La fosse des Lamentations

By LittleMissSadistic

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Quand le monde bascule dans l'ombre, seuls de véritables héros peuvent le sauver. Tout le monde pensait les c... More

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La vie du Seigneur Hiwang
Le souffle d'un renouveau 1
Le souffle d'un renouveau 2
Le souffle du renouveau 3
Le souffle du renouveau 4
Le souffle du renouveau 5
L'ère du chaos 1
L'ère du chaos 2
L'ère de chaos 3
L'ère de chaos 4
Lère du chaos 5
Les Champions des Sectes 1
Les Champions des Sectes 2
Les Champions des Sectes 3
Les Champions des Sectes 4
Les Champions des Sectes 5
Les larmes des Morts 1
Les larmes des Morts 2
Les larmes des Morts 3
Les larmes des Morts 4
La Fosse des Lamentations 1
La Fosse des Lamentations 2
La Fosse des Lamentations 3
La Fosse des Lamentations 4
La Fosse des Lamentations 5
Le Talion Infernal 1
Le Talion Infernal 2
Le Talion Infernal 3
Promenons-nous dans les bois 1
Promenons-nous dans les bois 2
Promenons-nous dans les bois 3
Promenons-nous dans les bois 4
La Caresse Divine 1
La Caresse Divine 2
Aux jardins enchantés 1
Aux jardins enchantés 2
Une noirceur spirituelle 1
Une noirceur spirituelle 2
Une noirceur spirituelle 3
Sous la voûte ensommeillée 1
Sous la voûte ensommeillée 2
Sous la voûte ensommeillée 3
Un si grand soleil 1
Un si grand soleil 2
Un si grand soleil 3
Un si grand soleil 4
Un si grand soleil 5
À nos prochaines rencontres 1
À nos prochaines rencontres 2
Devenir parent 1
Devenir parent 2
Devenir parent 3
Devenir parent 4 /!\
Adoptons un chiot ! 1
Adoptons un chiot ! 2
Adoptons un chiot ! 3
La Mort s'invite 1
La Mort s'invite 2
La concrétisation du présage 1
La concrétisation du présage 2
La concrétisation du présage 3
La fureur de l'amour 1
La fureur de l'amour 2
Nul renouveau 1
Les noces enchantées 1
Les noces enchantées 2
La valse de l'incertitude 1
La valse de l'incertitude 2 /!\
La valse de l'incertitude 3 /!\
Le retour des ténèbres 1
Le retour des ténèbres 2
Les fragments du passé 1
Les fragments du passé 2
Les noces funestes 1
Une âme sous le voile 2
Les tintements de cloche 1
Les tintements de cloche 2
L'écho de la raison 1
L'écho de la raison 2
La mort du Seigneur Hiwang 1
La mort du Seigneur Hiwang 2
La mort du Seigneur Hiwang 3
La mort du Seigneur Hiwang 4
La mort du Seigneur Hiwang 5

Une âme sous le voile 1

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By LittleMissSadistic

— Arrêtez-vous là ! somma un garde d'une voix rauque à force de crier. Vous le regretterez ! Il finira par vous tuer ! Arrêtez ! De ! Vous ! Enfuir !

Bien évidemment, Wulong ne l'écouta pas. Il continua sa course folle à travers la forêt de Jiǎo huá. Il venait à peine de quitter le Talion Infernal et il ne comptait pas y retourner de sitôt. Bientôt trois semaines qu'il pourrissait au fond des cachots de la capitale ; il sentait enfin l'air frais sur son visage, le vent fouetter ses cheveux grisés par la poussière, ses pieds parcourir un nouveau sol, une terre trempée qui éclaboussait son vêtement sale. Son allure dépassait tout entendement, il n'avait jamais couru aussi vite. Il appelait toute son énergie, tout ce qui restait en lui, il transmettait ses dernières forces à son corps.

Cependant, ces deux gardes qui le pourchassaient menaçaient sa maigre liberté. Ils hurlaient, proliféraient des avertissements à tout-va et n'abandonnaient pas cette traque à l'homme. C'étaient eux qui s'occupaient aujourd'hui des prisonniers, qui avaient ouvert la cellule de l'alchimiste et qui s'étaient laissé berner par sa fausse sympathie. Wulong avait usé de ses charmes sur eux, des yeux doux et des sourires enjôleurs, puis il s'était facilement échappé à leur vigilance. S'ils revenaient sans lui, ils mourraient pour sûr. Mieux valait donc qu'ils attrapent ce fuyard.

— Mais où est-il encore passé ?! grogna férocement un des deux. Je lui tordrai le cou à celui-là ! Il mènera à notre perte...

— Tant que nous le rapportons vivant au maître, tout ira bien... Et en bon état !

Trois semaines qu'il servait uniquement à soigner les quelques gens de Jiǎo huá dont les Ombres souhaitaient obtenir des informations ; elle les torturait et il les maintenait en vie. Il ne tolérait plus les braillements d'agonie et les supplications ; au final, il participait à toute cette souffrance, et il le refusait. Il se trouvait atrocement répugnant et il ne voulait plus tourmenter des innocents. Assez ! C'est pourquoi il ne mettrait plus un pied au Talion Infernal. Mais les gardes, eux, s'animaient d'un viscéral instinct de survie qui surpassait probablement la révolte de Wulong.

L'alchimiste s'embroncha sur une racine. Il ne chuta pas, conscient que cela alerterait ses poursuivants. Seulement, cet obstacle le déconcentra une seconde. Exactement le temps pour qu'un garde bondisse en face de lui, bâton à la main. Puisqu'il savait que cet homme ne prendrait pas le risque de le blesser, il fonça droit sur lui et le bouscula pour passer. Cela aurait fonctionné, car, en effet, il se décala pour éloigner son arme de l'alchimiste ; mais le second ne lui octroya pas la même amabilité. Au contraire, il l'empoigna par un bras, le souleva au-dessus de lui et le jeta brutalement au sol.

Sonné par le choc, Wulong se redressa en toute hâte et ne put se remettre sur pieds, car il se serait écroulé à cause des vertiges. Il reçut un coup entre l'épaule et le cou, un point sensible du corps humain. Ses yeux se brouillèrent de noir et il s'évanouit.

Il se réveilla dans une position peu confortable...dans les prisons. Un sanglot le saisit dans l'instant, mais il ravala ses larmes. Tant pis ! Il n'aura qu'à s'évader de nouveau. De toute façon, son quotidien se constituait de plans d'évasion entre deux séances de torture. Il se releva, appuyé contre la paroi, mais la pierre dure n'adhérait pas vraiment avec sa peau. Il entendit des pas et il devina ce qui l'attendait. Encore des réprimandes.

— Bon ! Nous avons rendu notre rapport et comme vous le remarquez, vous nous avez derechef attiré des ennuis ! gronda le garde de tantôt, en pointant une marque rouge sur sa joue. Sauf que cette fois, vous ne vous en tirerez pas aussi aisément ! Le maître exige de vous voir... Je ne crois pas que vous ressortirez entier de cette entrevue !

Devenant extrêmement pâle, Wulong essaya de se retenir à la paroi rocheuse sans succès. Les deux bougres le saisirent et le traînèrent hors des geôles en direction du temple. Il redoutait de rencontrer l'homme possédé par les Ombres. Il n'avait toujours pas eu vent de l'identité de cet hôte, d'ailleurs. Toutefois, les gardes ne le conduisaient pas devant lui. Pire ! Il comprit la direction qu'ils prenaient trop tard pour amorcer une énième fuite. Une porte s'ouvrit et il fut propulsé dans une pièce étrangement illuminée par les agréables rayons du soleil. L'aube se levait petit à petit.

Il chercha à se forger une contenance. Il dépoussiéra sa robe, glissa ses cheveux derrière ses oreilles et s'avança dignement, la tête haute et les traits hautains. Planté à la fenêtre de cette chambre, Yichen écoutait les flammes ravager le Talion Infernal, les citoyens supplier pour leur vie. Se délectait-il de ce mal ? Qu'importe ! L'alchimiste n'en voudrait jamais à son amant, puisqu'il n'était pas lui-même.

