Juin - 10 (1).

En başından başla
                                    

— Moi, ce qui m'attire, c'est de voir comment ils volent dans les cieux.

Comme un clin d'oeil du destin, au même moment, deux ailes puissantes se perdirent dans cette toile azur. Leur grâce dessinait des vagues au rythme de leurs coups ; leur grandeur leur offrait le monde qu'ils semblaient couver depuis leur hauteur. Et à peine l'oeil eut-il le temps de se poser dessus que déjà, elles s'éloignaient, petite marque dans une peinture lisse.

— Le monde leur appartient. Ils peuvent parcourir des continents entiers. Rien ne les arrête.

— Sauf une balle de chasseur, grimaça Victor. Je déteste ça.

— Pareil. J'ai tellement peur pour Chamallow.

Leur adorable petite boule de poils adorait vagabonder quand elle en avait l'occasion. Elle ne revenait parfois que très tard dans l'après-midi. L'amour rend les esprits irrationnels ; leur chat ne se promenait pas à portée d'un quelconque chasseur, mais la crainte de le voir rentrer blessé terrifiait les deux garçons.

— Il ne lui arrivera rien, promit Victor.

— Tu t'en occuperas ?

— Tu veux dire...

— Ouais.

— Bien sûr. Je ne vais pas l'abandonner, pour qui tu me prends ?

Yann secoua la tête. Victor marquait un point. Il savait qu'il n'abandonnerait pas le félin. Il aurait pu le faire pour lui, mais il était encore là. Sans jamais se plaindre. Affrontant avec courage ce qui pesait bien lourd pour un seul être.

— N'empêche, parfois, je les envie.

— Tu les envies ?

— D'être libre. De courir, de voler. J'aurais eu envie d'explorer le monde à tes côtés. De partir avec toi. De rester à tes côtés pour découvrir tout ce que le monde a à nous offrir.

— Moi aussi, reconnut Victor.

— Dis... Tu voudras bien le faire avec moi ?

— De quoi ?

— Découvrir le monde.

Victor fixa un instant Yann. Ce regard ne dura qu'une fraction de seconde, une poignée de temps suspendue par les fils de leurs rêves.

— Bien sûr. On ira où tu veux : sur les mers, au milieu du désert, traverser les forêts, arpenter chaque ville de ce monde, fouler le sol de chaque pays ; on chantera au bord des rivières, on dansera sous les étoiles, on rira et on pleurera face à la lune, on sourira à l'aube ; on laissera le vent prendre nos secrets et tout ce qu'on se dira. Même tout ce qu'on ne se dira pas. Et tout ça, on pourra même l'écrire, en faire cent vers et mille poèmes. Quand je suis avec toi, l'impossible ne me fait pas peur.

— Ce n'est pas impossible, répondit Yann. Tu pourras le faire, tout ça... On le fera.

— Ouais. On marchera sous les nuages.

— On saluera les voiliers.

— On pourra même manger tous les plats du monde.

— Même s'ils sont moins bons que les tiens. On ira gravir les montagnes.

— On se battra. On prendra des photos. On fera tout ce que le monde nous offrira.

Un sourire dessina les rêves au coin de ces lèvres amoureuses. Le vent siffla doucement, serein. Mille tableaux songeurs lézardaient la vision tranquille du paysage qui coulait sous leurs yeux.

— C'est un bon programme.

— Ouais. Un peu chargé, mais ça ira.

— Ouais.

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