Une princesse sans escorte / Park Woojin Tome 1 saga AB6IX

29. Des épines dans le cœur

WOOJIN :

Je la contemple quitter mes quartiers. Elle semble perturbée. Je fronce les sourcils. Elle ne parvenait pas à soutenir mon regard. L'expression de son visage était très sombre, limite déprimée. Je tourne la tête vers Jeon Woong qui m'informe :

« - Elle a dû entendre notre conversation ! »

Je ferme les yeux et serre les poings.

« - Il semblerait, en effet ! » Je lui réponds évasivement.

Je suis tourmenté par le fait qu'elle puisse me haïr en sachant que j'ai ordonné l'assassinat de la princesse Yeon Yon Soo. Je ne pourrais supporter qu'elle me déteste. Je soupire désappointé. Je la perds définitivement. Ce qui est un grand choc pour moi parce que je réalise véritablement la situation pour la première fois, à sa juste valeur. J'ai espéré pouvoir l'aimer, et être aimé en retour par elle. Aujourd'hui, cette hypothèse ne sera plus qu'un désir inachevé.

« - Surveille-la ! J'imagine qu'elle va tenter de retrouver sa maîtresse ! J'ai peur qu'elle s'égare en tentant de s'enfuir, et puis surtout, elle serait à la portée de nos ennemis. Ils n'ont pas renoncé à l'idée de la tuer ! » J'explique à mon général.

Je suis dans l'obligation de déléguer la mission de la protection d'Ae-hwa à mon ami. Elle ne m'acceptera plus. Je suis responsable de cette situation chaotique. Je suis sur le point de perdre mon statut et la femme que j'aime risque sa vie. Je suis très en colère après moi pour mes mauvaises décisions qui ont engendrées tous ces problèmes.

Pour l'heure, je dois retrouver cette princesse et l'épouser. Je le dois à la mémoire de mon père et à mon peuple. Si le clan de la reine a perdu des partisans, je ne me fais pas d'illusions. Tous ceux qui sont en ma faveur aujourd'hui, retourneront leurs opinions pour adhérer au clan vainqueur.

C'est une très bonne chose que cette servante soit au service de Daehwi. Il saura prendre soin d'elle, en plus de la surveillance de mon général. Je devrais soumettre l'idée à mon cousin qu'elle vive dans ses quartiers, même si cela me brise le cœur. Sa sécurité avant tout !

Jeon Woong a refusé de m'indiquer le lieu de refuge de la princesse. Il est resté silencieux quand j'ai évoqué mon mariage avec celle-ci. Je pense que s'il a désobéi à mon ordre, c'est parce qu'il ne voulait pas sacrifier une innocente qu'il doit trouver à son goût, pour assouvir mon égoïsme. Les plans de mariage sont très contrariants, pour lui comme pour moi. Cette union reste la seule solution pour gagner contre les assassins de mon père.

Mon ami prend congé. Je marche de long en large dans ma chambre. Ae-hwa ! Je pense à elle constamment et à la cruauté du destin ! Pourquoi vouloir nous faire souffrir à ce point ? J'accepte partiellement de la perdre. Pourtant, je souhaite la voir encore une fois, avant d'oublier totalement son existence. Je vais me marier, je ne dois plus ressentir des sentiments pour elle. Je décide de sortir, escorté par mes gardes. Je progresse vers les quartiers des serviteurs. Je stoppe et j'observe longuement. Je ne parviens pas à prendre ma décision. Si elle me dit qu'elle me déteste, je ne vais pas l'accepter. J'admets que je peux paraître comme un monstre sans cœur à ses yeux. Cette image qu'elle se fait de moi, m'attriste. Si je vois son regard de haine sur moi, je vais devenir fou. Je rebrousse chemin pour rejoindre mes quartiers. Ae-hwa ne doit plus exister dans ma tête et surtout dans mon cœur. Je prends cette bonne résolution dans l'intérêt de tout le monde.

***************************************

YON SOO :

Je dois à tout prix retrouver Ae-hwa. Déjà pour qu'elle sache que je suis en vie, et surtout pour pouvoir nous enfuir ensemble. Je suis soulagée de ne plus être seule. Ma confidente, ma suivante, mon amie est encore vivante. Je suis heureuse. Je culpabilisais tellement d'être à l'origine de sa mort, aujourd'hui tout ce poids vient de se retirer de mes épaules. Je ne vais emmener que le minimum. Le seul à savoir où est cachée ma servante est le général. Je prévois de le suivre pour repérer les lieux. Quand je la retrouve, nous regagnerons Koguryo. Je ne laisserais plus jamais personne nous séparer et nous faire du mal.

Je fais donc un paquetage succinct. Je prévois de voyager léger. Je longe les murs de la rue principale. J'avoue que j'ai peur. Je patiente extrêmement longtemps aux abords des quartiers militaires. Il fait froid, je ne sens presque plus les extrémités de mon corps. Je suis fatiguée d'attendre, il doit être très tard. Ce ne sera pas pour ce soir. Je marche rapidement vers mes quartiers, lorsque je suis bloquée par deux hommes ivres. Ils me fixent et s'avancent vers moi. Je suis effrayée. Les larmes commencent à brouiller ma vue. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine.

« - Regarde un peu, qui va là ! » S'exclame un des hommes avec un visage radieux.

J'avale péniblement ma salive. Il avance de plusieurs pas, je recule d'autant. Il rit devant ma frayeur.

« - Une beauté comme toi, ne peut pas rester seule la nuit ! Je me porte volontaire pour te tenir compagnie ! » Poursuit le second homme bien plus jeune que le premier.

Ce n'est pas possible ! Je ne peux pas affronter seule ces deux types éméchés qui peuvent devenir violents ! Je continue à reculer lentement, jusqu'à ce que je me heurte à un corps. Mon cœur explose dans ma poitrine et mes jambes ne me portent plus. Je m'écroule sur mes genoux. Je vois un homme passer devant moi, et se placer en face d'eux. Mes mains tremblent. Je relève doucement la tête, et je découvre d'autres hommes qui accompagnent celui qui s'est interposé. Je reconnais la garde personnelle du prince. Je me redresse, et je le surprends à m'observer de biais. Les hommes ivres sont neutralisés.

Le prince continue à me fixer silencieusement. Puis, ses yeux se posent sur le linge dans lequel j'ai enveloppé mes effets personnels. Il comprend que je voulais m'enfuir. Il écarquille les yeux et attrapent violemment mes poignets.

« - Tu comptais t'enfuir !? » Il me reproche.

Je baisse la tête. Après tout, je n'ai pas à lui répondre. Devant mon mutisme, il secoue violemment ma main. Je suis déséquilibrée et il me retient en passant son bras autour de ma taille et en collant son corps au mien. Je me débats pour lui échapper. Mais, il resserre son étreinte.

« - Calme-toi ! » Il murmure à mon oreille.

Je frissonne. Il caresse mes cheveux. Je ne tolère pas ses mains sur moi. Je me débats à nouveau. Il s'énerve.

« - Je t'ai dit de te calmer ! » Il me parle sèchement.

« - Je sais que tu as entendu la conversation et que désormais tu me détestes ! » Il poursuit.

Je me calme un peu. Il enchaîne :

« - Je ne voulais pas nuire à ta maîtresse ! Mon père m'a imposé un mariage que je ne désirais pas ! J'ai réagi avec beaucoup d'imprudence en décidant de la mort de quelqu'un. J'ai regretté cette décision très longtemps. Cette jeune femme innocente était un sacrifice honteux, je l'avoue. C'est un soulagement d'apprendre qu'elle vit encore ! »

Je ne suis plus en mesure d'en écouter davantage. Je me débats dans ses bras. Nos visages sont très proches, mon cœur bat la chamade. En dépit de tout ce que j'ai appris, mes sentiments existent encore.

Il se penche et ses lèvres s'emboitent parfaitement aux miennes. Je suis choquée au premier abord. Puis, je me délecte du miel de sa bouche. Je suis presque euphorique par la sensation délicieuse de ce baiser. Il pose ses mains sur moi, je me sens transportée par le désir. Il touche ma poitrine et gémit en même temps. Je passe mes bras autour de son cou pour le capturer. Il descend sa bouche dans mon cou. Il devient incontrôlable. J'oublie tout ce qui nous entoure, il n'y a plus que nous deux. Il caresse à nouveau ma poitrine. Je deviens faible et très sensible dans ses bras. Son désir est palpable, Il ne retient plus ses émotions. Il dévore littéralement mes lèvres. Il m'enlace avec passion et force. Il gémit dans mon cou quand je m'accroche à lui. Nous avons perdu l'esprit, transportée par l'amour et le désir. Je n'ai pas envie de mettre fin à ce moment intime.

Puis, il s'écarte brusquement de moi. Je le contemple vexée parce que c'est moi qui aurais dû le repousser. Au lieu de cela, je l'ai accueilli dans mes bras, ma bouche. Il se ressaisit et s'excuse pour son comportement. Il m'humilie en même temps. Il est vrai que je ne suis qu'une servante d'apparence, mais c'est mon cœur de princesse qu'il blesse..................................