— C'est un ordre : ne t'enfuis plus.

Cette voix chaude, mais désormais mécanique, brisa le silence. Yichen pivota délicatement. Là dernière fois qu'ils s'étaient vus, le jeune homme s'était comporté comme une brute sans retenue. Il avait effrayé l'alchimiste qui avait perdu l'amour de sa vie. Pourtant, à cet instant précis, alors qu'il s'approchait de lui jusqu'à encadrer de ses mains rugueuses les joues creusées de Wulong, il se montra d'une douceur douteuse. L'alchimiste trembla quelque peu, apeuré d'une violence qui ne venait pas.

— Il s'agit de ta sixième fois. Combien encore avant que tu comprennes où tu dois être ? Ta place est à mes côtés. N'est-ce pas ? Ne t'enfuis plus.

Et l'aîné avait désespérément envie d'obéir. À un tel point qu'une perle salée roula sur ses pommettes apparentes. Yichen l'essuya et le prit dans ses bras dans un échange chaleureux et bienveillant, une étreinte qui ne blessait pas l'alchimiste et qui ne le poussait pas tout droit dans les limbes infernaux.

Wulong ne comprenait absolument pas cet élan, mais il lui semblait retrouver son amant d'autrefois. Trois semaines qu'il n'avait plus senti l'effluve sucré de son parfum, qu'il n'avait plus entendu ses battements de cœur réguliers qui le berçaient. Il voulait plus que tout demeurait auprès de cet homme.

Le jeune guerrier glissa une main dans la sienne et le guida jusqu'à une salle adjacente. Une salle d'eau. Une demi-douzaine de paravents et un immense contenant en forme de cube en bois qui pouvait accueillir plusieurs personnes pour le bain laissaient entrevoir des vapeurs. D'une tendresse inouïe qui retournait complètement l'esprit de l'alchimiste, Yichen plongea ses doigts sous le tissu de sa robe et le lui ôta. Nu, mais loin de s'en gêner, Wulong obtempéra quand il lui indiqua l'eau. Il y pénétra et se réchauffa tout de suite. L'alchimiste était toujours à l'affût, mais profita rapidement de ce confort inopiné.

— Cet endroit, souffla-t-il, il me paraît bien grand... Ne seraient-ce pas les appartements privés du Patriarche de Jiǎo huá ?

— Tu as remarqué ! s'enjoua Yichen, d'un faible sourire. Les Ombres m'ont officiellement proclamé Gouverneur de ce territoire. Oublie les Patriarches, les Jeunes Maîtres et tout ce système de Sectes et de Clans révolu... Ce monde est devenu le vaste Empire de mes maîtresses, la chance me suit puisqu'elles m'ont gratifié de cet honorable poste.

— Ridicule, soupira Wulong. Vous ne parviendrez jamais à terminer ce stupide projet ! Malgré la puissance de tes soi-disant maîtresses, quatre Sectes, quatre peuples les confrontent. Ils ne baisseront pas les bras ! Et vous périrez tous...

Le cadet s'éloigna momentanément pour se munir d'un tissu et vint s'asseoir au bord du bain, près de là où se trouvait l'alchimiste. Il le trempa dans l'eau et s'évertua à nettoyer sa peau de toutes les impuretés. Wulong n'y tenait pas, il pouvait se débrouiller, mais la présence de son amant l'apaisait. Il lava d'abord le haut de son corps, puis le fit plonger entièrement pour rincer sa chevelure, celle-ci redevenait peu à peu blanche. En remontant à la surface, l'alchimiste respirait lourdement. Il n'osait pas regarder Yichen qui le dévorait de son regard empli de noirceur. Subitement, un détail le frappa et il ne réprima pas sa curiosité.

— Puis-je savoir pourquoi parles-tu en ton nom ? questionna l'alchimiste. Les convertis des Ombres ne détiennent pas cette faculté, puisque les âmes disparaissent et qu'elles sont seules aux commandes du corps.

