🌟Partie XXXV🌟

Depuis le début
                                    

: Léna?

Je tends le cou vers les escaliers pour constater que c'est Mam's qui m'interpelle. Il sort de la douche, ça se voit rien qu'à la multitude de gouttes d'eau qui s'échappent de ses cheveux pour s'abattre soit sur la serviette qu'il porte autour du cou, soit sur son tee-shirt. Je le regarde en attendant qu'il me parle. Il s'approche de moi pour réduire la distance et éviter de crier. Ça se voit qu'il est fatigué et inquiet à la fois. Je sais déjà de qui il va me parler, faut pas être devin.

Mam's: Comment elle va?
Moi: Du mieux qu'elle pourrait dans cette situation. Je ne sais pas quoi te dire d'autre.
Mam's: T'inquiètes p'tite tête. C'est déjà beaucoup pour moi. Tu crois qu'elle...
Moi: Sombre comme la première fois? Je ne sais pas et je n'espère pas. Avec tonton Malik et Tyron qui ont disparu, Kenzo qui s'est évaporé dans la nature, ce serait bien si on pouvait éviter de perdre deux personnes de plus dans la tristesse.
Mam's: Humm. C'est quand même bizarre que Tyron ai réussi à disparaître sous nos yeux, alors que la maison est gardée par des centaines de gars.
Moi: Liam pense qu'il y a des infiltrés parmi eux. C'est sûrement l'un d'eux qui a fait ça. Enfin, ils ont dû être plusieurs.
Mam's: Faut qu'on fasse plus attention.
Moi: C'est clair.
Papa: Mam's! Dépêches-toi! Moha, Amin et Amir t'attendant au cabanon!
Moi: Au cabanon? Depuis quand il y a un cabanon dans cette maison?
Mam's: Un conseil Léna, ne cherche pas à comprendre. J'y vais.

Il me donne une p'tite claque et s'en va de nouveau vers la salle de bain. Il y en a deux communes. Kays, Amin, Amir, Liam et lui ainsi qu'Idriss, Samir et Samuel se douchent dans la première qui se trouvent au-rez-de-chaussée. Nous les filles, nous utilisons l'autre qui est à l'étage. Contrairement aux parents de la maison qui utilisent leur salle de bain personnelles. Une organisation bien particulière pour ne pas se retrouver dans des situations gênantes dès le matin ou très tard la nuit, si on tient compte du fait qu'Amir et Liam ont une préférence pour se doucher vers les minuit.

Je descends à mon tour et me dirige vers la cuisine. Je me prépare une assiette bien garnie avec un verre de jus et une bouteille d'eau. Je vais ensuite au salon et vérifie qu'il n'y a personne. Une fois fait et certaine qu'il n'y a personne, je récupère de ma poche la boîte de médicament que je prends soin de cacher à ma famille. Ce sont des cachets que je dois impérativement prendre matin et soir, depuis que j'ai 15 ans. Ils me permettent de ne pas faire de malaise ou d'avoir des vomissements à répétition à n'importe quelle heure ou endroit de la maison.
À cause des coups de mon père, des cauchemars monstrueux et crises d'angoisse que je faisais dès que je pensais à lui et à Amel, des opérations inoubliables pour mes blessures sérieuses, je suis contrainte de prendre ces cachets jusqu'à ce que mon médecin traitant me dise de ne plus en prendre. Ça fait bien cinq ans que je prends ces merdes qui me maintiennent en vie, d'une certaine manière. Il faut en plus que je cache ce traitement à ma famille entière pour ne pas les froisser. Mon père essaie de se repentir mais c'est difficile pour moi d'oublier. Encore plus quand je regarde ces cachets que je dois prendre. Même Liam n'est pas au courant. C'est vous dire à quel point je ne veux que personne l'apprenne.

Je retire mon cachet du matin en appuyant sur le support en aluminium, porte le cachet à ma bouche et l'avale à l'aide d'une bonne gorgée d'eau. Je prends un temps pour m'assurer que je l'ai bien avalé et commence à petit-déjeuner, en replaçant soigneusement la boîte dans ma poche. Je me perds dans mes pensées quand maman vient s'asseoir à côté de moi. Je me sens mal à l'aise, ça fait bien longtemps que je ne me suis pas retrouvée seule avec elle. Pourtant je ne lui en veux pas. C'est juste que j'ai perdu l'habitude d'aller vers elle instinctivement quand quelque chose ne va pas. J'ai mis sur sourdine son rôle de maman pendant tellement longtemps que je ne sais pas comment aborder ce pas qu'elle fait vers moi. Je sais qu'elle voudrait que tout redevienne comme avant, je le souhaite aussi. Mais il y a un monde entre ce que l'on souhaite et ce qui se passe dans la réalité. Je me contente pour le moment de poser mon bol de fruits sur la table basse pour lui montrer que sa présence ne m'est pas indifférente. Je veux bien qu'on ai une discussion. J'ai besoin de retrouver ma maman, malgré tout ce que je pense au fond de moi.

Une Vie De Triplées: Les Enfants d'abord!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant