2-Lundi, la visite

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Aujourd'hui, on est lundi. Kévin ne travaille pas et attend ma visite hebdomadaire. Je laisse ma fierté sur le pas de la porte. Le salon est toujours impeccable. Béné doit ranger frénétiquement derrière la petite. Moi quand je range une pièce, je bourre les placards et les tiroirs de toutes les cochonneries qui traînent. Ma nièce de dix-sept mois m'accueille les bras ouverts se précipitant de son pas encore hésitant. Je la prends sur mes genoux et me laisse tomber sur l'immense canapé en cuir de buffle. L'accueil du papa est plus réservé. Il prend l'air inquiet qui précède une remarque sur mon absence de travail.

- T'as des projets en ce moment ? Entame t-il.

Je sais qu'il parle de boulot, il ne parle que de ça. Je lui ai caché par prudence que j'avais commencé dans la communication. Avec le recul, je me rends compte que j'ai bien fait.

- Pas vraiment.

- Tu devrais penser à ton avenir. On t'a déjà proposé des opportunités, Béné et moi.

A cette évocation un sourire irrépressible se dessine sur mes lèvres.

- Tu veux parler du job à Rapid'Couture ?

- Par exemple. T'as même pas dépassé la période d'essai.

- Ce n'est pas de ma faute si le caniche de la patronne a déchiré le tissu que j'étais en train de coudre.

- T'étais pas obligée de le provoquer, non plus.

- Il m'énervait, toujours à traîner dans mes jambes. Je l'ai bien excité avec la doublure, il a fini par mordre dedans. Tu l'aurais entendu crier, la chef ! N'empêche, on s'est bien marré.

- On ne peut pas passer sa vie à s'amuser. Béné y travaille depuis des années... .

Un ricanement m'échappe.

- C'est sûr que quand elle veut quelque chose, elle s'accroche. Elle t'a dragué pendant combien d'années ?

- Ne sois pas déplaisante. Et toi, avec Cédric ?

Je hausse les épaules. Débile comme question.

Il devine sa bévue et enchaîne :

- Si ça t'intéresse, je te propose le remplacement d'Anita au cabinet.

- Tu n'as pas peur que je coule la boîte ?

- Essaie d'y mettre de la bonne volonté.

Toujours aussi moralisateur. Pourtant, j'ai besoin de sa compagnie. C'est mon unique lien avec la réussite sociale. Il me dépose une bise sur la joue. Il prend des risques.

Car, il y a autre chose entre nous. Parfois quand on est seuls, je me dis que l'idée doit lui traverser l'esprit. Moi, j'y pense très souvent.

L'audacieuse Sofia Capriaglini Tome 1 : enquête préliminaireDonde viven las historias. Descúbrelo ahora