Chapitre 13

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 — Tu as... très mauvaise mine.

Jilian jeta un regard mauvais à Eden avant de soupirer bruyamment. Ses mains tremblaient, gelées, et il ne parvenait pas à fermer les boutons de son col.

— Je n'ai pas dormi.

Elle le prit en pitié et s'approcha pour l'aider.

— Tu veux déjeuner avant de partir ?

Il répondit négativement et elle recula avec un petit sourire timide. Par réflexe, il se tourna vers le miroir pour observer son reflet, avant de se rappeler qu'il l'avait couvert d'une serviette.

Il se sentait hanté.

— Seökh nous attend.

Alors qu'il la suivait jusqu'à l'escalier, elle se retourna :

— J'ai des médicaments pour dormir, si tu veux.

Elle se mordit les lèvres :

— Ça devient une nécessité au bout d'un moment.

— Tu veux dire qu'Ümma et Seökh en prennent aussi ?

— Seökh jamais, mais Ümma en prend de temps en remps.

Jilian eut un rire désabusé qu'il ne reconnut pas comme le sien. Seökh devait être le seul à dormir comme un loir alors que des vampires vivaient dans le bâtiment à quelques centaines de mètres.

Il retint Eden par la main avant qu'elle atteigne le rez-de-chaussée.

— Explique-moi, qu'est-ce qui-

Elle se dégagea brutalement, comme s'il l'avait frappée, et elle manqua de louper la dernière marche. Ses yeux balayaient le décor par crainte de se faire attaquer.

— Ne me demande rien, s'il te plaît. Le mieux, c'est de ne pas savoir.

Elle s'enfuit presque et Jilian prit une profonde inspiration avant de pénétrer dans la salle principale de la maison des domestiques.

L'odeur de nourriture lui inspira du dégoût et il réfuta aussi la proposition d'Ümma de boire un thé. Bien vite, le quotidien le rattrapa : l'arrivée des équipes de domestiques et le point du soir avant que les majordomes ne prennent leur poste.

Quand tout fut en règle, ils prirent la direction du manoir. Il faisait déjà nuit. Un brouillard se levait tandis qu'ils frissonnaient sous les températures de plus en plus basses.

Sur le chemin, Seökh ne s'arrêta pas un instant de parler. Il restait six jours avant l'événement que les propriétaires attendaient autant qu'iels redoutaient. L'organisation et la préparation étaient colossales. À l'intendance, la chaleur leur permit de retirer leurs manteaux, mais alors que Jilian se frottait les yeux pour sortir de cet état de délire éveillé, Seökh s'adressa à lui.

Dans ses doigts pendait une chaîne en or pourvue d'un petit soleil accolé à une lune. Jilian caressa le bijou, ému. Conscient que ses collègue l'observaient, il se rembrunit avant de se saisir du collier.

— J'ai des questions.

— Non.

— Tu as dit que tu me dirais tout, s'énerva-t-il.

Il n'avait pas assez dormi, il se sentait à fleur de peau et incapable du moindre recul. Il n'aimait pas ça. La dernière fois que ça lui était arrivé, tout avait dérapé et il avait fini en prison.

— Ce n'est pas le moment, nous n'avons pas le temps, rétorqua Seökh. À l'heure actuelle, il y a beaucoup plus urgent que de satisfaire ta curiosité.

Le Manoir - Tome 1Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz