Juste après la Fin du Monde

By KouignAmandine

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Qu'est-ce qui se passe, après la fin du monde ? More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40

Chapitre 17

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By KouignAmandine

Émile était bruyant.

Émile était bruyant mais gentil, il mettait un peu de temps à comprendre lorsqu'il devenait lourd et agaçant mais quand il percutait enfin, il vous laissait tranquille et allait embêter quelqu'un d'autre. Mais Sokero, elle, elle ne lisait pas plus l'air ambiant qu'elle ne mettait d'entrain à aider en toute situation. Cette étudiante s'était jointe au mouvement juste derrière Bob, la personne qui s'était proposée lorsqu'ils avaient demandé de l'aide pour repartir en exploration, mais pour une raison qui dépassait complètement Mitsu et sans doute pas mal d'autre personne. Elle faisait toujours parti des derniers à aider et faisait souvent plus mal que bien.

Depuis qu'ils étaient parti ce matin, - lui, Émile, Bob et Sokero - elle ne cessait de se plaindre, de repasser en queue de file dès qu'ils approchaient d'un recoin qui pouvait de loin sembler dangereux et parlait avec un volume sonore qui en plus d'être bien trop haut était désagréable au possible. Et comment pouvait-on parler autant pour ne rien dire ? Mitsu grinçait sans cesse des dents depuis le départ et commençait à accuser le coup de la supporter sans rien dire depuis des heures, la colère pointait sous son caractère pourtant calme d'ordinaire.

Il jeta un regard en arrière : l'objet du crime était en train de papoter tout en remuant sa longue tresse noire du bout des doigts. Enfin, papoter était un grand mot puisque même le tellement social Émile s'avouait vaincu devant le moulin à paroles que constituait Sokero. Ils échangèrent un regard dépité puis Mitsu sonna un arrêt brusque :

— Laissez-moi vérifier notre progression.

Il venait d'apercevoir sur le côté de leur chemin un des marqueurs qu'il avait noté sur sa carte, une bouche d'aération échouée sur le sol et identifiable à son numéro de série. Il coinça sa lampe entre ses dents et observa sa carte maison en cherchant le bon tunnel, encore plus difficile de se concentrer puisque quelqu'un persistait à vouloir babiller comme un enfant hyperactif après s'être gorgé de sucre. Jusqu'à ce que Bob en ait lui aussi assez :

— Sok', ferme-là.

Elle se tut immédiatement, une expression tellement penaude sur le visage qu'on pouvait être certain que ce n'était que de l'hypocrisie. La bouche ouverte, elle regardait son collègue étudiant comme si il l'avait giflé, et vu la haute estime d'elle-même qu'elle semblait avoir on en était certainement pas très loin, songea le brun en mettant enfin le doigt sur la bonne traîne de crayon noir. Il tendit la carte en avant pour la montrer aux autres et se saisit de sa lampe pour l'éclairer :

— C'est au bout de ce tunnel-ci que nous avions trouvé le passage - il éclaira un coude quelques centimètres plus loin devant eux - et c'est dans celui-là que nous avons aperçu la lumière en provenance de l'extérieur - il décala le faisceau sur la gauche. Je pense que si on prend le prochain coude à droite on peut retrouver un autre passage qui nous y amènera plus tard, en longeant ce parking souterrain.

Avec Mathias, ils avaient étudié autant que possible tous les plans et cartes des supermarchés et parking qu'ils avaient pu dégoté, faisant appel à la mémoire de tous les membres du camp possibles pour recouper toutes les informations en leur possession. Leur pause au camp la veille leur avait au moins permis de remettre tout ça à plat et de travailler de manière plus intelligente si ce n'était efficace.

— Mais qu'elle est bête Elisabeth, si elle avait pas encore joué les têtes brûlés on n'en serait pas là, hein ?

Les trois faisceaux des torches se figèrent soudainement, les trois garçons la regardant, interdits.

— Elle risquait sa vie pour nous trouver un tunnel de sortie, contra Émile.

Il semblait ne pas vraiment croire qu'elle venait de dire ce qu'elle avait dit, on en était vraiment à des batailles dignes du jardin d'enfant ? Et ce n'était pas comme si Elisabeth était détestée par qui que ce soit, surtout au sein des étudiants. Avant que Sokero ne puisse répondre, Mitsu remballa la carte et la rangea dans son sac à dos :

— En route, ordonna-t-il d'une voix sèche.

