ne pouvais rien faire de ce que tu désirais vraiment.

— Alors... alors tu l'as tué ?!

Il recula, l'air peiné.

— Ce n'était plus le dragon que j'ai connu. Il était devenu lâche. Lunathiel, l'âme matriarche est notre mère à tous. C'est à elle, à toi, que nous devons la vie. Comment Arkya pouvait-il se permettre de réfuter sa décision ? Merarna doit naître. Il a de grands desseins qui l'attendent. Arkya... Arkya piétinait nos croyances et ta volonté.

L'ÉPOPÉE - LUNATHIEL (BL/TERMINÉE)Where stories live. Discover now