Magical Boy

Chapitre 15

—...c'est devenu pire. Ça leur faisait peur. Les adultes aussi se sont mit à devenir violent avec moi. Ça arrivait qu'ils me mettent tout seul dans une autre classe pendant que les autres jouaient. J'ai commencer à refuser de couper mes cheveux et je cachais mon visage derrière. Mais ça n'arrangeait rien.

—Tu devais ressembler à un de ces clichés de fantômes. Remarqua Mineko, pensive.

—...je ne sais pas de quoi tu parles.

—Tu n'as jamais regardé de films d'horreur ?

—Seulement les informations et des documentaires sur la technologie. »

Les trois amis soupirèrent en même temps. C'était de pire en pire. Comme si Nanaya ne s'était absolument jamais amusé.

« Tout a continué comme ça. Reprit le jeune homme. Jusqu'à mes cinq ans. Je venais tout juste de commencer ma dernière année en maternelle. Un mois depuis la rentrée, il me semble. Je me suis enfui de l'école en pleine journée.

—Tu as fugué ? S'indigna Kenji. À cinq ans ?!

—Hm. Je ne voulais pas rentrer chez moi parce que mon père allait me corriger s'il savait que j'avais rater l'école. Alors je me suis juste promené. Les gens me regardaient bizarrement en ville donc j'ai préféré aller vers la forêt. Ce n'est pas très loin d'ici d'ailleurs.

—Dans la forêt. Tout seul. À cinq ans. Et il dit ça comme si c'était normal. Ce n'est pas de l'innocence, c'est de l'inconscience !

—Pourquoi ?

—...

—Trop pure pour ce monde. Lut Mineko, penché sur son portable. Je suis d'accord, Katagiri-chan.

—Il y a un problème ? Demanda Nanaya.

—Oui, bien sûr qu'il y a un problème. Lança Kenji. Mais je t'en pris, continue. J'irais au gymnase détruire quelques sacs de frappe après ça.

—Hm... ok... il y a un étang par là. Il n'est pas très grand et il n'y a pas de poissons donc il n'intéresse personne, mais il est assez profond.

—Oh non...

—Je n'avais pas vu...

—L'étang ?

—...que trois autres enfants de l'école m'avaient suivis.

—...

—Ils m'ont poussé dans l'eau. Je ne savais pas nager. Mais eux aussi avaient été suivis. Par Kot-chan.

—Ne me dis pas...

—Il a sauté dans l'étang pour me sauver. On est devenus amis après ça et on est toujours restés ensembles.

—...sérieusement ? Il aurait dû aller à Saurity...

—...je ne pouvais pas y aller, alors il s'est inscrit à Darkeas. Mais je suis à Aitori...

—Ce n'est quand même pas de ta faute ! Il a un sérieux problème, à te traiter de cette manière après tant d'années d'amitiés, juste parce que vous n'êtes pas dans la même classe !

—Je ne suis pas sûre que ce soit uniquement pour ça... marmonna Mineko.

—Pour quoi d'autre ?!

—...je vais mener mon enquête. Je ne suis qu'à moitié sûre de moi. »

Kenji soupira. Il jeta un œil furieux vers la table où se trouvait Kotaro, et croisa à nouveau son regard menaçant. Et encore une fois, le futur vilain détourna la tête. Est-ce qu'il regardait constamment dans leur direction ? Kenji s'en désintéressa, dans un grognement, et s'excusa à nouveau auprès de Nanaya pour avoir utilisé son pouvoir devant lui. Son jeune camarade le rassura. Bien que coupé par Mineko, dans son élan de répondre encore une fois « je vais bien ».

Ils terminèrent de dîner en parlant peu, la fin de la discussion se portant sur les différents pouvoirs reçu par les trois d'Aitori, avant de finalement se saluer et se diriger vers les étages. Kenji était parti en premier. Il était chef de dortoir et devait absolument s'y trouver avant le couvre-feu. Nanaya, Mineko et Rena montèrent plus tranquillement les trois escaliers pour atteindre leur étage et Nanaya les salua pour rejoindre directement sa chambre.

Hyokko le regarda se laisser tomber sur le lit aussitôt qu'il fut assez proche.

« Nanaya ? Hésita la créature.

—Ce n'est rien. Marmonna le jeune homme, la voix étouffée par la couverture. Je vais b~... je suis juste fatigué...

—Tu devrais prendre une douche. Ça te relaxerais.

—...ouais. »

Il se releva en s'étirant et prit son pyjama avant de partir dans sa salle de bain. Il n'y avait pas que son entraînement privé. Parler autant et raconter tout ce qu'il avait gardé jusqu'à présent, était tout autant épuisant. Les larmes qu'il avait retenue tout le long de son récit se mêlèrent discrètement à l'eau de la douche. Mais étrangement, il se sentait un peu plus léger.