Il soupçonnait fortement Eli' de ne pas être dans le bon camp mais il n'aurait jamais eu l'outrecuidance de sous-entendre qu'elle avait fait quoi que ce soit ce jour-là qui aurait pu mettre à mal leur plan de fuite où nuire à quelqu'un. Quoique ? Personne ne pouvait éliminer la possibilité que les Eugénistes avaient des martyrs dans leur camp mais dans ce cas-là pourquoi ne pas tous les tuer tout de suite ? Et pourquoi se mettre en danger aussi fortement ? Il avait encore du mal à oublier qu'il appréciait cette jeune femme et qu'il la rangeait dans le camp des potentiels traîtres le même jour.

Bob trottina pour le rattraper et posa une main légère sur l'avant-bras du policier pour lui faire comprendre qu'il fallait ralentir le pas :

— Hey, doucement ! On courre pas un marathon...

Mitsu s'aperçut qu'il marchait beaucoup plus vite qu'il n'aurait du, semant les trois autres membres de l'équipe derrière lui. Il remua la tête pour se sortir de sa réflexion et s'excusa auprès du jeune homme :

— J'étais perdu dans mes pensées.

— Pas de soucis. Stressé, hein ?

L'Asiatique cala sa cadence sur celle de Bob et ils avancèrent côte à côte dans le tunnel en direction du fameux coude, ils avançaient pour le moment dans un couloir du complexe souterrain, toujours en progression sur des carreaux de céramique - blancs et bleus sous la crasse - mais plus de magasin dans cette partie des couloirs qui ne servaient qu'à relier les entrées et les aires de magasins. Un large réseau souterrain qui permettait d'évoluer dans la ville sans jamais voir le soleil.

— C'est pas la journée la plus reposante de ma semaine, confirma Mitsu d'un ton sec.

L'étudiant partit dans un rire bruyant - qui fit sursauter son voisin - et lui offrit un sourire resplendissant :

— Je la ressortirai au camp celle-là.

Mitsu haussa les sourcils et continua à avancer, il préférait mettre cette réaction qu'il trouvait excessive sur le compte de la pression des derniers jours et non pas sur un humour vraiment douteux. Quand on vivait si près des gens dans un sous-sol, il valait mieux conserver ses illusions sur eux.

— Sers-toi, répondit-il.

— Et sinon... - il claqua de la langue, semblant chercher ses mots puis se lança - Toi et Mitsu, vous... ?

— On ?

Il voyait très bien où Bob voulait en venir, d'autant que l'intéressé l'avait mis au courant plus tôt mais il ne manquait jamais une occasion de laisser quelqu'un se ridiculiser complètement si il en avait tant envie que ça.

— Enfin, y'a des gens qui se demandent si vous êtes ensembles quoi.

— Non. Pourquoi ? Intéressé ?

Si Bob ne s'était pas reculé d'un pas pour échapper au rayon qui l'éclairait, Mitsu était certain qu'il l'aurait vu rougir. Il bégaya quelques mots incompréhensibles en remuant les mains devant lui provoquant cette fois-ci l'hilarité de l'Asiatique.

— Ça ne marchera pas entre nous, dit-il. On a vraiment pas le même humour.

Piqué au vif, Bob soupira et se remit en marche aussitôt mais ils retournèrent rapidement sans heurt à une discussion plus légère. Comme Mitsu l'avait deviné, l'étudiant cherchait à savoir qui des parieurs avaient raisons pour savoir si il allait empocher son pactole - qui au demeurant n'avait aucune valeur ici-bas. Comme il allait perdre, ils s'entendirent à faire comme si cette discussion n'avait pas eu lieu, et à voir en passant si Mitsu pouvait brancher Bob avec Mathias lorsqu'ils rentreraient au camp.

Ils aperçurent enfin le coude qu'ils cherchaient, quelques mètres devant, et se retournèrent pour vérifier que Sokero et Émile suivaient bien. Quand le groupe fut de nouveau au même pas, ils entamèrent leur marche dans ce nouveau couloir, marquant avec attention la carte dès qu'ils pouvaient trouver un point de repère solide dans le temps.

La progression fut rapide, ils avançaient d'un bon pas et prirent en effet le chemin annoncé par Mitsu, le long de ce qui devait être un parking. Plus ils progressaient, plus la route semblait se courber vers la droite et les ramener vers le tunnel tant convoité.

— On pense que l'accès était dans un parking, justement, dit Mitsu en annotant une nouvelle fois sa carte.

Ils venait d'arriver devant un éboulement qui empiétait sur la moitié du chemin devant eux. Des mélanges de terre et de béton avaient formé une avancée en forme de triangle dont le sommet menait vers une ouverture bouchée, plongée dans le noir.