— Je te l'ai dit, tu n'écoutes pas ! Elles me font confiance, voilà tout.

Il n'y croyait pas une seconde. Soit il n'était plus possédé et il restait de son plein gré, soit il l'était et par conséquent, les Ombres s'exprimaient pour lui. Jouaient-elles la comédie ? Mais, à quelle fin ? Yichen coupa ses réflexions et lui tendit la main, l'accompagnant pour se relever et sortir du bain. Tout de suite, il lui présenta un drap pour s'essuyer le corps, tandis qu'il se chargeait d'essorer ses cheveux. Une légère humidité persistait, mais il l'habilla d'une longue robe immaculée. Propre, le jeune guerrier lui imposa de s'allonger sur le lit.

— Repose-toi, tu le mérites. Les Ombres sont fières de ton merveilleux travail ; grâce à toi, elles obtiennent des résultats rapides et fiables.

Évidemment ! Les victimes de leur fureur étaient torturées nuit et jour parce que Wulong leur transmettait sa vitalité. Ils recevaient les pires douleurs, souffraient le martyre, sans mourir et sans pouvoir perdre connaissance, subissant impitoyablement. Dès que les Ombres souhaitaient des informations, ils révélaient tout afin de trépasser plus vite. L'alchimiste se dégoûtait. Il avait juré d'user de son pouvoir pour sauver des vies, pour préserver n'importe quel être humain.

Quelle honte ! À chaque torture, il se déshonorait un peu plus. En réalité, il refuserait d'agir pour ses ennemies, il ne cherchait pas à se protéger par la soumission ; mais, il aspirait à ramener coûte que coûte Yichen.

— Dans ce cas, fit Wulong sur un ton désobligeant, tu diras à tes maîtresses que je les aurais déjà quittées si tu n'étais pas là. Qu'elles ne comptent pas trop sur moi ! Dès l'instant où tu reprendras tes esprits, nous nous enfuirons. Je ne leur permettrai pas d'utiliser à leur guise mon Yichen.

Ce dernier grimpa sur le lit à ses côtés et se positionna sur lui, l'enjambant. Pour ne pas l'écraser, ses avant-bras supportaient son poids. Il observait son aîné avec une telle affection, Wulong ne saisissait pas. Il avait l'air si gentil. Que cachait-il ?

Il se pencha et le jeune homme tenta un baiser au creux de sa nuque, mais son amant se crispa. Il ferma fortement les paupières et rabattit ses mains sur son torse, le repoussant. Il mettait peu de résistance, c'est pourquoi Yichen décida de continuer. Afin de le convaincre, il baisota ses tempes. Pareillement qu'à l'époque. Il risqua un toucher sur ses côtes, une caresse sur ses épaules, des baisers sur ses lèvres. Wulong diminuait en conviction, l'autorisant à déposer sa bouche là où il l'aimait tant. Ils s'embrassèrent bientôt tels deux vieux partenaires qui rejoignaient enfin le dangereux jeu de l'amour.

Le plus jeune tira un peu sur sa robe et accéda à ses clavicules qu'il tourmenta. Wulong était propulsé proche du gouffre. Plus les baisers descendaient, plus sa raison s'envolait. Il adorait les anciennes sensations qui affluaient dans son être fragile. Il soupirait si bruyamment qu'il en gémissait presque. Yichen eut la malheureuse idée de taquiner ses bourgeons rosés et l'alchimiste dut reconnaître sa défaite, il geignit et supplia pour davantage. Son cadet enfouit donc sa main pécheresse sous la robe et titilla sa cuisse en la frôlant, remontant de plus en plus. 

Mais le charme se rompit. Cela ne ressemblait pas à Yichen. Même si les Ombres lui avaient redonné sa conscience, même s'il voulait simplement retrouver son amant dans une joute endiablée dans le lit, il ne s'y prendrait pas ainsi. Tout ceci était ridicule, du début à la fin !

— Lâche-moi ! Je te le commande, Yichen, lâche-moi sur-le-champ !

