3.7
Les grandes salles faisaient la joie d'Andreas. Sa musique allait se déployer au-delà des visages, empire du tigre. Un soir, les rappels n'en finirent pas. Enhardis par des réactions chaleureuses, nous avions fait durer « Perséphone » plus que de raison. Mon cri de frustration se confondit avec celui de la foule quand les lumières s'éteignirent pour nous presser dehors. Ils chantaient encore lorsque nous saluâmes et huèrent à la mort quand nous sortîmes de scène. Dans les coulisses, j'échangeai avec Andreas un regard qui signifiait « Enfin ! » Le public scandait nos noms. Victoire ne le retint pas quand il me saisit par l'épaule et me ramena en pleine lumière sous les acclamations. Tandis que nous saluions encore une fois, il embrassa ma joue et murmura :
« Echoes. Juste toi et moi.
- Lillie va nous tuer ! »
Je ne sus s'il m'avait entendu car il se tourna au son des cris, tira la langue avant d'ébouriffer mes cheveux, de m'embrasser à nouveau, crépitant de joie. « Une dernière, je vous jure ! » cria-t-il vers les coulisses. Je distinguai Guillaume, une bouteille d'eau à la main, lever les yeux au ciel, écœuré.
Il frappait très bas pour faire venir le silence. Son roulement m'enveloppait, implacable comme une force née au centre de moi-même. J'en tremblais, et lui aussi, même à un mètre, je sentais sa chaleur irradier. Tout mon corps était animé d'un mouvement ferme et serein, tel une immense respiration, la sienne, la nôtre. Jamais nous n'avions été si proches. J'avais envie de mourir de joie. C'était miraculeux, c'était
exactement ce que je voulais ressentir
Un bonheur insoutenable à m'oppresser
Un corps chaud qui m'appartenait davantage même que le mien. Ne t'en vas pas -
Jamais, jamais
Sa musique et la mienne, sa musique et la mienne, un battement répété
Je me souviens, à présent, de ce sentiment, de cette volonté de vivre intacte et irrésistible, je me souviens d'où il vient
« ... !! »
Faites que ce soit Andreas, me surpris-je à penser avant de sombrer.
Ce fut ma dernière pensée.
Faites que ce soit la voix d'Andreas. Que tout disparaisse entre lui et moi, que cette quête qui me dévore s'arrête. Je ne veux pas savoir ce qui l'a précédé. J'ai compris, assez, j'ai compris : je veux vivre !
Mais c'est bien comme cela qu'arrive la révélation.
« ARRÊTE !
Il ne reviendra jamais !
Il n'y a rien . »
Noir.
Mon cœur me semblait battre dans ma gorge. Quelque chose me démangeait. Je toussai pour l'expulser, pour le forcer. Je me crispai, ma gorge gonfla et au lieu de la quinte de toux à laquelle je m'attendais, ce fut un cri qui s'échappa brutalement de ma bouche.
« OU ES-TU ?! »
Non.
Oh non non non
Ce n'était pas Andreas, cet écho, ce n'était ni sa musique, ni la mienne, pâles copies de cette vibration d'amour insensé dont le souvenir me revenait avec tout le déchirement de la netteté.
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Scènes
General Fiction"Il avait lui aussi connu ce terrible effroi qui pousse à détruire cette première vie, espérant que sa solitude s'effondrât, pour s'enfuir. Cette fuite, bénie soit-elle. A travers la seule issue que nous connaissions, la musique, elle m'emportait mo...