Juste après la Fin du Monde

By KouignAmandine

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Qu'est-ce qui se passe, après la fin du monde ? More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40

Chapitre 27

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By KouignAmandine

Il y avait une sorte de frénésie dans le camp depuis ce matin, une drôle d'humeur qui se propageait comme une traînée de poudre et touchait tous les gens autour de Julie. Dès le réveil, elle les avait vus se parler, se prendre à part ou s'atteler à des tâches inhabituelles mais c'était surtout cette ambiance sombre et noire qui était le plus intriguant à ses yeux. Elle n'était pas parvenue à comprendre quel était le sens exact de ce qui était en train de se passer.

Pour commencer, Elisabeth était revenue sans Thomas et ce n'était pas dans les habitudes d'Elisabeth de ne pas faire ce qu'elle disait. Elle s'était réveillée très tôt, avec des cernes profondes et une tête qui voulait très clairement dire « laisse-moi tranquille ». Julie avait donc abandonné l'idée de lui demander des nouvelles de leur sortie de la veille pour éviter un coup de sang de la jeune femme.

Elle avait ensuite tenté de trouver Mathias ou Mitsu. Même si elle ne les appréciait pas plus que ça, ils devraient au moins avoir des réponses à ses questions. C'était en tombant enfin sur eux qu'elle avait remarqué l'activité inhabituelle de tous, ils marchaient rapidement d'un groupe à l'autre et semblaient être toujours en train de changer d'interlocuteur, passer un message d'une personne à une autre. Elle avait tenté plusieurs fois de les attraper au vol mais ils l'avaient toujours envoyé paître ailleurs en lui promettant de s'occuper d'elle plus tard.

Plus la matinée avançait et moins elle trouvait de personnes qui acceptait ne serait-ce que de lui adresser la parole, elle piétinait et rageait à chercher ainsi quelqu'un qui pourrait juste la renseigner. Les larmes lui brûlaient les yeux à chaque refus : plus que tous les autres jours, elle se sentit traitée comme une enfant qu'on mettait de côté et ça lui donnait autant envie d'hurler que de se rouler en boule.

— Julie ?

Elisabeth venait de la remarquer, debout et seule au milieu d'un espace vide sous la voûte. Ses bras pendaient mollement et son regard était vide, elle avait l'air littéralement perdue. Elisabeth se mordit la joue tout en avançant vers elle : trop concentrée dans ses préparatifs depuis ce matin elle en avait oublié de venir voir l'enfant et lui parler face à face. Un bel acte manqué.

— Qu'est-ce que tu fais là ? interrogea-t-elle en s'agenouillant près d'elle.

— Je cherche quelqu'un pour me dire pourquoi Thomas n'est toujours pas là mais tout le monde me chasse...

Nez vers le sol, elle noua ses mains devant elle en attendant qu'Elisabeth lui réponde. La vérité c'est qu'elle sentait que les larmes pouvaient couler d'un instant à l'autre et qu'elle ne voulait surtout pas montrer de faiblesses à la brune, elle était bien trop fière pour ça. Personne ne semblait avoir informé Julie de la funèbre découverte de la veille, Elisabeth aurait menti si elle n'avait pas avoué que ça lui aurait retiré une sacrée épine du pied.

Comment annoncer à une enfant de 10 ans que son ami et sa famille avait été purement et simplement abattus au fond d'un couloir désaffecté, dans des circonstances aussi tragiques que mystérieuses finalement. Si un plan avait tout de suite été imaginé et appliqué, rien n'expliquait encore aujourd'hui pourquoi leurs assassins avaient procédé ainsi et c'était angoissant au possible.

— Julie, Thomas ne reviendra pas.

Si Elisabeth avait affronté des disparitions - et même des retours miraculeux en la personne de Sarah - rien ne l'avait jamais préparé à annoncer ce genre de nouvelle à des enfants... Elle cherchait les mots les plus adéquats mais ne trouvait rien qui pourrait édulcorer la vérité ou faire passer la pilule un peu mieux. Et elle devait un peu plus qu'une vérité tartinée de sucre à Julie qui se tenait vaillamment à leurs côtés depuis le début de cette aventure.

