Chapitre 35 : Joyeux anniversaire

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Ses amis arrivèrent pour sa fête d'anniversaire pile à l'heure. En fait ils trépignaient devant la porte d'entrée depuis cinq bonnes minutes quand Wilhelm alla vérifier si quelqu'un s'y trouvait, surpris que personne ne se manifeste alors qu'il avait entendu une voiture s'arrêter brièvement devant la maison avant de repartir par le portail laissé ouvert pour l'occasion. Ils n'avaient pas sonné pour mieux le surprendre quand il les trouverait sur le seuil, aussi immatures que des enfants de trois ans.
La maison embaumait le gâteau. Il avait passé la matinée derrière les fourneaux avec Thérance pour préparer le nécessaire aux deux fêtes. Wilhelm les installa dans le salon, plus intime que la grande salle à manger trop vaste pour leur petit groupe. Il ne manquait qu'Ophélia, un peu en retard. Violaine poussa un sifflement d'admiration teinté de moquerie en admirant les meubles et la décoration.
- On a de l'argent chez les Rosenwald.
- Mes grands-parents ont de l'argent : la maison est à eux. Celle que nous possédions avant était plus modeste, expliqua-t-il pour sa défense.
Il apporta des cookies tout juste sortis du four et des bouteilles de soda. Thérance salua ses amis par politesse puis se retira vite en cuisine. Ils parlèrent du lycée et de la pluie d'évaluations qui leur était tombée sur la tête avant les vacances. Wilhelm estimait avoir bien réussi, contrairement à Blaise qui se plaignait.
- Tu n'avais qu'à réviser plus au lieu d'aller traîner dehors, le réprimanda Violaine.
- Je révise mais j'ai besoin de pauses ! Et parfois elles s'éternisent un peu. Ce que je voudrais surtout, c'est que les professeurs se calment un peu et répartissent mieux les contrôles. Six en quatre jours, c'est insoutenable !
- Ça fait beaucoup à retenir, l'appuya Silvana. Ainsi que peu de temps pour se tourner vers d'autres occupations...
Ils abandonnèrent l'idée de parler du lycée pour jouer aux cartes. Ophélia arriva alors que Blaise venait juste de piocher le pouilleux dans le jeu de Wilhelm. C'est Thérance qui lui ouvrit et Wilhelm faillit lâcher ses cartes quand elle s'avança dans le salon. La jeune femme était sur son trente-et-un.
Ses cheveux habituellement en chignon cascadaient librement sur ses épaules et dans son dos. Deux petites tresses partaient de ses tempes et finissaient attachées à l'arrière de son crâne. Sa robe bordeaux dénudait ses épaules et s'évasait à partir de la taille jusqu'à ses genoux. Elle l'avait assorti d'une paire de talons noirs et d'un maquillage discret mais élégant.
- Ferme la bouche : tu vas gober les mouches, murmura Violaine à Wilhelm.
Ophélia rougit devant leurs regards scrutateurs.
- Je suis désolée pour le retard. Je n'arrivais plus à mettre la main sur ton cadeau.
- Ce n'est rien, lui assura Wilhelm. Viens t'asseoir avec nous. Qu'est-ce que tu veux boire ?
Ils reprirent leur petite fête avec une série de jeux jusqu'à ce que Blaise commence à chanter avec une voix de fausset sur la musique que Violaine venait de lancer sur son portable.
- Tu vas faire saigner mes tympans, se plaignit la jeune femme.
- Dire qu'il faisait beau aujourd'hui, soupira Silvana.
- Hé ! Je le fais exprès ! En temps normal j'ai une très belle voix ! s'indigna Blaise. Laisse-moi mettre une chanson digne de ce nom et vous verrez tous ce que je vaux !
Quand il ne faisait pas l'imbécile, le dragon possédait effectivement une voix incroyable. Wilhelm jura de ne plus le chambrer à ce propos, captivé. Les filles défièrent Blaise dans un karaoké improvisé. Elles étaient drôles toutes les trois. La voix de Silvana s'entendait à peine, Violaine hurlait plus qu'elle ne chantait et les fausses notes d'Ophélia n'arrangeaient rien. Blaise força Wilhelm à se ranger de son côté. Il détestait le chant mais il se prêta au jeu pour faire plaisir à ses amis et découvrit qu'il chantait aussi mal qu'Ophélia.
Ils étaient à bout de souffle quand ils s'arrêtèrent enfin. La quantité de boisson se réduisit drastiquement et « ding » en provenance de la cuisine annonça à Wilhelm que son gâteau venait de finir de cuire. C'était un simple fondant au chocolat, son préféré mais aussi celui de Thérance, un de leurs rares points communs. Son jumeau l'apporta, piqué de bougies dégoulinantes de cire, et entonna joyeux anniversaire. Wilhelm se frappa le front du plat de la main. C'était vraiment nécessaire ? Il n'avait plus trois ans ! Ses amis imitèrent son jumeau avec entrain, l'esprit plus festif que le sien.
