Chapitre 24

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L'air s'engouffra dans ses poumons et sa gorge abîmée. Jilian toussa, incapable de reprendre sa respiration pendant plusieurs secondes. Il reconnut le décor immédiatement : le petit lit, l'aspect clinique, l'odeur aseptisé et d'huile parfumée. Il chercha à se redresser, à poser pied à terre, mais une main contraint son dos à retourner contre le matelas. Effy était apparue dans la semi-obscurité, avec un petit rictus amusé :

— Pas de mouvement brusque.

Il aurait voulu lui dire quelque chose, n'importe quoi, mais il avait l'impression d'être aphone. Son corps tremblait, et la sueur froide lui frigorifiait les membres.

Effy appuya sur la télécommande près du lit et redressa l'appui-tête avant de s'occuper de son bras. Une perfusion était fichée dans le pli de son coude : du sang circulait depuis une poche suspendue au-dessus de sa tête.

— Transfusion sanguine.

Le ton était empreint d'amusement tandis qu'elle relevait le drap qui le couvrait. Elle nettoya les plaies et posa des pansements sur sa peau. Jilian ne ressentait rien que le froid, jusque dans ses os. Il ne comprit pas les mots qu'elle prononçait, il parvenait seulement à la dévisager. Il cligna des yeux en ressentant un pincement près de son genou, et ses yeux parcoururent son corps à nouveau. Il sentait la douceur de la couverture sur sa peau nue, et la gêne d'être ainsi dévêtu devant elle.

Son regard se porta sur les plaies profondes qui recouvraient son épiderme.

Pourquoi y en avait-il autant ?

— Tu es un drôle de personnage, tu sais.

Puis, elle ajouta :

— J'aime ça.

Il toussa une nouvelle fois avant de tester ses cordes vocales. L'impression d'avoir perdu sa voix avait disparu. Confus, il balbutia :

— Je m'excuse.

— De quoi tiens-tu à t'excuser ? Tu as failli y passer, tu ferais mieux de me remercier.

— Y passer ?

— Qu'Ézriel ne soit pas capable de se contrôler, ce n'est pas une nouveauté, mais qu'il ait trouvé un individu qui a encore moins de contrôle que lui, ça c'est une première.

Encore une fois, il n'était pas certain d'enregistrer tous les mots. Que voulait-elle dire ?

— Je te parle des morsures. Tu penses qu'elles sont arrivées sur ton corps comme par magie ?

Son ton était volontairement cinglant et moqueur, mais sur ses lèvres, le rictus amusé ne l'avait pas quittée.

Les morsures.

Puis soudain, les images refirent surface et Jilian reprit ses esprits avant de rougir.

— Je...

— Tu ?

Elle s'amusait de le voir embarrassé, et son sourire s'étira :

— Je dois dire que ça me fascine toujours de vous voir dans cette situation-là.

Néanmoins, elle fronça doucement les sourcils avant de se pencher si près qu'il chercha inutilement à reculer :

— Il s'en est fallu de peu. T'auras pas de prochaine fois.

Il n'arrivait pas à soutenir son regard.

— C'était drôle de voir Ézriel paniquer. Lui qui ne s'affole jamais, d'habitude...

Elle ne termina pas sa phrase, comme si elle avait pensé à autre chose. Elle rangea son matériel dans une des armoires vitrées avant de revenir sur ses pas.

Le Manoir - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant