Partie 3 - Chapitre 18

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Chapitre 18

     La commandante passait décidément une drôle de journée, elle qui comptait se reposer et éplucher divers rapports au calme dans son bureau, avait été dérangée par tout un tas de gens réclamant l'aide des gendarmes. On a des sous-officiers pour traiter avec les aristos pourtant marmonnait-elle en replaçant les sièges en face de son fauteuil, à croire que je dois gérer leurs querelles infantiles moi-même.

     La majorité des équipements des forces de régulation piltoviennes étaient financés par les grands clans, et de riches mécènes, qui après leurs dons se permettaient de prendre les gendarmes, qu'Holly et ses unités appelaient les Regs, pour désigner les unités régulières, comme leur milice personnelle, ou pire leurs domestiques. Rien que d'y penser, Holly laisserait presque échapper une grimace. Les regs sont corrompus jusqu'à la moelle. Avec les années, elle leur avait fait comprendre qu'elle ne comptait pas être à leur bottes, et ces derniers rampaient à ses pieds en s'écrasant dans des formules de politesse et une gentillesse hypocrite.

     En réalité, elle détestait franchement les aristocrates piltoviens, elle fut ces dernières décennies, avec ses hommes, toujours aux premières loges de leurs affaires. Elle voyait la manière dont ces derniers se menaient une guerre les uns contre les autres, et comment avide de pouvoir et de richesse, de quelle manière ils traitaient l'immense majorité des habitants de la cité. Pire que des requins.

     Leur traitement avec la cité souterraine, Zaun, était pire encore. Alors que ces surpuissants utilisaient les Zauniens et leur ville « malpropre » comme bouc émissaire à tous leurs maux, fédérant leurs petits partisans, tout en diabolisant ceux en dessous, ils agissaient aussi dans l'ombre avec ces rebuts, comme ils les nommaient. Pas exactement avec les habitants de Zaun, mais tous les grands clans ont un jour eu l'idée brillante de se plonger dans les affaires aux côtés des Barons de la Chimie, plus bas, utilisant parfois ces derniers pour se livrer des guerres indirectes. Tout ceci aux dépends des gens normaux, pris entre deux feux, asservis par les Barons pour certains.

     Holly avait, à des tas de reprises, eut l'occasion d'intervenir en Zaun, et parfois même aux côtés d'éléments de milices des Clans. Elle se souvint d'une enquête qui avait tourné au drame, un clan ayant tenté de récupérer des schémas très dangereux avait fait preuve de ce qu'elle considérait être de la pure barbarie.

     L'opération avait mal tournée, et même si l'objectif avait été atteint, l'installation du Baron avait été détruite, entrainant avec elle des dommages mortels sur le quartier proche. La commandante Bertillon gardait un gout très amer de cette collaboration, qui n'était qu'un exemple de l'implacabilité des clans.

     Ces dernières années, ses efforts étaient dirigés vers les recherches contre la Ruine, ainsi que la traque des derniers producteurs de Démium. Elle pouvait compter sur l'aide du professeur Grimbel, lui fournissant matériel et informations, ainsi que de son ancien collègue en disgrâce, le professeur Krenn, qui aidait quant à lui à réparer les dommages liés à ces deux fléaux.

     Pour se détendre, elle entreprit de se servir un thé, rien de tel qu'une bonne tasse chaude pour calmer ses pensées, lorsqu'on frappa à la porte.

- Entrez. Lâcha-t-elle sèchement.

     Un homme pénétra la pièce, saluant la commandante, un rouage de bronze accroché à la poitrine de son uniforme.

- Un invité pour vous commandante.

     Holly soupira, voilà encore un visiteur qui souhaitait déranger sa paisible journée.

- Merci capitaine faites-le entrer.

L'homme acquiesça, et laissa place à une personne qui entra doucement dans la pièce. Un vieil homme, à la longue robe bleue, sertie de motifs argentés, salua la commandante.

Bell de BilgewaterWhere stories live. Discover now