David et Öta se rendirent dans la cité de PierreBrulée.
Au vu des rumeurs qui circulaient sur les habitants et leur culture, ils s'attendaient à trouver un lieu sinistre, malfamé. David s'était préparé mentalement à devoir protéger Öta et surveiller leurs arrières.
Ils furent étonnés de découvrir une ville en fête, pleine de musique, d'échoppes, d'animation et de vie.
En se renseignant, ils apprirent que le seigneur local avaient autorisé les Abarians à pratiquer leur culture en plein jour dans cette cité et que la fête qui avait lieu en ce moment même était une célébration du printemps.
Autant dire qu'avec tant de nouvelles choses à découvrir, Öta avait des étoiles dans les yeux. David appréciait mais restait plus mesuré.
Eux qui ne connaissaient pas les concepts de fêtes et de festival, en dehors des quelques réceptions nobles pompeuses qu'organisaient la mère de Öta, furent bien surpris.
Finalement Öta se montra raisonnable, les conseils de David tout au long du voyage avaient fait mouche. Il ne craqua que pour une chose...
Le marchand lui avait expliqué que dans la tradition, le torque s'offrait à une personne chère à son coeur.
Alors Öta offrit un torque à David.
David fut particulièrement touché par ce cadeau, qui était le tout premier qu'il recevait.
La symbolique derrière le bijoux le rendait d'autant plus précieux. Il décida de le chérir, car c'était désormais son plus grand trésor.
David et Öta n'avaient pas oublié la raison initiale de leur venue. Il leur fallait trouver un traducteur.
Mais David était intimidé, la foule présente à cause du festival le mettait particulièrement mal à l'aise. Il n'osait aborder personne.
Öta décida de prendre les choses en main, comprenant le malaise de son ami.
Öta interrogea deux hommes, qui lui expliquèrent qu'ils ne leur était pas possible de lire ces notes, mais qu'ils auraient sans doute plus de chance auprès de leur scribe.
Après leur avoir indiqué où le trouver, ils leur proposèrent d'aller boire un verre, lorgnant sur Öta, mais ce dernier déclina poliment.
L'homosexualité chez les Nordans n'était vraiment un sujet conversation. C'était quelque chose de tabou, que l'on ne montre pas, très mal vu par la société.
Alors qu'au contraire les Abarians avaient des mœurs très libres, chacun étant libre de vivre comme il le souhaite, faisant ce qu'il veut de son corps.
C'est l'une des nombreuses raisons qui poussaient les Nordans à considérer les Abarians comme des "barbares" et à interdire leur culture sur leurs terres.
Mais Öta lui se fichait royalement des cultures et des tabous, il ne fut jamais le petit noble modèle après tout. Il se posait juste plein de questions.
David et Öta passèrent l'après-midi à chercher la scribe dont les deux hommes leur avait parlé. La seule indication qu'ils avaient était :
« Kadh est probablement en train de picoler dans une taverne. Un joli brin de femme, les cheveux roux courts. »
Ils finirent par la trouver, festoyant effectivement en ce lieu.
Elle accepta de jeter un coup d'œil aux papiers et reconnu immédiatement l'écriture.
Des lettres coquines. Voilà ce qui se trouvait depuis tout ce temps sur ces mystérieux feuillets.
Forcément, le thème intéressa fortement Öta, qui en demanda une traduction. Kadh prit grand plaisir à lui fournir, lui expliquant quelques subtilités de cette écriture.
Au vu du contenu des lettres, le doute n'était pas permis. L'homme qui les avait écrites connaissait très bien Esther et avait entretenu avec elle une relation bien plus qu'amicale pendant plusieurs années.
Kadh leur expliqua qu'il se nommait Léo et qu'il était également scribe, tout comme elle. Les scribes Abarians étant très rares dans le Nord, elle l'avait rencontré à maintes reprises lors de son apprentissage. Il vivait dans un village très traditionnel en bas des montagnes.
David était perdu. Il ne savait pas quoi penser.
Il ne savait pas qui était cet homme. Un simple amant ou bien plus ? Sa mère avait-elle été amoureuse de lui ?
Lorsqu'elle devint esclave, abusée par le père de David, pensait-elle à cet homme ? Pourquoi personne dans le village de PindeBraise ne lui avait parlé de lui ? Savait-il que sa mère était morte ?
D'un côté, il rêvait de le rencontrer pour lui poser mille questions, apprendre qui était sa mère au travers d'une personne qui l'avait peut-être réellement connue.
D'un autre côté il avait peur. Peur d'être de nouveau déçu. Peur d'apprendre qu'au final, cette relation avait été une autre source de souffrance pour sa mère. Peur que l'homme refuse de lui parler... Peur de mille choses.
La présence de Öta à ses côtés le réconfortait. Le jeune homme était plus brave, plus tenace que lui. Sa motivation lui redonnait espoir.