Park Woojin est le prince héritier du royaume de Silla. Il est réputé pour être un maître exigent et violent, intraitable avec ses subordonnés. Tout le monde le crains. Depuis plusieurs semaines il est furieux et passe sa mauvaise humeur sur qui o...
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YON SOO :
Nous avons beaucoup marché. Ae-hwa semble épuisée. Je le suis également, mais l'envie de regagner mon royaume me motive pour avancer encore. Nous nous arrêtons et je lui offre de l'eau qu'elle boit immédiatement. Nous vêtements sont foncés, pour nous fondre dans la végétation de la forêt que nous traversons. Je suis consciente que lorsqu'ils découvriront notre fuite, ils tenteront de nous rattraper à cheval. Je cramponne affectueusement le bras de ma servante pour lui transmettre ma motivation. Elle me sourit, et nous poursuivons notre progression. C'est très pénible, il fait froid et l'atmosphère est effrayant.
Il fait très sombre et parfois il est très compliqué de distinguer ce qui se trouve devant nous. Nous entendons un bruit lointain, comme des sabots de chevaux qui foulent le sol. Je suis en panique parce que les cavaliers se rapprochent de nous. Nous nous accroupissons au milieu des hautes fougères, en priant pour ne pas être découvertes. Les chevaux galopent en passant à proximité de nous. Je ferme les yeux et croise les doigts, ils ne s'arrêtent pas. Je relève doucement la tête pour apercevoir un groupe de dix hommes de noir vêtus. Je reconnais la troupe de militaires chinois dévoués au clan de la reine. D'où viennent-ils ? Ils ne peuvent venir que du monastère, il n'y a rien d'autre dans les alentours. Comment ont-ils su que nous étions dans cet endroit ? Que savent-ils exactement ?
Autrement dit, nous aurions été repérées par ces hommes si nous n'avions pas fui au milieu de la nuit. Puis, je m'inquiète. J'espère qu'ils n'ont pas blessé le vieux moine qui s'est occupé de nous ! Pourquoi la reine aurait-elle envoyé des hommes au monastère ? Pour moi, enfin , je veux dire, moi en tant que servante ! Si nous étions restées, elle aurait également découvert que la princesse n'était pas morte. Je cache ma peur à Ae-hwa qui n'est déjà pas trop rassurée depuis le passage de la troupe. Ses doutes se transforment en psychose. Son regard effrayé rend son visage effrayant. Elle est sur le point de craquer nerveusement. Je m'approche d'elle, et caresse affectueusement son dos. Elle se calme petit à petit. Je soupire de soulagement. J'ai bien cru qu'elle allait perdre l'esprit et commettre une erreur. Nous attendons que nos poursuivants s'éloignent davantage de nous, pour continuer à nous évader de ce territoire étranger.
Adossée à un arbre, entrain de me rafraichir en buvant et en mangeant, mon esprit s'égare vers ce magnifique prince autoritaire, piégé par son statut qui a su me montrer un peu de tendresse et d'attention. Il est très maladroit dans ses propos, ses gestes, mais je n'oublie pas qu'il est venu me secourir quand la reine a ordonné que je sois fouettée. Également, il a respecté mon deuil quand j'ai appris l'assassinat de mes proches. J'avoue et je le reconnais, il m'a touchée dans sa maladresse. Il a joué un peu avec ma timidité, mais au final, il me respectait tout en sachant que je n'étais qu'une servante. Je le réalise maintenant que j'éprouve un profond et sincère amour pour lui. Je ferme les yeux, la douleur dans mon cœur est quasiment insoutenable.
Je connais les enjeux pour lui et la raison pour laquelle il se bat pour ce mariage. Mais, je suis offensée qu'il mette ses intérêts au-dessus de l'amour. S'il avait réagi autrement, me montrant plus son affection, et ses bonnes intentions à mon égard, je lui aurais dévoilé ma véritable identité. Et, surtout, je lui aurais pardonné d'avoir ordonné mon assassinat. En fait, j'ai peur de cet amour que je ressens pour lui. J'ai peur de ne plus pouvoir être en mesure d'aimer à nouveau. Ae-hwa se repose à mes côtés. Je me demande comment elle a vécu chez ce vieux moine. Elle à l'air en pleine forme. Je suis reconnaissante à Jeon Woong d'avoir pris soin d'elle en la préservant à l'abri des regards. Sans lui, je serais seule au monde.
