10 - Dévoilée

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Le désagréable grésillement de l'interphone met fin à ce moment de quiétude.

- T'attends quelqu'un ?

L'espace d'un instant, je ne pense plus à Kévin. Cédric me regarde moqueur.

- Qui veux tu que ce soit un samedi matin avant huit heures ? Allez, habille-toi.

Kévin se pointe à n'importe quel moment là où je réside. Avant, c'était chez ma mère où il prenait place parmi les peluches de ma chambre, maintenant il impose cette intrusion à Cédric. Il doit détester les adeptes de la grasse matinée. Toujours est-il qu'il a constamment un bon prétexte.

- Salut, j'ai quelque chose qui va t'intéresser. Anita part plus tôt en congé. Il tient un sac de croissants.

A une époque, encore pas si lointaine qui remonte à vingt-quatre heures, j'avais envie de l'attirer dans mes draps, là j'ai envie de le mettre à la porte mais les croissants me tentent bien. Ce serait mal poli de prendre le sac et de refermer la porte sur lui. A contrecœur, je l'invite à entrer.

- Un samedi...

J'attendais plus tard la confrontation entre l'homme que j'aimais hier et celui avec qui je viens de passer la nuit. Par chance, je n'ai jamais parlé à Cédric de mes sentiments pour Kévin. Même dans le pire état de déprime où à défaut de parvenir à me remonter le moral, il écoutait en s'assurant de remonter le niveau de mon verre, je n'ai rien lâché. Du moins, pas que je me souvienne.

- Ben quoi ? Kévin glisse des regards de Cédric vers moi. Vous avez passé la nuit à vous envoyer en l'air ?

Ce n'est pas avocat qu'il aurait dû faire mais flic. Et moi, au lieu de prendre un air détaché ou de rire, je deviens pivoine et bafouille un « non » juste bon à me trahir.

- Alors ça y est ! Félicitations !

Le pire c'est qu'il a l'air vraiment de penser ce qu'il dit.C'est encore plus humiliant pas le moindre regret, pire on le dirait soulagé. Sa sincérité est vexante.

Cédric lui propose un café mais heureusement, il décline l'invitation prétextant que Béné l'attend. Devant la porte refermée, la vision mentale de Béné accueillant Kévin avec un décolleté pigeonnant ne me pince plus le cœur.

- Tu parles ! dis-je à Cédric, il a obtenu ce qu'il voulait savoir. Tu ne te pointes pas chez les gens à sept heures et demie un week-end à moins de vérifier s'ils couchent ensemble.

- Il est pire que toi, alors, se moque-t-il.

L'audacieuse Sofia Capriaglini Tome 1 : enquête préliminaireWhere stories live. Discover now