16 - Debriefing

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Deux heures après, je suis encore tremblante mais j'ai réussi à capter l'essentiel. Plus qu'à retravailler la mise en page. Je souffle...très momentanément. Il est 18h20 et officiellement, je termine à 17h30. Guibert s'approche :

- J'ai besoin du compte-rendu de la réunion, demain sur mon bureau.

- A quelle heure ? Je suis déjà inquiète à l'idée de la charge de travail qui dès 8h30 viendra compléter mon travail au standard.

- Mais, à l'ouverture bien sûr ! Vous êtes marrante !

Je vais devoir rester ici après leur départ pour tenir le délai. Cette fois, Kévin ne peut rien pour moi.

Kévin quitte le cabinet le dernier et me remet un double des clefs.

- Pense à éteindre la photocopieuse... et la clim' chez Guibert, quand même... ajoute t-il avec un sourire entendu.

On est seuls dans le cabinet qui du coup paraît anormalement désert.

- Prends mon bureau, tu seras mieux.

Je m'installe dans le profond fauteuil de cuir. Il me dépose une bise très affectueuse sur la joue. Au moment du contact de ses lèvres sur mes joues, je hume son eau de toilette, si discrète qu'il faut être contre lui pour la percevoir. Même dans mes scenarii, je n'imaginais de situation plus propice à un moment d'intimité.

- Courage, ma puce.

Son regard est si plein de sincère sympathie qu'après toutes les vacheries de Guibert qu'il m'a fallu - sans rien dire - encaisser aujourd'hui, j'ai envie de lui sauter au cou. Il s'attarde un moment près de la porte ouverte, cherchant quelque chose à dire pour repousser le moment de quitter le bureau. Pour le soulager de cette tâche, j'improvise :

- Je peux retirer mon gilet, maintenant que tout le monde est parti. La boutade lui provoque un magnifique sourire. Raphaël Brévin n'a plus la panacée du détartrage fraîcheur. La pénombre emplit progressivement la pièce.

- Fais ce que tu veux, profites en !

Je le rejoins à la porte pour fermer derrière lui. Je me hisse sur la pointe des pieds pour lui déposer une bise mais il se retourne prestement et nos lèvres se frôlent. Il ne se dégage pas comme je m'y attends mais poursuit la besogne avec soin, cherchant ma langue avec la sienne. Brutalement, j'ai le niveau d'hormones qui atteint son paroxysme. Une onde aussi agréable que déplacée effectue des allers-retours dans mon ventre. Ses mains se glissent sous mon chemisier qui ne ferait guère d'histoire pour s'enlever. Il s'extirpe pourtant de ce piège et pose enfin les mains sur mes épaules pour m'écarter doucement, presque à contrecœur. Il murmure :

- Non, je suis marié.

Devant la porte déjà refermée, je reste sidéréepar son prétexte. C'est quoi cette fausse-raison ? Mon « frère »vient de me rouler une pelle et la seule excuse qu'il donne pour s'interrompreest qu'il est marié ?! Encore une fois, je ne pourrai confier tellehonteuse nouvelle à personne. L'onde continue de me parcourir délicieusement leventre. Le compte-rendu de Guibert devrait me refroidir les idées.

L'audacieuse Sofia Capriaglini Tome 1 : enquête préliminaireWhere stories live. Discover now