Chapitre 2 - Contrats

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L'aubergiste lui fit un sourire plein de tendresse, que Yona lui rendit en lui soufflant un merci. Ries se joignit à la conversation en changeant de sujet.

– Mes hommages, brave aubergiste ! Disposeriez-vous d'une chambre double pour moi et ce jeune homme éclopé, et d'une simple pour cette demoiselle ?

Yona s'étonna autant que maîtresse Herber des manières du marchand. Mais n'allant pas jusqu'à râler devant de nouveaux clients, elle acquiesça et se dirigea vers l'escalier sur la droite. Elle s'arrêta le pied sur la première marche, beugla quelques ordres à une serveuse qui s'approchait un peu trop dangereusement d'un blondinet, puis reprit son chemin. Une fois à l'étage, elle tourna sur la gauche et passa devant un premier couloir. Elle bifurqua ensuite à droite dans un deuxième corridor. Elle s'arrêta presque aussitôt en face d'une porte.

– Voilà la double, dit-elle en ouvrant la chambre.

L'aubergiste alluma une bougie, pendant que Yona accompagnait Jamer sur un des lits. Elle suivit après maîtresse Herber vers sa chambre, au bout du couloir. Après avoir posé ses affaires, le matelas semblait irrésistible. Mais son estomac criait famine, et elle se décida à aller manger. En passant par la chambre de ses compagnons, elle toqua, puis entra pour savoir si quelqu'un voudrait bien se joindre. Elle ne trouva que Jamer, allongé sur le matelas.

– Où est Ries ? interrogea Yona.

– À peine on avait posé les sacs qu'il est directement reparti. Il a dit qu'il allait s'amuser un peu en ville.

Demander à Jamer de l'accompagner serait délicat avec sa blessure.

– Tu veux que je te monte un dîner ? La petite table pourrait amplement faire l'affaire dans la chambre. En plus, il me semble que la salle commune soit pleine à craquer.

– Volontiers !

La bûcheronne descendit donc vers les cuisines, afin d'obtenir deux repas. Une fois un large plateau rempli de deux jarrets de porc au miel accompagnés de quelques pommes de terre, d'une carafe de vin avec deux verres, et pour finir d'une paire de clafoutis aux fruits rouges, elle remonta dans la chambre. Quand elle entra, Jamer sautilla jusqu'à une chaise. Ils s'installèrent, bavant presque devant ce festin. Ils attaquèrent sans plus tarder. La journée avait été longue, et le seul repas qu'ils avaient consommé avait été constitué d'à peine quelques bouts de fromage au réveil. Le vacarme de la salle commune s'entendait en fond, un peu étouffé, et créait une petite ambiance agréable.

Une fois leur plat terminé, ils profitèrent du vin encore chaud. Yona, curieuse, prit la parole.

– Pourquoi as-tu décidé de venir ?

Jamer ne répondit pas tout de suite. La pièce était bien éclairée, une étroite cheminée crachait son feu, accompagnée de trois lampes à huile, disposées sur les meubles. Seules quelques ombres se battaient en duel sur son visage. Après avoir fixé le fond de son verre pendant une poignée de seconde, il en sirota des gorgées avant de parler.

– Tu te rappelles, aux fêtes de l'été, comme on s'amusait bien ?

– Oui, répliqua Yona avec nostalgie, comme si elle avait quitté sa terre natale depuis des mois. Tout le village dansait en musique pendant une nuit entière. Nous étions tous si fatigués le lendemain !

– C'est bien vrai ça, dit Jamer avec un petit sourire qui ne se communiqua pas à ses yeux. Tu t'imagines faire ça toute ta vie ? Je veux dire, vivre à Verlore pendant encore quarante, cinquante, soixante ans, voire plus ? Tu étais bûcheronne là-bas. Tu pourrais couper des arbres pendant des décennies ?

Voyage au centre du soleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant