Les projecteurs s'éteignirent.

rideau

amnésie

abandon

dès le premier cri,

maudit

qui nous a séparés.

Horreur de toi

des nuits passées dans le froid

à essayer de faire taire la flamme

Irrémédiable

Mais toujours, toujours, depuis ce premier cri, une sensation te colle à la peau, un élan avorté dont il reste l'essence : cette impulsion qui guide aveuglément le premier geste,

imperceptible.

Incessamment.

La tête me tourbillonnait.

C'est qu'Andreas m'avait entraîné dans les couloirs, après son solo fabuleux. Il me tenait dans ses bras puis serrait ma tête dans ses mains pour me crier au visage :

« La musique, Vincent, il y a la musique ! C'est ce que tu m'as dit, un jour. Alors arrête de chercher, tu l'as compris-toi-même : ta musique, ce n'est pas une ligne... VIS ! Est-ce que tu m'entends maintenant, est-ce que tu commences à comprendre ? Rien n'est terminé. C'est pour que tu continues qu'il n'y a rien ! Tu n'allais pas t'arrêter à cela ! La musique, Vincent, il y a la musique. Ce n'est pas un moyen ! »

Je me plongeai dans ses yeux verts, comme le premier soir.

« Alors... Alors tu vas jouer ça ? Tu peux jouer ça ?

- Je peux tout jouer, Andreas. »

Je traversai, main dans la sienne, la scène que les techniciens débarrassaient déjà, comme j'aurais traversé l'apocalypse. Son regard me portait, noyé dans la passion. Éclair vert lancé en plein cœur. Victoire nous agonisait d'insultes, et elle se faisait huer par nos admirateurs.

Mes mains, ce sont bien elles, je les sens, qui poursuivent cette mélodie folle, corrigées par Andreas, jusqu'à la révélation.

Tu vas continuer de jouer

Soutenu par les toiles que tu as laissées tisser

Et tu ne trouveras jamais le vide.

Ce sommet-là, il est inaccessible.

« Encore ! »

Des visions naissent, et ce ne sont pas des souvenirs.

Puisque rien ne sera plus comme avant, nous ne serons pas des historiens.

Mais

Chercheurs d'or

Mangeurs d'étoiles

Ogres affamés d'un cœur

palpitant

ScènesWhere stories live. Discover now