Wilhelm se rendit compte que c'était la première fois qu'il fêtait son anniversaire avec des amis et sans son père. Avant ils étaient un trio : Jonas, Thérance et Wilhelm. Ils mangeaient le gâteau, ouvraient les cadeaux, allaient se promener au parc et regardaient le film de leur choix le soir en mangeant de la pizza maison. Au milieu des festivités, l'absence de son père se fit sentir et son cœur se serra.
Il conserva un visage souriant mais un peu crispé. Il finissait à peine sa part de gâteau que son jumeau et Blaise brandissaient déjà leur cadeau sous son nez.
- Ouvre le mien ! dit son frère.
- Non, le mien d'abord !
Il en sélectionna un au hasard pour ne pas créer de rivalité. La chance désigna celui de Thérance. Sous le papier cadeau se cachait un roman, le dernier tome d'une série que Wilhelm affectionnait. Son frère n'ignorait pas qu'un livre, un cadeau classique pour un mordu de littérature comme Wilhelm, figurait néanmoins au sommet de la liste mentale de ses envies. Il remercia son jumeau et ouvrit celui de Blaise qui s'impatientait. Et, ô surprise, il s'agissait encore d'un livre. Mais quand Wilhelm l'ouvrit il le découvrit vide, à l'exception de la première page. Une note de Blaise était collée sur la couverture.
C'est un livre magique. Il a besoin d'encre et de mots tendres pour révéler la suite de l'histoire. Soigne-le bien et tu pourras le lire ! Le mode d'emploi est détaillé au début.
Wilhelm haussa un sourcil. Son ami observait sa réaction, hilare. Un genre de livre de compagnie ? Comme un chat ou un chien mais version papier ? Wilhelm mourrait d'envie d'en savoir plus mais se contenta de remercier Blaise pour ne pas éveiller les soupçons de son jumeau qui regardait le livre avec perplexité. Ce dernier s'esquiva un instant en cuisine en sentant une odeur de brûlé. Silvana et Violaine en profitèrent pour offrir leur présent. Dans les deux cas, il s'agissait d'un coffret en bois qui renfermait trois flacons pas plus haut que cinq centimètres.
Les premiers, ceux de Silvana, abritaient une lueur blanche et diffuse qui pulsait comme un cœur et étaient chauds au toucher.
Les seconds, ceux de Violaine, emprisonnaient une brume noire avec des nuances de mauve qui tournoyait furieusement en frappant de temps à autre contre les parois de verre, comme si elle essayait de s'enfuir en déployant toute sa rage.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il avec un intérêt non dissimulé.
- De la vie, répondit Silvana en désignant ses fioles.
Vraiment ?! s'écria Wilhelm en son for intérieur. Il se rappela que Silvana prélevait les dernières étincelles de vie chez les défunts pour les conserver précieusement et qu'elle maniait la magie des morts avec autant de naturel que si elle respirait. C'est grâce à elles qu'elle avait rendu la vie à la petite sœur de Philibert. Il n'avait pas imaginé qu'elle lui ferrait cadeau de certains de ces fragments.
- Les miens sont des malédictions en bouteille, expliqua Violaine.
Ils écarquillèrent tous les yeux avec un mouvement de recul. Face à la terreur du groupe, la jeune femme s'empressa d'ajouter :
- Elles ne sont pas permanentes ni offensives. Si tu en ouvres une sur quelqu'un, il risque juste de se prendre pour un âne ou une poule l'espace de quelques heures.
Il imagina Séraphin en train de caqueter : ce cadeau était une excellente idée. Il referma les coffrets avant le retour de son frère et remercia ses amies. Alors qu'il ignorait précisément qui pouvait bien être Violaine dans ses contes, sa piste se confirmait. Dans La lanceuse de malédictions, l'héroïne s'avérait être une petite fille surnommée Brune à cause de sa chevelure. À l'instar de Violaine, elle pouvait créer des malédictions qui allaient du petit désagrément cocasse mais éphémère à la torture perpétuelle. Il se promit de vérifier pour en avoir le cœur net.
Il ne restait plus que le cadeau d'Ophélia.
- Il n'est pas magique mais j'espère qu'il va te plaire quand même...
Il la rassura d'un sourire et ouvrit le papier cadeau avec mille précautions. Un stylo plume métallisé bleu outremer reposait dans un écrin. Sa tête fine brillait, telle une invitation discrète à l'utiliser.
- Comme tu aimes écrire je me suis dit que ça te ferait plaisir, murmura Ophélia.
- Il est parfait, dit-il avec sincérité.
