Nouvelle chance

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    En passant la porte de chez elle, Chrissy observa attentivement les horizons de son couloir pour s'assurer qu'elle n'était pas attendue fortuitement par sa mère, se rassurant en ne la trouvant pas présente. Elle avait été inquiétée de rentrer à la maison après le moment qu'elle s'était accordée à passer avec Eddie, redoutant d'avoir été vue ou entendue par quelqu'un dont elle n'avait pas requis l'attention dans un premier lieu et que cette personne en ait informé sa maman. Visiblement ça n'avait pas été le cas aujourd'hui, et s'en était tant mieux pour elle. Ça ou bien le fait qu'elle ait été commandée de rentrer plus tôt chez elle par l'infirmière lui ait permit d'esquiver l'autre harpie. Elle referma donc la porte derrière elle sans un bruit, filant sur la pointe des pieds jusqu'à sa chambre où elle y lâcha son sac avant de s'effondrer sur son lit.
     La jeune fille poussa un profond soupire, repensant encore aux éléments chamboulant de cet après-midi. Elle était lamentablement tombée dans les pommes car elle n'avait pas assez mangé, mais en même temps cet incident l'avait amené à pouvoir se libérer de ses interdits le temps d'un instant avec Eddie. Rien que de repenser à ce baiser qu'ils avaient partagés, la jeune fille en souriait jusqu'aux oreilles. Elle qui croyait ne plus jamais pouvoir exprimer ce qu'elle ressentait pour le jeune homme, elle qui pensait que son punk avait réussi à passer à autre chose et à accepter la situation telle qu'elle était, elle qui pensait que ses amis du Hellfire l'avaient oublié.. Tout ça, elle n'en avait plus la moindre crainte. Chacun d'entre eux attendait son retour, et elle rêvait du jour où cela arriverait. 
     Chrissy posa ses doigts sur ses lèvres, les caressant du bout de l'emprunte en se rappelant de chaque sensation qu'elle avait eu lorsqu'elle avait embrassé Eddie. Comment une action aussi simple pouvait-elle lui faire ressentir autant de choses? Son cœur s'emballait dans sa poitrine et des picotements d'excitations venaient déranger tout son corps qu'elle tentait pourtant de contrôler. Son désir était toujours aussi fort que lorsqu'elle fantasmait encore une relation inexistante entre elle et le garçon, et elle se sentait à la limite de saliver rien qu'en pensant aux mains du punk pressant son dos entre elles. Ce qu'elle aurait aimé pouvoir s'enfermer dans un peu de musique pour sublimer cette vague délicieuse qui courait tout au long de sa peau.
     Mais alors qu'elle s'apprêtait à mettre fin à son calvaire en laissant sa main se glisser sous ses vêtements, une course dans les escaliers accompagnée de rires la tira de ses songes. La jeune fille se redressa, fronçant les sourcils avec intrigue. Il y avait donc quelqu'un chez elle finalement? Apparemment même, plusieurs personnes. A en croire le bazar qui se jouait au travers de sa porte, ils étaient deux. La pompom girl sauta de son lit, avançant à pas de loups jusqu'à celle-ci pour l'entre-ouvrir et sortir de là dans la plus grande des discrétions. La demoiselle se pencha dans l'escalier en tentant de ne pas se faire voir, apercevant la porte de là où elle se trouvait.
     Chrissy dû retenir un cri de surprise en découvrant sa mère qui se lovait visiblement dans les bras d'un homme qui n'était absolument pas son père. Les deux amants s'embrassaient et riaient ensemble comme des enfants, se cherchant à coups de baisers dans le cou et de caresses mal placées. La jeune fille s'accroupit au sol pour essayer de ne pas flancher sous le choc, ne voulant pas perdre une miette de la trahison dont elle se trouvait témoin malgré elle. L'homme éleva la voix.

     - Oh Laura tu me fais me sentir comme à mes vingt ans.
     - Arrêtes Bob.. Tu crois pouvoir me flatter avec de telles paroles?
     - Je crois pouvoir te flatter avec bien moins que ça ma douce, douce reine.
     - Ce que tu peux être incorrigible..

     Ils rirent encore ensemble, se berçant de bras en bras tout en jouant un espèce de rituel de séduction dont ils semblaient vouloir faire semblant de ne pas jouer. Puis  finalement, la mère de Chrissy embrassa la joue de ce Bob et le poussa vers la porte.

     - Allez file avant que ma fille ou mon mari ne rentrent.
     - D'accord, alors quand est-ce qu'on se revoit?
     - Demain? Ma fille a cours jusqu'à cinq heures, et mon mari ne rentre que vers sept. 
     - Alors je serai là pour deux. Au revoir, ma douce.
     - Vas-t'en, coquin.

Side by side with the DevilWhere stories live. Discover now