Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.
Aujourd'hui, se tenait la session de PSC1. Les participants étaient assis le long du mur, au sein d'une pièce aménagée pour l'occasion. Ils provenaient de toutes classes confondues.
Depuis une bonne demie-heure, le professeur s'attardait sur des bases fondamentales, qu'il illustrait de schémas sur le grand tableau de craie.
« La personne est allongée et inconsciente, vous basculez doucement son crâne en arrière pour libérer les voies aériennes. Si elle respire, vous la placez en position latérale de sécurité et la couvrez de manière à maintenir sa température corporelle, en attendant les secours. Si elle ne respire pas ou presque plus, c'est déjà plus sophistiqué car il s'agit d'un arrêt cardiaque. Le décès survient à très brève échéance, d'où l'importance d'agir rapidement. Une minute cause déjà de multiples séquelles, car le cerveau n'est plus fourni en oxygène. Vous devez procéder à un massage cardiaque à raison d'une série de trente compressions thoraciques, suivies de deux insufflations par bouche-à-bouche. À reproduire jusqu'à réussite. Si possible, dénudez sa poitrine. Pensez à bien lui pincer le nez et à recouvrir hermétiquement ses lèvres. Les pertes d'air sont inutiles et ne vous aideront pas. Si vous êtes seul, veillez à appeler les secours avant d'entreprendre la manœuvre car vous ne devez pas vous arrêter. Dès que la personne retrouve son état normal, cessez la réanimation cardio-pulmonaire. Avez-vous des questions ?
- Le massage cardiaque se fait à quelle fréquence ? une jeune fille s'enquit.
- Environ deux compressions par seconde.
- Et comment on fait pour basculer la tête ? un autre enchaîna.
- Vous posez une main sur le front et élevez le menton.
- Et au niveau de la respiration ?
- Utilisez vos sens. Vous regardez si le ventre ou la poitrine se soulève, vous écoutez en rapprochant votre oreille et vous analysez les flux d'expirations. Plus aucune question ? le silence lui répondit. Ce que je vous raconte là, tout citoyen devrait le savoir. Ce sont des connaissances basiques indispensables à la vie en société. Un inconnu ou un proche pourrait vous en être reconnaissant, un jour.
Monsieur Kim attrapa la brosse d'essuyage pour effacer les schémas.
Jungkook le contemplait à l'œuvre, ne parvenant pas à faire abstraction des derniers événements. C'est plus fort que lui, il y pensait constamment lorsqu'il se trouvait dans son champ de vision. Des palpitations cardiaques bourdonnaient même jusqu'à ses tympans tandis qu'une excitation, habituelle depuis quelques jours, ruisselait dans ses veines.
- Bien, passons à l'obstruction des voies aériennes. Si l'obstruction est partielle, c'est que la personne peut respirer. Vous ne devez en aucun cas pratiquer une technique de désobstruction car vous risquez de l'empirer. Donc, ne lui tapez pas le dos car c'est une fausse bonne idée. Il faut installer la victime dans la position qu'elle préfère, qui la soulage, et l'encourager à tousser pour évacuer ou faire bouger le corps étranger. Vous avez déjà tous vécu ça. Quand vous vous étouffez en mangeant, il s'agit d'une obstruction partielle. Le problème, c'est quand l'obstruction est totale car la personne ne respire plus. Vous devez alors désobstruer ses voies aériennes, en lui assénant entre une et cinq claques dans le dos, avec le talon de la main, entre les deux omoplates. Il se stoppa dans son monologue, le temps d'illustrer ses dires. Si elles sont inefficaces, il faut faire entre une et cinq compressions. La technique varie selon le profil. Pour un simple adulte, les compressions sont abdominales alors que pour un adulte obèse ou une femme enceinte, elles sont thoraciques. Vous répétez le cycle jusqu'à l'apparition d'une toux, la reprise de la respiration ou le rejet du corps étranger. Petite précision : si vous n'y arrivez pas et que la victime perd connaissance, il faudra peut-être réaliser une réanimation cardio-pulmonaire.Si vous avez des enfants plus tard, veillez à ce qu'ils ne mettent pas d'objets à la bouche. Jungkook le dévorait presque du regard. D'un point de vue extérieur on croirait juste qu'il se concentre. Navré pour ceux qui lèvent la main, j'ai pris du retard, vous pourrez venir à la fin. On passe à la pratique. Vous disposez chacun d'un mannequin d'entraînement, il y a la liste des situations à traiter. Je passerai vous voir individuellement. »
Chaque participant prit place et parcourut la fameuse liste. Elle était longue, elle regroupait tout ce dont il avait parlé jusqu'à présent.
Jungkook décida de commencer par le plus rapide, autrement dit par le cas de brûlure. Il fallait y verser de l'eau en contact direct. Cependant Monsieur Kim, ne voulant pas passer la serpillère toute la soirée et ayant un minimum de respect pour le personnel de ménage, avait demandé à survoler cette partie.
Le lycéen enchaîna avec l'hémorragie artérielle de l'avant-bras. Le sang devrait théoriquement gicler en jets saccadés, calqués sur le pouls, mais il paraissait impossible de reproduire ces phénomènes sur un vulgaire mannequin. La zone avait été entourée de feutre rouge, on faisait avec les moyens du bord. Le premier geste consistait à allonger la victime mais cette étape étant déjà remplie, il enfila les gants à usage unique. Se mettre en conditions réelles faisait partie des consignes. Il s'empara de la compresse stérile et procéda à une pression manuelle. Les secouristes spécialisés se chargeaient en temps normal de la suite, car l'hémorragie artérielle ne pouvait pas être entièrement stoppée par cette seule action.
Il poursuivit avec l'obstruction totale, la perte de connaissance exempte de problèmes respiratoires et la plaie simple.
« Tout va bien ?
Jungkook releva la tête et acquiesça. Il se risqua même à lui adresser un timide sourire, aussi bref que discret, tandis que Monsieur Kim s'agenouillait à ses côtés pour jeter un coup d'œil à sa progression surlignée.
- Vous avez bien avancé. Faites l'arrêt cardiaque devant moi en expliquant votre démarche.
Finalement, il n'aurait pas dû commencer par le plus facile.
- On est dans le cas d'une perte de connaissance sans oxygénation ?
- Oui.
À genoux, Jungkook entreprit le massage cardiaque. Mais à peine eut-il commencé qu'il se fit interrompre.
- Qu'est-ce que j'ai dit tout à l'heure ? Vous n'avez donc rien écouté ? D'un ton réprobateur, l'enseignant prononça. Vous devez préalablement vérifier la respiration et appeler les secours. Vous ne l'avez pas mentionné.
- Mince j'ai oublié.
Ensuite, il s'entremêla les doigts. Ses paumes se placèrent à la ligne médiane du centre de la poitrine, sur la moitié inférieure du sternum.
- Bras verticaux et tendus.
Il se corrigea.
- Je commence les trente compressions. Conformément au rythme précédemment indiqué, Jungkook s'exécuta, veillant à ce que le thorax reprenne sa forme initiale entre chaque compression. Puis deux insufflations. Il fit basculer la tête du mannequin en arrière et lui pinça le nez. Penché en avant, toujours genoux au sol, il déposa ses lèvres sur les siennes.
- La bouche, plus ouverte. Ne soyez pas timide avec le mannequin.
Un faible murmure, aux allures intimes, qui faillit le faire rougir. Quelques instants plus tard, Jungkook estima qu'il en avait suffisamment fait et il se redressa.
- C'est bien, vous avez compris le plus important. Par contre... si un jour vous aidez quelqu'un, il ou elle finira avec trois côtes cassées. Vous êtes trop brutal.
- Ah... Jungkook affichait un sourire embarrassé.
- Allons ne faites pas cette tête, tout va bien, il répliqua en se rappelant que le second degré ne marchait pas avec le jeune homme. Il faut simplement faire attention car même si vous connaissez les grandes lignes, sur le moment, la plupart des gens perdent leur sang froid. »