— Chut, ne t'inflige pas ces méditations inutiles, laisse-toi aller ! sourit-il, carnassier. Je m'occuperai bien de toi... Tu verras.

— Je révoque ma parole ! tonitrua Wulong, dont les cuisses étaient lacérées d'ignobles caresses. Je n'assumerai plus les conséquences ! Lâche-moi !... Yichen, je ne consens plus ! Je ne consens à rien !

La dernière phrase paralysa le cadet. Il faillit s'étouffer, un conflit interne pulvérisait ses désirs. Wulong saisit ce moment pour se plaquer contre le mur, à l'opposé de lui. Une lueur passa dans les yeux de son amant et l'alchimiste identifia clairement la trace des Ombres. Il le savait ! Bien sûr qu'elles possédaient toujours son corps. Mais pourquoi mentir et le tromper de la sorte ? Surtout pour coucher avec lui. Rien n'avait de sens. Dorénavant, il ne s'engouffrerait plus dans leur piège.

En colère, s'il en jugeait pas leur mine furibonde qui ne seyait pas du tout au visage de son cher Yichen, elles s'agenouillèrent et se rapprochèrent de lui, le dominant de l'imposante carrure du jeune guerrier. Wulong était en un sens soulagé. En se moquant de lui, elles avaient engendré un odieux doute en lui, il avait eu envie de les suivre, de gober toutes les illusions. La mascarade s'était fracturée.

— De tous nos convertis, de tous les pantins, celui-ci est l'unique à réagir... Il tient probablement à vous, petit cultivateur ! À vous et à votre enfant... Liang ? Devrions-nous le retrouver, lui aussi ? L'intégrer à notre grande famille ?

— Finalement, vous reprenez votre voix, marmonna l'alchimiste, détournant ses yeux. Pourquoi ? Les Ombres ont-elles aussi des besoins d'ordre sexuels ? Familiaux ? Si tel est le cas, plutôt mille tortures que d'accepter vos flatteries !

— Votre corps ne nous préoccupe guère, soigneur ! Néanmoins, vos dons... Nous pressentons que vous ne les utilisez pas dans leur globalité. Nous essayions de vous mettre en confiance. Après tout, nous ne vous maltraitons pas. N'est-ce pas ? Nous sommes mêmes cordiales avec vous, bien que vous ne cessiez de vous dérober. Ne fuyez plus, obéissez-nous sans sommation et nous ne vous toucherons plus. Nous ne chercherons pas le garçon... Dans le cas contraire, nous nous évertuerons à vous faire comprendre qu'il est impossible de fuir. Qu'en pensez-vous ? Nous sommes convaincues que vous détesterez endurer nos caresses sous le visage de votre amant sans qu'il ne puisse vous rassurer. Vous haïrez que votre enfant tombe entre nos mains sans pouvoir le défendre !

Elles suggéraient un viol. Wulong serra les poings et refoula sa haine. Pour sûr, il ne survivrait pas à cela. Son âme se fissurerait pour l'éternité. Afin de sauvegarder son mental, il devait coopérer un minimum. Répugné, il ne les regardait plus, cloîtré dans son renfrognement. Cela amusa les Ombres qui appelèrent des gardes. Dans la minute, il retourna en prison. Il préférait peut-être les moisissures, la puanteur terrifiante et les quelques insectes à la compagnie des démons. Il ne serait plus berné.

La nuit s'écoula difficilement. L'alchimiste ressassait encore et encore la scène de la veille. Un court instant il avait prié pour que cet homme soit Yichen, que ses baisers lui appartiennent, mais il s'agissait d'un piètre déguisement. Il pleura peut-être, la lune pour témoin, et au réveil il arborait un air nonchalant. Il ne devait surtout pas montrer sa faiblesse aux gardes. Ceux-ci changeaient tous les jours, et certains se dévoilaient très rudes envers lui.

