Avec la convalescence de Ëten, Öta avait immédiatement repris les rênes du domaine.
Il n'était pas question de fuir ses responsabilités. Il passa les jours suivant le nez dans les documents.
Mais il se rendait compte qu'il ne serait pas capable de tout gérer seul éternellement. De ce fait, il décida de contacter son oncle.
L'homme était le frère aîné de Ëten et vivait dans leur pays d'origine : l'Est.
Öta l'avait rencontré à plusieurs reprises dans son enfance, quand il venait rendre visite à son père. Il se souvenait que les deux hommes étaient très proches.
Il espérait que revoir son frère redonnerait le sourire à Ëten. Et qu'il pourrait l'épauler.
Et Öta misait beaucoup sur la venue de son oncle. Peut-être l'homme pourrait-il lui en apprendre plus sur le passé de son père ? Et sur ces feuilles qui ne cessaient de pousser ?
Elan quant à lui, resta aux côtés de Öta.
Il appréciait beaucoup le jeune homme et tenait à lui servir de soutien moral. Il faut dire qu'il en avait bien besoin avec tout ces événements.
Mais plus que ça, son cas le passionnait ! Il l'examinait chaque jour avec attention, prenant des notes et tentant de comprendre comment évoluait ce mal.
Et il devait bien l'avouer... dormir dans des draps doux et manger à l'œil, c'était tout de même le pied !
« J'ai une bonne nouvelle ! Oncle Üter va venir ! »
Öta avait envoyé une lettre à son oncle, lui expliquant les derniers événements et lui demandant de venir au plus vite.
Il n'en avait pas parlé à son père, par peur de le décevoir en lui annonçant un refus.
Si bien qu'en recevant enfin la réponse, qui était positive, Öta se fit une joie de partager la nouvelle avec son père.
Les yeux de Ëten s'éclairèrent et un sourire illumina son visage.
Öta fit la route jusqu'au port afin d'accueillir son oncle Üter.
Après avoir longuement discuté avec Elan, ils avaient décidé de ne pas cacher les feuilles qui poussaient sur son visage et ses cornes.
En effet, les habitants du Nord ne connaissaient que la Magie Blanche. Et celle-ci ne provoquait pas cet effet sur ses mages.
Ils n'avait donc aucune raison de soupçonner quoi que ce soit. Öta avait peu de chance d'être dénoncé.
Après tout, sa race était connue pour son physique... différent. Les attributs animaux des Etris attiraient toujours le regard. Les cornes de Öta ne passaient jamais inaperçu.
Il ne s'inquiétait donc pas beaucoup. Quand on lui posait la question, il répondait qu'il s'agissait d'une maladie héréditaire typique de l'Est.
Après tout, il n'était peut-être pas si loin de la vérité ?
Revoir son oncle rendit Öta heureux.
Il avait toujours apprécié l'homme, gardant de très bons souvenirs de lui.
Quand il venait leur rendre visite, il était toujours accompagné de ses enfants. Öta aimait bien jouer avec ses cousins, qui lui manquaient parfois.
Aujourd'hui, tout comme Öta, ils devaient être adultes.
Il aurait apprécié de les revoir, mais ces derniers ne pouvaient plus faire le voyage. Ils avaient des responsabilités maintenant qu'ils dirigeaient la ferme de leurs parents.
Mais tant pis ! Öta avait hâte d'entendre toutes les histoires que son oncle allait lui raconter sur la vie dans l'Est. Il rêvait de s'y rendre un jour.
Il souhaitait voir la ferme de Üter, le village où son père avait grandit, les magnifiques forêts qui l'entouraient...
Öta avait longuement réfléchi à la manière d'aborder le sujet des feuilles et de la magie auprès de son oncle.
Ce dernier allait évidement remarquer le physique de Öta, mais il s'imaginait devoir lui tirer les vers du nez, insister longtemps.
Aussi, quand Üter fit le premier pas, alors qu'ils avaient à peine quitté le port, Öta n'en revint pas.
Il tenta immédiatement de poser des questions, mais Üter le coupa et répondit :
« Plus tard. Laisse moi retrouver mon petit frère, je te dirais tout ce que je sais lorsque nous serons posés. »
Ce furent des retrouvailles joyeuses qui réunirent les deux frères.
Ëten et Üter ne s'étaient plus vus depuis des années, chacun s'occupant de sa famille. La terre et la mer les séparaient, mais leurs cœurs étaient restés liés.
C'est un grand festin qu'ils partagèrent ce soir là.
L'alcool, les souvenirs de jeunesse et les éclats de rire coulèrent à flot.
Öta n'avait pas vu son père aussi heureux depuis des années.