— Tu veux dire qu'il est mort ? répondit-elle en levant la tête.

Ses yeux étaient emplis de larmes et son expression évoluait très rapidement de la tristesse vers un masque de désespoir, elle allait se mettre à pleurer à chaudes larmes et Elisabeth ne saurait vraiment plus quoi faire. Elle hocha la tête, toujours incapable de trouver d'autres mots à mettre sur les faits.

— Sa mère et sa sœur aussi, compléta-t-elle à voix basse.

— Ce sont les méchants, c'est ça ?

Elle acquiesça à nouveau, glissant sa main sur celles toujours nouées de la petite fille. Elle n'avait pas envie de s'étaler en détails sur la suite des opérations, il n'y avait aucune raison de mêler les enfants à cela même si ils allaient être les premiers à faire les frais de l'ambiance morbide qui allait sans doute se répandre comme une traînée de poudre entre les habitants du camp.

— On ne sait pas comment c'est arrivé, on fait ce qu'on peut pour vous protéger d'eux, d'accord ?

Julie fit un étrange mouvement de la tête qui aurait pu vouloir dire autant oui que non et retira ses mains d'un coup sec, comme pour marquer une soudaine distance entre elles deux. Un peu attristée, Elisabeth ne s'en offusqua pas et chercha plutôt du regard quelqu'un qui pourrait prendre soin de l'enfant pendant qu'ils continuaient à se préparer. Elle avisa d'un autre adulte en grande discussion avec Mathias, elle savait qu'il avait lui aussi des enfants et ferait un très bon choix.

— Tu veux bien aller voir Clive pendant qu'on continue à travailler ?

Un peu groggy, Julie accepta de se faire tirer la main jusqu'aux deux hommes. Ils se saluèrent froidement puis Elisabeth confia la garde de la petite fille en précisant qu'elle aurait sans doute besoin d'attention dans les heures à venir, compte tenu de la nouvelle qu'elle venait d'apprendre. Ils partirent main dans la main vers le coin des jouets pour enfants.

— Cache-moi ça un peu mieux, lui dit aussitôt Mathias.

Sans prévenir, il passa sa main dans le dos de la jeune femme pour réajuster l'arme qui transparaissait derrière le tissu de sa chemise.

— Ça va c'est bon, râla-t-elle en se redressant.

Elle n'aimait pas le contact froid de l'objet sur sa peau et aurait préféré le porter correctement dans une gaine, mais hors de question de se pavaner armée dans un camp rempli de pionniers sous tension. Et puis pourquoi être aussi strict sur ce sujet, à moins que...

— Ne me dis pas que tu ne l'as pas dit à Mitsu ?

Un silence très éloquent lui répondit. Ils avaient décidé de répandre la nouvelle des meurtres de personne en personne pour éviter une foule en furie prête à se jeter sur eux. La plupart l'avaient d'ailleurs pris plutôt bien, sans doute prêt à affronter des nouvelles de pire en pire au fur et à mesure que les jours s'écoulaient sous terre. Un meurtre ? Rien de neuf sous le soleil artificiel des lampes de secours. Elle soupira en se remémorant les trois silhouettes allongées tristement dans ce couloir qu'elle aimerait ne plus jamais emprunter.

— Prochaine étape ? demanda-t-elle pour changer de sujet.

— Armer le maximum de personnes, répondit-il d'un ton las.

— Comment ça arm... Vous aviez des armes ?

Mathias soupira avant de glisser les mains dans les poches, bien sûr qu'elle n'apprécierait pas cette nouvelle mais il en avait un peu assez d'enrober la vérité pour faire plaisir à Mitsu et ses désirs de rétention d'informations.

— On a trouvé un accès à l'armurerie il y a quelques jours...

