Meltdown sourit et s'approcha. Du point de vu de Kohi, elle avait l'air plutôt menaçante, la fillette allait sûrement s'enfuir.

« Senri Sumira ? Appela la femme en agitant l'article. Tu es perdue, mon enfant ? »

La petite sursauta et tourna la tête dans sa direction avant de faire un pas en arrière. À ce moment, les vêtements qu'elle tenaient remuèrent. Un revolver s'en extirpa et sembla s'envoler, pointé vers Meltdown, alors que le cran de sécurité se retira de lui-même.

« Évidemment. Lança la femme. Je me doutais bien qu'elle n'était pas seule. Taguchi Shoko, je présume ? Excusez-moi de regarder votre arme en vous parlant, mais je ne peux pas vraiment voir vos yeux alors...

—Qu'est-ce que vous voulez ?! Aboya une voix d'homme. Ne faites pas un seul pas où je vous explose la cervelle !

—Oui, oui. Je connais vos méthodes. Soyez raisonnable et baissez votre arme. Je ne suis pas de la police, si ça vous inquiète.

—Police ou non, je ne vous laisserais pas vous approcher de ma fille !

—Votre fille, hein ? Nous savons tout les deux qu'elle ne l'est pas.

—Si ! Gronda l'enfant. C'est un meilleur papa que mon vrai papa !

—Je vois... ce n'était donc pas un kidnapping.

—Bien sûr que non ! Grogna Shoko. Je ne suis pas ce genre de monstre !

—Non, c'est vrai. Vous êtes juste celui qui massacre des parents en laissant leurs enfants traumatisés à vie. Vous avez fait un sacré nombre de victimes en seulement trois ans.

—Comment...

—Quoi ? Surpris ? La plupart de vos crimes n'ont pas été reconnus comme étant votre œuvre, mais Lord a ses propres moyens. »

L'arme se baissa doucement. Un léger rire avec une pointe d'hystérie se fit entendre.

« Lord, hein ? Se moqua Shoko. Heh... des années que mes anciens collègues le cherchent, celui-là.

—Ça fait plaisir d'entendre que la police le prends au sérieux. Quoi qu'il en soit, vous l'intéressez.

—Ce n'est pas réciproque.

—Vous n'avez même pas écouter mon offre...

—Je n'en ai pas besoin. Je ne ferais pas affaire avec un contrebandier ! Les histoires disent qu'il vends aussi des enfants...

—Oh, non. Il ne touche pas aux gosses. Son trafique d'humain se fait avec des adultes au cerveau... grillé. Plus ou moins. Mais bon, on ne va pas vous forcer. Faites vos trucs dans votre coin. Il vous aurait fourni armes et protection, mais vous êtes libre. »

Elle attendit un instant. Il ne semblait pas en démordre. Meltdown haussa les épaules et interpella le plus jeune pour finalement partir. Elle n'allait pas essayer de forcer un homme armé. Kohi resta cependant planté là, fixant la petite Sumira. Son regard se déplaça sur l'arme qui semblait bouger toute seule.

« Tohoshi-san ! Appela Meltdown. On n'a pas toute l'année !

—C'est la vie que vous voulez pour elle ? Lança soudain le jeune homme aux cheveux blancs.

—Pardon ? Répondit la voix de Shoko.

—Votre fille. Sumira, c'est ça ? Vous voulez vraiment qu'elle grandisse dans la rue ? À aller de ville en ville, à devoir se cacher de la police ?

—Et que sais-tu exactement de la vie dans la rue ? T'as l'air d'être plutôt bien habillé. Ton manteau, c'est une marque sacrément chère.

—...j'avais quatorze ans, quand j'ai commencé à errer. Alors une enfant ? Sérieusement, c'est pas une vie. Mes vêtements je les volent. J'imagine que vous faites pareil. Ça vous va qu'elle n'ai nulle part où dormir ? Pas d'amis? Pas d'endroit où rentrer ? »

L'invisible resta silencieux. Meltdown esquissa un sourire. Elle n'avait pas pensé un seul instant que le jeune homme allait lui être utile pour le recrutement.

« Ça m'étonnerais que Lord puisse lui offrir tout ça. Lança finalement Shoko.

—Il peut. Coupa Meltdown en essayant de se faire plus douce. Le manoir flottant est largement assez grand. Nous sommes comme une grande famille. Et puisque certains de mes camarades ont des enfants, il a même fait installé une salle de jeux. Elle serait en sécurité. Tout ce que vous avez à faire, c'est de le rejoindre.

—...Ce n'est pas juste une manière de m'attirer ? Car si c'est le cas...

—Non. Vous pourrez venir, visiter le manoir, voir la salle, rencontrer les autres enfants si vous le souhaitez. Tout ça avant de vous décider. Si ça ne vous plait pas, alors vous serez libres de partir. Sinon, vous pourrez considérer cet endroit comme chez vous. »

Il sembla réfléchir. Meltdown se retint de ne pas montrer son agacement. Kohi était prometteur. Elle ne manquerait pas d'en parler à Lord. En attendant la réponse de l'invisible, elle alluma une cigarette.

« ...il y a quelque chose que j'aimerais faire avant. Déclara finalement Shoko.

—Quoi donc ?

—Cette maison. Je traque cette famille depuis des mois. Ils ont un portique, des jouets pour enfants. Mais aucun enfant n'est jamais entré ou sorti de cette baraque.

—Le portique n'a pas l'air utilisé depuis longtemps. Remarqua Kohi en jetant un coup d'œil discret à travers la haie. Ils ont peut-être perdu leur enfant.

—C'est ce que je me suis dis. Jusqu'à ce que leur voisin leur demande comment allait leur fils et qu'ils répondent par la positive. Hors, j'ai regardé chaque fenêtre et pas trace d'un enfant, ni même d'une chambre. Il n'y a même aucune photos.

—Vous voulez aller voir ? Demanda Meltdown. Pourquoi ?

—Parce que c'est ce que je fais ! Si un enfant est battu, séquestré, maltraité, ses parents ne méritent que la mort ! »

La femme perdit son sourire moqueur, qui se changea en une légère grimace. Il valait mieux qu'il ne sache pas ce qu'elle avait elle-même fait à son fils.

« Bien ! Lança t-elle. Allez-y. Allez donc faire un dernier petit massacre. »

Shoko déchargea son arme avant de la reposer sur le tas de vêtements que sa fille tenait. Désormais totalement invisible, seul l'herbe qui s'affaissait sous les pas, trahissaient sa présence. Il se dirigea d'abord vers une fenêtre, pour vérifier où se trouvaient les habitants. À une telle heure, ils dormaient sûrement, mais la lumière était allumée dans le salon.

Alors que Meltdown, Kohi et Sumira attendaient à l'entrée du jardin, Shoko poussa soudain un juron, clairement surpris, en s'écartant vivement de l'ouverture.

 Alors que Meltdown, Kohi et Sumira attendaient à l'entrée du jardin, Shoko poussa soudain un juron, clairement surpris, en s'écartant vivement de l'ouverture

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