Il constata de nouveaux camarades de cellule. Ils avaient dû arriver les rares heures où il s'était assoupi. Il les salua d'un bref regard. Trois hommes. L'un d'eux suffisamment amoché pour ne pas être conscient. Les autres le fixaient avec insistance. Ils se demandaient pourquoi un homme aussi beau, gracieux et noble était enfermé dans ces horribles prisons. En plus, il n'était pas terni par la saleté. Il leur semblait voir la lueur scintillante des immortels au milieu de cet univers de ténèbres. Ils l'admirèrent longuement. De ses cheveux magnifiques qui chutaient sur ses omoplates, ses orbes profonds, ses lèvres pincées et fines, ses courbes souples et bombées... Quel corps. Il dégageait aussi une odeur si charmante.

— J'en viendrais presque à croire que cet emprisonnement ne me déplaît pas ! déclara un d'eux.

Un des deux éveillés, il s'agitait et, du coin de l'œil, l'alchimiste notait ce changement sordide d'atmosphère. Il se situait à l'écart, mais enfermé à double tour avec ses lions affamés. Un mal-être s'empara de lui, surtout lorsque l'homme se dressa sur ses pieds et tournoya dans la cellule. Wulong respirait très lentement. Il baissait son regard et les ignorait, mais cela ne l'empêcha de s'avancer. Le prédateur s'assit à moins d'un pas, collé à lui, et il ne pouvait se décaler à cause des barreaux.

— Pourquoi une créature pareille serait-elle punie ici ? susurra-t-il d'une haleine pestilentielle, il avait récemment bu. Pour notre part, nous ne savons pas trop... Nous trinquions dans un recoin sombre, à l'extérieur de la ville, et ce scélérat de Yichen nous est tombé dessus ! Apparemment, nous sommes en temps de guerre et nous ne devons plus boire d'alcool. N'importe quoi ! Sois-en sûr, beauté, que je tuerai ce petit félon !

— Non, répondit d'un ton tranchant Wulong, s'attirant la curiosité de ses compagnons. Je vous déconseille de vous en prendre à lui. Il n'est plus lui-même.

— Il a trahi notre Secte, Jiǎo huá ne lui pardonnera pas ! Ombres ou pas, il était parti aux bras de sa catin, un gars de Hù lǐ à ce qu'il paraît, après avoir assassiné les gars de Wujie...

— Catin ? répéta-t-il, offusqué jusqu'aux os. Taisez-vous, je ne veux plus vous entendre !

Cela ne plut pas à l'homme qui se courrouça dans la seconde. Wulong en avait oublié la situation de son amant à Jiǎo huá. Les Fureurs Fallacieuses l'avaient banni suite à son attaque contre Wujie et tous les guerriers voulaient le tuer et obtenir la prime sur sa tête. Pour la première fois, l'alchimiste remercia la possession des Ombres. Avec elles, son corps mortel était en sécurité. Du moins, il l'espérait. Il ne put y penser plus longtemps, ressentant une main baladeuse sur le haut de son épaule.

— Ne jouons pas aux prudes !

Il jeta un regard froid, sa bouche bée face à l'insolence de cet individu, et il se cala contre les barreaux, gagnant un peu de place. L'homme ricana et appela son ami pour 'détendre ensemble le charmant jeune homme'. Une grimace tordit les lèvres de l'alchimiste. Ledit ami déclina l'offre. Non, il ne désirait pas manquer de moral alors que leur vie pouvait se terminer à tout moment, contrairement à cet idiot qui lui agrippa le poignet avec brutalité.

— Pour une durée indéterminée, nous nous ennuierons, seuls, dans ces cachots. Divertissons-nous !

Oh, Wulong déduisait facilement le type d'amusement et il n'appréciait pas vraiment cette suggestion. Le goujat faillit recevoir une gifle, mais Petit Fielleux traversa le long couloir. L'alchimiste l'implora de son regard humide, mais il prolongea son chemin sans se stopper. L'homme se ravit de ceci et s'appuya sur l'alchimiste, le bloquant entièrement. Il se débattit mais sa faiblesse lui fit défaut. Farouche, il visait les jambes de ce malotru, voire l'entrejambe pour le mettre hors d'état de lui nuire, mais il se défendait trop bien. Appelant une aide absente, il maudit les gardiens des prisons de tout son cœur. 

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