— Il faut qu'on trouve un moyen de passer dans le tunnel voisin, en résumé.

Au dessus de Mitsu, Émile et Bob éclairait sa carte pour l'aider, examinant eux aussi l'enchevêtrement de traits de couleurs et de motifs légendant ceux-ci.

— La chatière qu'on avait trouvé était vraiment instable, il va falloir se méfier de ce qu'on trouve si on ne veut pas qu'il nous arrive une mésaventure aussi, continua le brun.

Il plia avec attention la feuille de papier pour la mettre bien à l'abri de l'eau et de la saleté dans son sac à dos, un regard rapide sur sa montre lui apprit qu'il fallait déjà bientôt rebrousser chemin sous peine de dépasser le couvre-feu imposé par Mathias. Et il ne voulait certainement pas mettre Mathias sur les nerfs plus qu'il ne l'était déjà.

— Qu'est-ce que tu fous Sokero ? demanda alors Émile.

Il braquait sa lampe sur la jeune fille, en train d'escalader le monticule de terre pour visiblement aller voir ce qui s'y tramait. Mitsu écarquilla les yeux, on parlait bien de la même personne qui avait qualifié Elisabeth de bête ?

— Mais descend de là, éructa-t-il à son tour.

— Je pense que ça donne quelque part !

Elle grimpait, s'aidant de ses mains et n'utilisant même plus sa lampe, satisfaite par la lumière que les trois garçons lui donnaient en l'éclairant d'en bas. Sokero continua de plus belle, évoluant vers le sommet du triangle et éclairant enfin l'ouverture qu'il semblait y avoir en haut :

— Rien, informa-t-elle. Ça coûtait rien d'y aller !

Elle donna une petite tape de la main sur le plafond avant de se retourner et de hausser les épaules. Tendu, Mitsu lui demanda une nouvelle fois de descendre pour rester dans les temps dans le cadre de leur mission, et éviter les accidents en passant. Elle s'apprêtait à faire le premier pas lorsqu'un grondement se fit sentir dans le sol, d'abord inaudible il finit par résonner à son tour dans le couloir.

— C'est quoi ? demanda Bob d'une voix livide.

— Le signe que tu vas descendre de là tout de suite, ordonna Mitsu à Sokero en l'éblouissant avec sa lampe.

Il n'avait aucune idée ce que c'était et il ne voulait pas vraiment le savoir, mais se tenir debout sur ce qui manifestement était un résultat d'éboulement apparaissait comme une idée très bête. Apeurée à son tour, la jeune femme fit un pas en avant pour entamer sa descente avant d'être arrêtée par un nouveau grondement, au dessus d'elle cette fois-ci.

Ils eurent tous le réflexe de braquer leur lampe au plafond, pour chercher l'origine du bruit mais il tomba avant qu'ils ne puissent voir quoi que ce soit. Le grondement se transforma en avalanche alors que le sol se dérobait sous les pieds de la jeune femme et les projetait au sol sous la violence du choc.

Quelques longues secondes où ils tentèrent de s'accrocher au sol sans parvenir à faire autre chose que se rouler en boule en attendant que la tempête passe, des débris et de la terre leur tombant dessus. Bruit et tremblements cessèrent et ils se dégagèrent enfin un à un, se débarrant de ce qui leur était tombé dessus.

Le premier réflexe d'Émile fut de regarder du côté du monticule : le plafond s'était effondré dessus, le recouvrant d'une nouvelle couche de terre et le rendant bien plus imposant. Et aucune trace de Sokero.

— Merde, cria-t-il en se relevant d'un bond.

Les deux autres hommes en firent autant, se ruant sur le tas de terre pour tenter de localiser la jeune femme et la dégager le plus vite possible de là. Ils s'organisèrent rapidement à voix haute pour ratisser le plus vite possible les endroits où elle avait le plus de chances de se trouver.

— Son bras, je vois son bras !

Bob creusa autour du bout de tissu et du doigt qu'il venait de découvrir, aidé par la lampe de Mitsu qui avait rappliqué aussitôt pour l'aider. En quelques secondes, il dégagea le reste du bras :

— Oh, dit-il soudain en cessant tout mouvement.

— Quoi ? Demanda Émile.

Il se rapprocha, anxieux, et éclaira Bob qui brandissait quelque chose devant lui un air à la fois triste et dégoutté sur le visage. Dans sa main pendait mollement le bras gauche de Sokero suintant de sang et de boue mélangé.

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