Juste après la Fin du Monde

By KouignAmandine

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Qu'est-ce qui se passe, après la fin du monde ? More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40

Chapitre 13

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By KouignAmandine

Des litres d'eau tombèrent violemment sur la jeune femme alors qu'elle venait de donner un coup de pelle dans une poche qui attendait sagement jusque là. Elle couvrit sa tête et son visage par réflexe, le cri de surprise qu'elle laissa échapper fut instantanément noyé dans un débit d'eau aussi imprévu qu'impressionnant, sans réfléchir plus longtemps Mathias et Mitsu saisirent ses jambes pour la tirer hors du tunnel. Malgré l'eau qui ne cessait de s'écouler et transformait le remblai en boue aqueuse, ils parvinrent à l'extirper en quelques secondes à peine, assez longtemps tour de même pour qu'elle ait à cracher l'eau qui cherchait à s'insinuer dans ses poumons.

— Mais tu es cinglée ! lui asséna Mitsu alors qu'elle tentait de reprendre son souffle. Et trempée !

Il retira sa veste et lui jeta sur les épaules dans un geste qui se voulait détaché. Mathias, lui, regardait avec dépit le semblant de tunnel qu'ils avaient creusé se faire complètement détruire par une rivière d'eau qui cessait de couler. Toujours en train de cracher ses poumons à quatre pattes sur le sol, Elisabeth tourna la tête pour constater les dégâts et laissa même échapper quelques jurons avant de se remettre à tousser.

— Bon, commenta la châtain. On est sur une base de « repartir de zéro » c'est ça ?

L'eau continuait d'emporter des morceaux de bétons et du sable, remplissant petit à petit l'espace qui diminuait à vue d'oeil. Le flot évolua d'un bruit explosif vers le chatoiement régulier d'un fleuve, un bruit presque naturel qui rappelait l'extérieur mais n'arrangeait pas leurs affaires.

— Ça ne s'arrête pas, constata Elisabeth.

Sa voix était enrouée : elle avait été pas loin de s'étouffer dans ce tunnel. Elle parvint à s'asseoir, resserrant les pans de la veste de Mitsu sur ses épaules et tentant de cacher les blessures qu'elle sentait saigner sur tout le devant de son corps. Lorsqu'ils l'avaient tirés en arrière, son ventre, ses bras et l'avant de ses cuisses avaient frotté avec violence les aspérités du sol.

— Si tu as trouvé une canalisation du réseau et que personne ne coupe les vannes...

Mitsu s'assit à côté d'elle soupirant comme un beau diable, trois jours de travail réduits à néant.

— Je suis désolée, murmura Elisabeth penaude. Si je n'avais pas...

— Ne le sois pas, la coupa aussitôt Mathias, elle aurait forcément pété un jour ou l'autre, à la limite je préfère que tu sois prêt de la sortie et qu'on puisse te tirer avant que tu ne te noies dedans.

Ils restèrent un long moment en silence à regarder sans la voir cette fontaine toute neuve qui irriguait leur pieds et éloignait à chaque goutte un peu plus la possibilité de revoir le soleil. Comme prévu, le débit ne se calma pas et continua de déverser sa flotte grisâtre sur le sol.

— