1. Le temps de l'innocence

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Elle avait cinq et demi lors de la rentrée, et elle avait bien conscience de ressembler à une petite poupée. Objectivement, elle était une enfant normale : adorable, et pas badass du tout. Elle était de taille moyenne, pâle, mignonne. Elle avait un visage rond marqué d'un grain de beauté sur la pommette droite, de longs cheveux couleur de jais, et de grands yeux d'un brun si profond qu'ils semblaient noir. Elle se fondait dans la masse. Et elle était intimidée, peut-être même effrayée. Seconde vie ou pas, elle était une enfant. Ses souvenirs-rêves lui donnaient une vague connaissance du futur, mais ils ne lui donnaient certainement pas une aisance sociale innée. Tsunami se cala dans un coin, discrète au milieu du chahut des autres enfants, les dévisageant un à un dans l'espoir de les reconnaître. Mais il n'y avait aucun visage familier. Pas de Kakashi, de Gai, d'Obito, de Rin. Ni dans la classe de Tsunami ni dans les classes supérieures. En revanche, lorsque leur sensei fit l'appel, il y eut un nom qui la fit se redresser comme un ressort sur sa chaise.

Shisui Uchiha.

Il était assis deux rangs sur sa droite, attentif. Il n'avait pas exactement l'air Uchiha, avec ses cheveux en bataille qui semblaient presque bouclés, mais... Combien de Shisui Uchiha pouvait-il possiblement y avoir, en vie et âgés de cinq ans, durant la Troisième Guerre ? Non, il n'y avait pas de doute, c'était bien lui. Shisui Uchiha, le meilleur ami d'Itachi, celui dont la mort déclencherait tout. A quel âge mourrait-il ? Il avait deux ou trois ans de plus qu'Itachi, et Itachi avait treize ans lors du massacre, alors ça donnait à Shisui... Quinze ans ? Seize ans ?

Tsunami avait donc une petite décennie avant qu'Itachi ne massacre le clan de sa mère. Une petite décennie pour s'orienter, trouver le meilleur moyen de se couper du clan, et cacher son existence et celle de sa sœur à Danzō et aux autres fétichistes des Sharingan. Dix ans ! C'était une éternité pour son esprit d'enfant. Elle se détendit un peu.

Elle s'efforça de se consacrer à l'Académie. Malheureusement, comme elle le découvrit très vite... Elle s'y ennuyait.

L'Académie était faite pour les enfants et, en conséquence, les cours étaient adaptés à leur niveau. Comme une école primaire normale, sans doute, avec du calcul, de la lecture, des jeux. Il y avait aussi des courses, des exercices de lancer de kunai, du maniement de shurikens, des katas, des tests d'endurance, des journées d'orientation en forêt. Rien de difficile, mais ça restait quand même exigeant. Tsunami réalisa vite que les enfants tenaient le coup parce qu'ils avaient naturellement appris à utiliser leur chakra pour augmenter leur résistance, et pour renforcer leurs muscles. Ce n'était pas différent de ce qu'elle faisait en galopant à longueur de journée ou en sautant de toits en toit. C'était juste plus intense. Pour certains enfants, ça venait naturellement. Mais pour ceux qui n'avaient pas le contrôle ou les réserves nécessaires... C'était trop. Ils ne tenaient pas la distance. Et bien souvent, c'était les enfants de civils qui étaient désavantagés.

Tsunami, elle, tenait le coup durant ces exercices physiques. Très bien, même. Mais ça ne tenait pas à un talent inné. Elle avait juste une meilleure conscience de son chakra que tous les autres enfants, parce qu'elle savait ce que c'était que de ne pas en avoir, et donc elle ne pouvait s'empêcher de remarquer qu'il était là.

Ah, le chakra. Honnêtement, ça avait été son premier indice sur l'idée d'un autre univers. C'était comme un sixième sens, une perception de l'énergie qui circulait en soi mais aussi qui circulait dans les autres personnes, et c'était... C'était comme de voir cette énergie, ou d'en sentir la chaleur, une sorte de mélange vue-toucher qui n'existait pas dans les souvenirs-rêves de Tsunami. Sa conception de son propre corps en était faussée, parce qu'elle voyait ses mains, elle sentait ses mains, mais elle sentait aussi le chakra qui circulait dedans et c'était juste... Bizarre. Ça ne faisait pas mal, c'était juste étrange, inhabituel. Oui, même quand elle n'était qu'un bébé qui n'avait même pas la conception de qu'est l'habitude, elle avait trouvé ça inhabituel. Elle avait mis longtemps à s'y faire. Au bout de quelques années, Tsunami n'y faisait plus attention. Mais elle en était quand même consciente, d'une façon dont les autres enfants (et sans doute pas mal d'adultes) ne l'étaient pas. Les gens normaux sentaient le chakra mais n'y faisaient pas attention, parce que c'était comme un membre, comme un organe, c'était une part d'eux, c'était normal. Tsunami avait des souvenirs-rêves d'une vie sans chakra, et donc elle ne pouvait pas s'empêcher de le voir. Constamment. Elle n'en avait jamais pas conscience. C'était toujours à la périphérie de son attention.

Tsunami Uchiha : les origines Where stories live. Discover now