Il se voyait déjà rédiger des dizaines et des dizaines de pages avec. Il décida de ne l'utiliser que pour la rédaction de ses contes afin de ne pas l'user en prenant des notes de cours rasoirs et indignes d'un outil de travail aussi parfait. Il rangea ses présents dans sa chambre avant que Thérance essaie de fouiner dedans.
Ses amis insistèrent pour aller prendre l'air dans les grands jardins et profiter du temps encore clément en ce début d'automne. Ils jouèrent à cache-cache et à chat comme des enfants alors que Wilhelm était persuadé que ces jeux puérils n'étaient plus de son âge. Entraîné par ses amis, il oublia sa maturité le temps d'un après-midi pour renouer avec une insouciance candide perdue depuis longtemps. Même Thérance se joignit à eux. Ils s'amusèrent jusqu'à ce que madame Jones vienne chercher ses enfants adoptifs. Wilhelm confia à ses amis deux parts de gâteau pour qu'ils les remettent à leur joviale famille d'accueil.
- Tes amis sont sympathiques finalement, déclara Thérance alors que la voiture franchissait le portail. Ils savent profiter de la vie, à leur manière.
- Ils l'ont toujours été, répondit Wilhelm. Tu devrais te faire ton propre avis au lieu de te laisser influencer par celui des autres.
Son jumeau lui fit le plaisir de ne pas répliquer. Wilhelm lui prêta main forte pour préparer sa propre soirée d'anniversaire, épaulé par Ophélia. Ils installèrent de longues tables sur la terrasse à l'arrière de la maison. Le frigo était plein à craquer d'apéritifs : roulés au fromage et au jambon, tomates cerises, pizza froide coupée en carrés...Une armée de paquets de chips et de bouteilles d'alcool attendaient leur heure de gloire sur la table de la cuisine. Ils préparèrent un punch corsé et déplacèrent la chaîne hi-fi de Thérance sur la terrasse. Pendant que son jumeau se changeait, Ophélia et Wilhelm portèrent les saladiers et les plateaux d'apéritifs sur les tables avec les gobelets et les assiettes en plastique.
- Tu vas rester comme ça pour ce soir ? l'interrogea Ophélia.
- Ce soir je vais rester sagement dans ma chambre.
- Oh, fit la jeune femme. Je pensais...En fait je croyais que tu allais participer. Je vais me sentir seule. Tous les autres aiment bien boire alors que je ne supporte pas l'alcool. Ils finissent toujours par s'amuser dans leur coin. Ce n'est jamais très divertissant d'être la seule personne sobre.
Il faillit lui dire de le rejoindre dans sa chambre mais Ophélia était aussi une invitée de son frère. Elle ne pouvait pas s'éclipser pour se cacher toute la soirée avec lui. Les autres jaseraient. Il n'avait pas envie de côtoyer les amis de Thérance mais il ferait une exception, pour Ophélia et son jumeau.
- Très bien, céda-t-il. Je reviens.
Il s'enferma dans sa chambre le temps d'enfiler le costume noir que sa tante lui avait acheté pour son anniversaire. Il coiffa un peu ses cheveux vers l'arrière en les fixant avec de la cire. Il troqua ses vieilles converses contre une paire de chaussures qu'il ne portait que pour les grandes occasions.
Il saisit aussi le paquet fait maison et très mal emballé qui contenait le cadeau d'Ophélia. C'était le moment où jamais pour le lui offrir ! Quand il descendit, la jeune femme le détailla de la tête aux pieds avant de rougir. Le sang lui monta aux joues aussi et il détourna la tête.
- J'ai l'impression de porter un déguisement, grommela-t-il.
- Je trouve qu'il épouse parfaitement tes formes, bredouilla Ophélia.
Dis comme ça...Il se planta face à la jeune femme et lui tendit son paquet.
- Moi aussi j'ai un cadeau pour toi. Nous sommes nés le même jour alors joyeux anniversaire à toi aussi.
Le sourire qui illumina les traits d'Ophélia valait tout l'or du monde. Elle n'avait pas encore déchiré l'emballage qu'elle débordait de joie ! Il espéra qu'elle ne serait pas déçue lors de l'ouverture de son cadeau...Ses yeux pétillèrent quand elle découvrit le carnet, apaisant les craintes de Wilhelm.
- Il est magnifique Will ! Le mien n'a presque plus de place. Est-ce que tu m'as acheté celui-là parce que tu l'avais remarqué ?
Aïe, il était démasqué ! Thérance le sauva en revenant auprès d'eux. Son frère siffla d'admiration en le voyant dans son habit de soirée. Il avait pourtant bien plus d'allure avec sa chemise blanche aux manches remontées et son pantalon bleu marine.
- Tu te joints à nous ? Je commençais à désespérer que tu sortes de ta grotte un jour !