Il la vit faire les gros yeux, prendre une inspiration sèche avant de plisser les yeux. Tant d'émotions en si peu de temps, elle avait repris son calme avant de parler à nouveau :

— On a de quoi tenir ce siège ?

— Ça dépendra de qui on aura en face et de combien de temps on doit tenir.

— Tu crois vraiment qu'on va venir nous chercher ?

Il acquiesça du chef mais n'avait pas vraiment l'air convaincu, c'était peut-être le policier qui parlait : celui qui faisait confiance à ses collègues pour le tirer de ce mauvais pas.

— Je ne sais pas, reprit-elle, je me suis un peu résolue à mourir ici.

— Qui vivra verra, rétorqua-t-il dans un sourire sibyllin.

Les couloirs sud étaient condamnés, c'était encore la solution la plus efficace qu'on avait trouvé pour éviter d'autres incidents du genre dans les jour à venir. Des personnes seraient postées à son entrée, attentifs à tout ce qui pourrait en venir ou se passer dedans et en particulier au bruit, mais personne ne devait techniquement s'y rendre.

À l'opposé de ces passages, on envoyait encore plus de personnes explorer les autres couloirs à la recherche d'une autre sortie. On ne savait tout simplement pas ce qui pouvait se passer, ce qui allait arriver alors on cherchait surtout à augmenter les chances de survie de tout le monde. Si ils trouvaient une sortie au nord et que par un heureux hasard, ils finissaient du bon côté de la barrière ils seraient sauvés. Si ils tombaient du côté ennemi, et bien ils seraient dans de beaux draps.

L'humeur dans le camp ne semblait pas vouloir revenir à la normale. Quelques heures après ses annonces et ses décisions, tout le monde était tendu et semblait prêt à mourir d'un instant à l'autre. Fini les rires et les discussions légères : on parlait de ce qui allait arriver si on se faisait attraper, de ce que les Eugénistes feraient dès qu'ils mettraient les pieds sous la voûte ou bien de la meilleure façon d'en finir au cas où.

Au cas où, dans le pire des cas, si jamais... Martha n'en pouvait plus d'entendre toutes ces tournures de phrases qui pour elles n'avaient aucun sens. Il fallait survivre maintenant, se rendre malade en pensant à des futurs potentiels était aussi chronophage que douloureux, alors elle essayait d'occuper tous les habitants du camp qui n'étaient pas de sortie, à leur donner une raison de ne pas rester assis à broyer du noir et penser à des lendemains encore plus sombres.

Si elle-même faisait le tour du camp, c'était aussi pour ne pas devenir folle. Tout le monde était sur la corde raide et elle la première, d'autant que les personnes les plus à mêmes de l'aider à rester à flot étaient parties dans les couloirs pour tenter de leur trouver une porte de sortie. Il ne restait qu'elle et la petite Julie, qui papillonnaient de groupe en groupe pour tenter d'apporter leur soutien.

— Et si jamais on ne sort jamais d'ici ? demanda Julie.

Elles étaient en train de faire chauffer une marmite de chocolat chaud avec les reste de sachets de poudre instantanée qu'elles avaient trouvés, Martha s'était dit que cette boisson simple mais pleine de souvenirs pourrait peut-être mettre un peu de baume au cœur à tout le monde.

— On sortira forcément un jour, Julie.

Peut-être les pieds devant pensa-t-elle un instant, mais elle se reprit vite, souriant à l'enfant qui remuait le contenu de la casserole.

— Tout le monde est si triste, j'ai l'impression qu'on va tous mourir aujourd'hui, ajouta-t-elle.

La grand-mère aurait voulu la contredire qu'elle n'aurait pas pu, il devenait ridicule de mentir à cette enfant bien trop lucide et à lui faire miroiter des lendemains qui chantent : la vérité c'était qu'ils ne savaient pas et que personne ne le savait. Elle plissa les lèvres et prit une longue inspiration avant de donner sa réponse.

— Peut-être Julie, mais on va se battre.

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