J'avoue qu'il m'a surprise, il semblait tellement dévoué à son ami, le prince qu'il ne m'apparaissait pas comme quelqu'un qui pouvait ne pas suivre un ordre donné. Je pose mes yeux sur mon amie. Son visage est détendu, rien à voir avec la panique que j'y ai lu tout à l'heure. Nous avons poursuivi notre marche, et à nouveau nous avons entendu des sabots cogner contre le sol. Nous les avons observé, le prince et Jeon Woong. Ils savent désormais pour notre évasion. Ils sont à notre recherche. Je sais qu'ils vont se diriger vers la frontière, tout comme les chinois. Je dois changer nos plans, ils vont nous attendre pour nous empêcher de regagner Koguryo.
L'autre chemin pour rentrer chez nous, et bien plus long et plus dangereux. Ae-hwa ne pourra pas suivre la cadence, et supporter la dureté du périple. Peut-être que nous devrions rester camouflée jusqu'au jour du mariage. Le prince sera destitué ensuite, il ne nous pourchassera plus. Ce qui m'inquiète, c'est l'intérêt de la reine pour moi. J'ai bien compris qu'elle souhaitait se débarrasser de moi. Je garde ces inquiétudes pour moi.
Je laisse donc, Ae-hwa dormir. Je pose une couverture sur elle, et, je me recouvre également en m'asseyant à côté d'elle. Nous devons laisser passer la nuit et réfléchir à une autre évasion. Il aurait été plus judicieux de s'évader la nuit, mais la reine a perturbé nos plans en envoyant ces hommes. Le prince et le général sont intervenus pour nous aider, mais ils ont découvert trop tôt notre fuite. Nous avons également des ennemis que nous ne soupçonnions pas. Je décide de laisser passer cette opportunité. Je ferme également mes yeux, épuisée par la marche que nous venons de réaliser.
Je frissonne. Une petite brise fraiche caresse mon visage. J'ouvre lentement les yeux, la tête d'Ae-hwa est posée sur mon épaule. Le jour se lève, et je commence à découvrir l'endroit où nous nous trouvons. Il s'agit de la place où nous nous étions arrêtés lorsque j'ai voyagé avec le prince et le général pour me rendre au monastère. Je secoue lentement ma servante pour la réveiller, et je me lève. Mes jambes sont engourdies, elles sont douloureuses. Ae-hwa a également des difficultés à se relever. J'inspire à fond pour remplir mes poumons, et j'expire pour y chasser tout l'air. L'endroit est calme. Nous allons emprunter le chemin de gauche qui ajoute des kilomètres supplémentaires.
"- Est-ce que vous voulez manger, votre Altesse ?" Elle m'interroge.
Je constate que même nos provisions ne seront pas suffisantes avec la modification de nos plans. La situation est bien plus compliquée que prévu. Comment allons nous survivre toutes les deux, seules ? Je commence à avoir de sérieux doutes sur la réussite de notre objectif. Je ne peux absolument pas revenir au monastère et me marier avec le prince, ni devenir la martyre de la reine. Je n'ai pas le choix, je dois réellement quitter Silla, quel qu'en soit le prix.
"- Nous allons changé de direction, je pense que l'on nous attend à la frontière !" Je lui dis enfin.
Elle fronce les sourcils. Puis, elle me fixe :
"- Ce n'est pas trop dangereux ?" Elle me questionne.
"- ça l'est ! Et en plus nous prenons le risque d'être à cours de provision !" Je lui avoue.
Elle s'écroule sur les genoux, totalement anéantie. Je lui frotte le dos pour la réconforter.
"- Je sais que notre périble sera éprouvant et dangereux. Personne ne doit savoir qui je suis, tu comprends ?" Je la prends à partie.
Elle hoche affirmativement la tête. Elle n'a pas la même endurance et la même conviction que moi. Je suis énervée par cet obstacle à mon plan initial. L'attitude peu allante de ma servante m'agace mais je me maîtrise parce que je ne souhaite pas l'accabler davantage.
Nous reprenons notre avancée en changeant d'itinéraire. Le soleil commence à cogner sur nos têtes, et brûler nos joues. Je suis assoiffée, mais j'ai décidé de laisser l'eau qu'il reste à Ae-hwa car elle est plus fragile que moi. Ma gorge est sèche, tout comme mon coeur. Mes pas qui était vigoureux au début de notre marche deviennent de plus en plus lents. Je suis déshydratée. La chaleur grandissante du soleil m'épuise et ma tête commence à être douloureuse. J'ai peur de l'insolation. Les jambes faibles, la tête étourdie, je m'écroule le long d'un tronc d'arbre pour me reposer un peu. Je vois flou, j'ai l'impression que je vais m'évanouir. Je n'ai aucune idée du temps que nous avons marché, mais je n'ai plus du tout de force pour avancer davantage.....................................................
