32 - Désillusion

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Kévin rentre. Comme il dépose son manteau dans l'entrée, on se précipite tous les quatre aux nouvelles. Marine n'a rien. Il l'a raccompagnée chez elle et après une nuit blanche suivie d'une demi-journée sur une chaise métallique aux urgences, il a très envie de dormir un peu. Je lui propose de refaire son lit avant, ce qui est bien la moindre des choses.

Après avoir retapé les oreillers, je m'apprête à les rejoindre quand les bribes d'une conversation entre Bénédicte et lui, provenant la cuisine, retiennent mon attention. Je m'immobilise dans le couloir.

- On a beaucoup parlé avec Marine. De Raphi entre autre. Ce n'est pas rose son boulot. Ils leur collent la pression pour que les délégués fassent du chiffre. Ils ont des séminaires de remise de résultat avec des coupes, des récompenses. Quand ils font mieux que l'année d'avant, genre trente pourcents, ils ont une prime, sinon, ils touchent juste leur petit fixe. S'ils font moins, ils se font huer par la salle... . Il a deux commerciaux qui ont fait une dépression après le séminaire de l'année dernière.

- Ca craint !

- Ouais... Dire que j'ai incité Sofia à rentrer dans cette boîte. Je regrette, j'aurais du mieux me renseigner avant.

- C'est Raphi aussi, il t'a vendu du rêve. Il sait y faire, relativise Bénédicte.

- Pas tant que ça apparemment. Il a stagné au niveau de ses ventes cette année.

- Tu compte faire quoi pour Sofia ?

- Ben lui dire. Je ne peux pas la laisser se fourvoyer.

- Quand ?

Je rentre enfin dans la cuisine.

- Maintenant, peut-être.

- T'as entendu ? s'inquiète-t-il.

- Pas tout mais assez pour être dégoutée de Cosmens.

- Comment tu te sens ?

Il a fait une nuit blanche, en partie par ma faute, de grosses cernes soulignent ses yeux verts et il est encore assez attentionné pour se soucier de mon ressenti.

- ... Je sais que tu t'étais investie dans ce nouveau job...

- T'inquiète pas, j'en retrouverai un autre.

- Tu sais au cabinet, même Do Sacramento appréciait ton travail. Tu pourrais revenir...

- Anita a repris son poste, non ?

- Comme secrétaire, mais on aurait besoin d'une assistante juridique, me propose-t-il.

Je n'ai pas trop idée de ce à quoi assistante juridique correspond mais j'ai bien envie d'essayer. Reconnaissante du poste qu'il prend le risque de me proposer, je me laisse gagner par une douce euphorie. Il attend une réaction de ma part, le visage à demi-mangé par une barbe naissante, la cravate desserrée et la chemise entrouverte sur sa peau mate, il m'observe. J'ai envie de lui sauter au cou mais après ce qui s'est passé au cabinet, je ne voudrais pas inquiéter Béné.

- D'accord. Je te remercie.

Devinant l'émotion que je cherche à contenir, c'est lui qui se lève et me serre dans ses bras, embrassant mes cheveux, propres heureusement.

- Je suis content que tu sois partante. On va retravailler ensemble.

L'audacieuse Sofia Capriaglini Tome 1 : enquête préliminaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant