Juste après la Fin du Monde

KouignAmandine által

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Qu'est-ce qui se passe, après la fin du monde ? Több

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 40

Chapitre 39

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KouignAmandine által


— Ohla, commandant, sergent, soldat, peu importe... C'est une enfant.

Mathias s'était retenu de poser une main pacifique sur l'épaule d'Hayden – il était armé, le bougre – mais tenta d'user de toute la diplomatie possible en l'espace de quelques mots pour le convaincre de ne pas tenir en joug une enfant de 10 ans... qui n'avait rien fait, par dessus le marché. Mitsu aussi s'était précipité sur le lieu du crime, se plaçant par réflexe dans le champ de vision des militaires. Elisabeth, quant à elle, tenait toujours tout contre elle une Julie sur le point de sangloter, perdue face à la réaction de ceux qui étaient sensés les tirer d'ici.

Tout le reste de la foule était concentrée de l'autre côté des barricades, le temps était à la liesse et la plupart avaient déjà oublié qu'ils venaient de tenter de se soulever contre leur propre armée.

— Tu cherchais ton mouchard, tu l'as.

Hayden désigna d'un signe de tête la source du bip régulier : un simple détecteur sans doute, dans la même veine que la technologie qui permettait aux Eugénistes de tracer leurs espions. Si il avait la décence d'avoir l'air contrit, il ne semblait absolument pas prendre la mesure de l'incongruité de son geste.

— Tu as vu son âge ? Elle n'espionne sûrement pas au service de l'ennemi, tu ne vas pas la mettre aux fers pour ça...

Mitsu s'était avancé d'un pas de plus, constituant un mur visible entre les soldats et Julie.

— Une adoptée, seule ? Dans le contexte, vous auriez pu vous méfier quand même, commenta Hayden. On va juste la surveiller, par mesure de sécurité, le temps de lui retirer le traceur – et toutes les données emmagasinées dedans.

Eli soupira, inutile de chercher à boucher les oreilles de l'enfant dans ses bras – sans compter qu'elle était bien assez intelligente pour comprendre une partie de ce qui était en train de se passer. Mais il était hors de question qu'on la menotte pour la punir d'exister. De véritables sanglots s'échappaient maintenant du tas de cheveux blotti contre elle, elle la serra un peu plus fort dans l'espoir de lui faire comprendre qu'ils ne la lâcheraient pas.

— On va la surveiller, dit simplement Mathias.

Il avait toujours ce réflexe d'initier le contact physique avec Hayden mais se ravisa encore une fois :

— On va la garder avec nous et on la surveille, pas besoin la braquer comme si elle était une criminelle. – il pointa de la main le militaire qui attendait les ordres bien sagement, son arme visant toujours une fillette de 10 ans – Soyons raisonnable, il y a bien assez de fous sans ce souterrain, et je crois que tu as mieux à faire.

— Tu sais très bien qu'on va perdre des années de bataille si jamais ils mettent la main sur elle, tenta-t-il.

— Je te jure qu'elle ne me quittera pas d'une semelle jusqu'à ce qu'on sorte.

Il eut l'outrecuidance de lever la main droite comme s'il jurait devant une cour.

— Tu as vu ce que ces fous ont fait à Sarah, rajouta Eli, on peut régler ça sans se comporter comme des sauvages.

Hayden soupira, prenant la mesure de la décision. Elisabeth profita du silence pour le supplier :

— S'il te plaît, Hayden.

Il se laissa quelques secondes de réflexion avant de capituler.

— Vous ne la lâchez pas d'une semelle, il est hors de question qu'ils leur mettent la main dessus et ils ne sont que quelques centaines de mètres derrière.

Un soupir de soulagement traversa le petit groupe, Elisabeth se releva enfin tout en prenant la main de Julie dans la sienne.

— Merci ! cria-t-elle.

Les deux militaires déguerpissaient déjà sans demander leur reste, Hayden répondit par un geste de la main discret par dessus son épaule.


L'allégresse s'était vite transformé en attente : on « accompagnait » gentillement Martha, la poignée de survivants restant sous terre s'était assisse le long des murs pour laisser les militaires faire leur travail – creuser un trou, en coopération avec le reste de l'équipe au dehors – et chacun attendait avec plus ou moins de patience et de stress de savoir qui allait crier victoire le premier.

Comme promis, Eli et Mathias surveillaient Julie de près pour éviter une fuite ou un kidnapping inopiné – tant et si bien que l'enfant s'était endormie sur les genoux de la jeune femme.

— Les nerfs, commenta cette dernière en caressant doucement ses cheveux.

— En sortant d'ici, je vais me faire masser pendant 3 heures.

— Tu devrais prendre une douche avant. – il laissa échapper un rire – Où est Mitsu ?

— Il a dit que je lui cassais déjà les pieds, je crois qu'il questionne des soldats sur leurs techniques d'assaut.

Elle acquiesça, comprenant un instant trop tard qu'un silence gênant allait s'installer si elle ne répondait pas. Et ledit silence s'installa.

