19|Tombe

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L'herbe était douce lorsqu'il l'enjambait. Le cimetière était surtout silencieux et Adrien devait compter ses respirations pour qu'elles s'équilibrent. Il n'aimait pas cet endroit. L'énergie de cet endroit lui collait à la peau, s'enfonçait dans ses os et résidait en lui pendant des jours.

Si Marinette ne lui avait pas manqué, il ne serait probablement pas venu. Il n'aimait pas cet endroit. C'était gris et l'odeur de la terre fraîchement retournée le rendait malade. Le sentiment de la mort et la tristesse qu'elle apporte planent sur cet endroit comme un nuage.

Adrien s'est approché de la tombe de la jeune fille. Il est surpris de voir Tom Dupain assis devant la pierre tombale de sa fille en train de lire. Sa voix ne tremblait pas mais elle n'était pas forte. Les épaules de l'homme plus âgé étaient voûtées alors qu'il se concentrait sur sa lecture. Adrien est resté là, car il ne savait pas trop quoi faire.

Soudain, il s'est senti coupable de voir son journal intime au fond de son sac. C'est son père qui devrait le lire. Pas lui. Il ne le mérite pas. Adrien ne méritait pas Marinette et ce qui restait de son bel esprit. Toutes ses autres pensées sombres s'insinuaient férocement dans son esprit, juste pour se rendre plus évidentes. Juste pour qu'il se sente encore plus mal qu'il ne l'était déjà.

Tom termina par un petit signe de tête et mit un signet sur le début du chapitre suivant. Il dit au revoir à sa fille et se retourna. Adrien se raidit immédiatement car il ne savait pas exactement quoi dire et comment le formuler.

Tom s'est levé du sol et Adrien a fait de son mieux pour ne pas avoir l'air aussi effrayé qu'il se sentait. Les yeux de l'homme plus âgé se sont agrandis en voyant le garçon blond. Adrien a fait un signe de la main.

"Hé, M. Dupain... Comment allez-vous ?" Il ravala la boule dans sa gorge et força un petit sourire.

"Pas mieux que toi je suppose", le père de Marinette a ri mais le son était vide et creux. Il s'arrêta au bout de quelques secondes comme si le son joyeux le faisait souffrir physiquement.

"Son auteur préféré a enfin sorti le nouveau livre de la série qu'elle lisait..." Tom a traîné en longueur et a agrippé les côtés du livre. "Je sais qu'elle aurait voulu les lire, alors je les lui lis..." La douleur dans sa voix est indescriptible. Le désespoir de son aveu a rempli le petit espace qui les séparait.

"Elle aurait aimé ça", la voix d'Adrien s'est brisée en essayant de parler à travers le sanglot qui essayait de se frayer un chemin dans sa gorge.

Tom s'est contenté de hocher la tête. "Rends-lui visite aussi longtemps et aussi souvent que tu le souhaites, mais assure-toi de vivre ta vie aussi. Elle aurait voulu que tu vives ta vie et que tu ne sois pas si attaché à elle." Le mâle plus âgé fit un petit sourire.

"Dis à Sabine que je lui passe le bonjour et que j'ai l'intention de passer un jour ou l'autre." Adrien a agrippé la sangle de son sac.

"Elle aimerait bien", a souri Tom en serrant l'épaule d'Adrien avant de commencer à marcher vers la maison. Il fixa la pierre pâle qui marquait l'endroit où Marinette reposait désormais. C'était probablement l'une des choses les plus tristes qu'il ait jamais vues.

Sa poitrine lui faisait mal alors qu'il s'accroupissait et posait une main sur la pierre tombale. "Hey," sa voix était bizarre. Il s'est éclairci la gorge. "Salut Marinette." Il ne se sentait pas bien de ne pas voir son sourire ou ses yeux bleus.

"Je lis ton journal intime... C'est étrangement personnel et pourtant apaisant." Il s'est fendu d'un demi-sourire mais n'a été accueilli que par un silence et une pierre frontale froide. Adrien a laissé tomber sa main à côté de lui. "C'est dur sans toi. Je suis désolé de ne pas avoir été avec toi vers la fin de ta vie. Je pense que je le regretterai toute ma vie. " Le jeune mâle prit une profonde inspiration et s'essuya les yeux.

,Le silence le recouvrait et il ne pouvait rien faire d'autre que de fixer l'espace vide devant lui, un peu comme au restaurant. Il avait mal au ventre. Des larmes ont commencé à perler dans ses yeux et il a eu du mal à respirer. Les minutes passent. "Je voulais juste te faire savoir que je ne vais pas bien. Je ne vais pas bien du tout", a-t-il finalement sangloté. "Tout me fait penser à toi et au fait que tu es parti. Je suis tellement fatigué tout le temps. Je veux juste dormir longtemps, pour toujours !" Il avait du mal à se contenir. "Cette tristesse me ronge... Je ne suis même plus sûr d'être moi." Adrien s'est essuyé les joues en essayant d'arrêter ses propres pleurs.

"Je veux que tout s'arrête. Je veux que tout soit fini", a sangloté Adrien, la tête dans les mains, honteux de penser de la sorte sur la tombe de son ami. Pourquoi n'avait-il pas envie de vivre de toutes les fibres de son être ? Pourquoi ne voulait-il pas simplement vivre ? Si ce n'est pour lui, au moins pour Marinette, vivre une vie qui ne lui était pas garantie. Pourtant, tout ce qu'il pouvait imaginer, c'était lui rentrant chez lui et avalant tous les somnifères de son père. Adrien se détestait à cet instant.

Il prit quelques grandes respirations pour se calmer. Adrien était venu ici pour être proche d'elle et pourtant il ne se sentait pas mieux. "Je suis désolé", s'est-il excusé. Cela ne l'a pas aidé à se sentir mieux. Il a sorti son journal intime de son sac et a mis le pouce là où il s'était arrêté. Il a tourné la page et a été accueilli par une enveloppe.

Les doigts d'Adrien tremblaient lorsqu'il a soigneusement retourné la lettre pour voir la belle écriture de Marinette.

Cher Adrien,

Rebonjour!

J'espère que tu vas bien et que tu n'es pas trop triste que je ne sois plus là. Enfin, je suis sûre que tu es triste mais j'espère que tu vas bientôt te sentir mieux!

Un petit mot de ma part : Une fois que tu as accepté ce qui est arrivé, la tristesse et le chagrin ne durent pas longtemps. Pense à tout ce qui te rend heureux. Pense à tout ce pour quoi tu as une raison de vivre.

Désolé, c'était un peu déprimant mais j'ai juste le sentiment qu'un jour tu auras besoin de ça. J'espère que ce jour-là, tu seras capable d'arrêter ces pensées en spirale.

Cette lettre est pour Chloé. Quand tu auras le temps, tu pourras la remettre pour moi ?

Toujours,
Marinette.

P.S. Merci du passé pour quelque chose qui sera fait dans le futur. (Désolé c'est mon humour noir et mourant qui s'est manifesté et ce stylo est en train de mourir oh non je suis désolé)

Adrien souriait en essuyant ses larmes de bonheur. Il pouvait pratiquement entendre sa voix à travers ses petites notes et il adorait ça. C'était presque comme si elle était toujours là. Adrien l'aimait. Il s'est levé et a arraché le ruban adhésif qui reliait la lettre à la page. Il a commencé la longue mais courte marche vers le manoir du maire.

❝ Always, Marinette ❞ || « au adrinette »  (Traduction En Français) ©Where stories live. Discover now