Wilhelm leva les yeux au ciel. Toujours le mot pour rire ! Ils attendirent l'arrivée des invités de Thérance en préparant des rillettes de thon. Flore et Séraphin se montrèrent les premiers. La jeune femme portait une robe blanche et bleue. Des roses immaculées étaient piqués dans son chignon digne d'une coiffure de mariée. Si la chemise de Séraphin était blanche aussi, son pantalon rouge sang jurait avec la tenue de son amie. Philibert arriva en dernier, bien plus décontracté avec son tee-shirt et son pantalon noir troué.
- Il fallait une tenue de soirée ? paniqua-t-il en les voyant sur leur trente-et-un.
- Tu es très bien comme tu es, lui assura Thérance. Bon, maintenant que nous sommes tous réunis, rentrons dans le vif du sujet : qui veut une bière ?
En dehors de Wilhelm et Ophélia, ils se retrouvèrent tous avec une bouteille entre les mains. Wilhelm se rapprocha discrètement de son jumeau et pointa les tables chargées de nourriture :
- Il y a si peu d'invités pour tout ça ? Personne d'autre ne doit venir ?
- Flore mange comme un ogre, dit-il avec un sourire.
Wilhelm examina la taille de guêpe de la jeune femme et se demanda si son frère ne se payait pas sa tête. Ils discutaient tous entre eux et il se fit aussi discret que possible. Il se contentait de hocher la tête, rire poliment et grignoter des chips. Ophélia lui tenait compagnie et ils finirent par discuter livres, assis un peu à l'écart du groupe sur un banc à la frontière entre la terrasse et les jardins.
Leur tête à tête ne dura pas longtemps. Séraphin s'immisça entre eux en arrivant avec sa démarche prétentieuse et sa bière dans une main. Il puait la suffisance plutôt que l'alcool mais cela n'empêcha pas Wilhelm de froncer le nez. Il se remémora soudainement pourquoi il désirait tant se terrer dans sa chambre. Le jeune homme aux yeux dépareillés portait son épée accrochée à sa ceinture. Wilhelm était prêt à parier qu'il dormait avec.
- Je ne m'attendais pas à ce que tu nous honores de ta présence ce soir, lui jeta Séraphin. Selon ton frère tu fuis les fêtes autant que les gens.
- Je fuis les fêtes à cause des gens qui s'y trouvent, lui envoya Wilhelm. Tu dois savoir de quoi je parle.
- Toujours aussi mordant, serpent. Essaie de ne pas gâcher l'anniversaire de ton frère au moins.
- Éloigne-toi de moi et tout se passera bien.
Séraphin ricana avec mépris avant de tourner la tête vers Ophélia :
- Tu ne devrais pas le fréquenter, c'est un nid à problèmes.
- Ce n'est pas à toi de décider pour moi, dit sèchement la jeune femme.
Son ton étonna autant Wilhelm que Séraphin. Même Ophélia parut surprise et bafouilla :
- Je...Je crois que je vais prendre un peu de punch...
Elle s'éloigna, suivie par le regard choqué de son camarade de lycée. Wilhelm rit intérieurement. Sous sa couche de timidité, Ophélia possédait des griffes acérées. Quel dommage qu'elle ne les sorte pas plus souvent ! Il était content qu'elle ait attaqué Séraphin : ce petit tyran n'avait pas d'ordres à lui donner.
L'ami de son frère lui adressa une œillade accusatrice à laquelle Wilhelm répondit par un sourire innocent. À tous les coups, le blondinet allait penser qu'Ophélia changeait à cause de sa mauvaise influence mais il s'en fichait comme d'une guigne, trop heureux que son amie s'affirme. Séraphin battit en retraite, pour le plus grand bonheur de Wilhelm. Ophélia revint avec un gobelet en plastique, l'air contrariée.
- Séraphin me fait sortir de mes gonds quand il se mêle de ce qui ne le regarde pas ! J'essaie de me montrer patiente, polie et agréable mais parfois...Je voudrais tous les envoyer balader, oublier ma petite éducation et m'imposer pour faire taire les abrutis qui imposent leurs décisions sans consulter quiconque, comme mon père ou lui !
- Ne te fâche pas, ça lui ferait trop plaisir. Les imbéciles aiment qu'on s'intéresse à eux. Ignore-le, c'est préférable.
- J'ai de plus en plus de mal. Il n'était pas comme ça quand nous étions petits.
- Tu le connais depuis longtemps ? demanda Wilhelm.
- Depuis la maternelle. À cette époque il était gentil, le plus doux d'entre tous. Il souriait tout le temps comme s'il ignorait l'existence du malheur et il venait jouer chez moi. Avec les années il a changé, en mal. Et aujourd'hui, il est de plus en plus difficile à supporter. Je n'arrive pas à lui tourner le dos parce que malgré tout...
- Il reste ton ami, compléta Wilhelm.
Elle acquiesça et vida son verre de punch d'une traite.

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