Durant quelques secondes – ou minutes, ils n'auraient su dire – ils restèrent assis sans un mot, à regarder le reste du camp s'affairer ou s'exciter à la pensée qu'ils n'étaient plus qu'à quelques minutes de leur sortie. La main d'Elisabeth avait fini par se poser délicatement sur la tête de Julie, immobile, tandis qu'elle s'était perdue dans ses pensées. Revenir à sa vie d'avant ? Cette pensée lui faisait autant envie que de rester ici quelques années de plus.

— Dis-moi, dit soudainement Mathias.

Elle sursauta, sortie abruptement de son fil de pensées. Tournant la tête vers lui, elle attendit la suite.

— Je me suis toujours demandé – il fit une pause, cherchant ses mots – ce que tu avais bien pu faire pour passer ton temps à te flageller comme ça.

Il fallait bien y passer un jour, se dit-elle, et aucune porte de sortie disponible – pour l'instant.

— J'ai abandonné celle que je considérais comme ma meilleure amie après qu'elle ait fait une tentative de suicide... De la lâcheté pure, j'ai fui la ville pour tout recommencer ici. – il ouvrit la bouche aussitôt pour répondre mais elle le coupa – Je sais, pas classe du tout, mais c'est fait. Je vis avec.

— Je ne parlais pas de ça.

Il eut soudain l'air très gêné, il ramena ses genoux devant lui, les enserrant de ses bras et se pinça les lèvres avant de parler :

— C'est juste que tu fais toujours ses allusions à ta vie en surface, comme si tu étais cette hors-la-loi terrible que je m'empresserais de mettre sous verrou une fois sortis...

Elle apprécia qu'il passe sur sa confession comme si elle n'avait rien dit, quoiqu'elle mettrait sa main à couper qu'il ramènerait le sujet un jour sur la table si il en avait l'occasion. Ça tombait bien, elle ne comptait pas lui donner.

Comme elle ne répondit pas, il continua :

— Moi, je ne vois qu'une étudiante avec le cœur sur la main qui aide qui elle peut.

Nouveau silence.

— Je dirai même une écorchée.

Elisabeth soupira, de dépit, de fatigue. Elle était lasse. Lasse de courir. Avant de répondre, elle vérifia que Julie dormait toujours : quelque part, elle n'avait pas envie de partager cette conversation avec elle.

— Ça ne paye pas, d'être étudiante, j'ai du trouver une autre source de revenu.

Il ne dit rien, lui laissant le temps de parler à son rythme.

— Il s'avère que ce qui paye bien, c'est souvent de traîner dans les lieux peu recommandables. Si on m'a appris à me servir d'une arme c'est parce qu'on en a souvent besoin dans les bars qui font du blanchiment d'argent pour les dealers de la ville.

Une pierre lui tomba au fond de l'estomac, elle l'avait dit. Le secret qui lui rongeait l'estomac depuis des mois déjà.

— Et ? demanda Mathias.

— Comment ça, et ?

— Tu sers des paloma et tu encaisses des cocktails factices, on a vu pire quand même... Vu comment t'en parlais, je m'attendais presque à un fight club.

Elisabeth fronça les sourcils, en proie au doute. Il se moquait d'elle ?

— Tu sais très bien que ce n'est pas le blanchiment d'argent en soi qui sont concernés ici...

Il était bien placé pour savoir que si un club se lançait dans ce genre d'affaires, toute la panoplie du crime suivait : des simples rixes aux règlements de compte pur et simple.

— Je te vois mal tuer ou casser la gueule à quelqu'un, honnêtement.

Elle rougit, presque piquée au vif – satanée fierté – mais choisit de ne pas répondre.

— Tu as déjà vu des magnats du crimes se faire arrêter en s'attaquant à toutes les petites mains ? ricana-t-il.

Alors qu'elle claqua de la langue, elle aperçut un sourire se dessiner dans sa joue :

— Écoute, il y a quelques semaines, je t'aurai sans doute collée en garde à vue pour te remettre les idées à la place mais je crois qu'on a des soucis plus importants dans ce pays...

Il pointa son menton vers Julie.

— Et je crois que tu te punis un peu trop pour une erreur de parcours.

— Et qu'est-ce qui te fait dire que je ne vais pas y retourner en courant dès qu'on sort d'ici ? demanda-t-elle méfiante.

— Je crois que t'en a un peu marre, en fait.

Et même si le sourire qu'il lui adressait était doux et sans arrière-pensées, elle n'eut pas le cœur de lui donner raison.

— Et je crois que t'as fait ça pour survire, et sans doute te punir un peu.

Un sifflement les interrompit : Mitsu s'était tourné vers eux avec un grand sourire, il leur fit signe de le rejoindre. Un improbable rayon de soleil filtrait derrière lui, tombant d'un affleurement dans la roche qui venait à peine d'être ouvert. Sans attendre, Mathias se leva et épousseta son pantalon. Il tendit une main à Elisabeth pour l'aider à se relever, un large sourire illuminant son visage :

— Prête à trouver une nouvelle vie ?

Il ne croyait pas si bien dire.

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