Nous avançâmes correctement sur le tournage de mes propres scènes durant ce deuxième jour, et j'en ressentit une grande fierté. Cela ne voulait pas dire que le reportage serait prêt sous peu, certes, car il restait un grand nombre de scènes d'invités et d'experts à tourner, sans compter les scènes d'extérieur, le dérush, le montage et la post-production. Tout cela restait un processus long, mais j'avais l'espoir de pouvoir parvenir à terminer en un peu plus d'un mois. C'était très optimiste, mais avec un rythme de travail élevé et quelques bonus pour les membres de l'équipe, tout pouvait être terminé avant la mi novembre, ou au moins avant les fêtes de fin d'année. Dans tous les cas, le temps ne jouait pas en notre faveur, quel que soit l'angle selon lequel on prenait les choses.

La fin de journée arrivée, je n'avais qu'une seule hâte: rentrer à l'appartement, et pouvoir profiter de sa tranquillité ainsi que de la présence de Nokomis. Je ne tardai donc pas à remercier toute l'équipe, à discuter l'organisation des jours de tournages suivants, et à tirer ma révérence pour conduire ma voiture à vitesse déraisonnable dans les rues parisiennes pourtant déjà bondées à cette heure tardive. Lorsque je poussai la porte de notre logement, une douce odeur de viande et d'épice vint me caresser les narines. La chaleur du lieu me frappa de plein fouet, en total contraste avec le froid glacial, presque hivernal, qui s'était abattu comme une chape de plomb sur la capitale française. 

-Bonne journée? Lança Nokomis depuis la cuisine, et un sentiment de chaleur se répandit dans ma poitrine.

C'était réellement... comme être chez soi. C'était l'image qui me venait immédiatement. Peut être devais-je considérer l'achat, pensais-je, mais il fallait que je consulte mes comptes pour cela. Il était hors de question que je me repose sur les ressources de Julian, quel qu'en soit la raison. 

-Fatigante, oui. Rétorquai-je. Mais c'est de la bonne fatigue.

-Tu parles comme une vieille kowo. Ricana-t-elle. 

-Et toi? Bonne journée?

-Pas mauvaise, en tout cas. Mais c'est fou le nombre de rencontres inopportunes qu'on peut avoir dans cette ville de merde. 

J'enlevai mes chaussures et mon manteau tout en répondant.

-Comment ça? Tu as eu affaire à des gens dans la rue?

-Pire, au bas de l'immeuble, à la porte! Grogna-t-elle.

-Probablement un colporteur ou un commercial. Répondis-je en allant m'affaler sur une des chaises hautes du bar, d'où je pouvais observer la jeune suomen, accoudée à son plan de travail tout en regardant son téléphone. 

-Plutôt un paparazzi, oui. Ou un fan, pour ce que j'en sais.

Cela était moins plaisant. Je savais que mon lieu d'habitation ne resterait pas inconnu éternellement, mais j'osai espérer qu'il le serait resté plus longtemps.

-Déjà? Je n'ai vu personne avec un appareil photo, pourtant. Tu l'as fait partir?

-Oh que oui. Dit-elle avec un sourire carnassier. Je n'aimais pas beaucoup ses questions sur toi. Mais bon, après un simple coup d'œil sur internet, j'imagine que t'es vraiment une célébrité.

Elle avait donc cherché mon nom sur internet... je ne savais pas si je devais me sentir heureuse ou gênée à cette idée, sachant que la grande partie des articles parlant de moi récemment avaient plus à voir avec ma séparation qu'avec mon travail.

-J'irai me plaindre à notre propriétaire. Répondis-je. Ils m'avaient assuré la plus grande discrétion, et je n'ai rien fait pour les attirer. Encore en train de chercher des scoops sur mon divorce ou je ne sais quelle autre bêtise... Ces journalistes, alors...

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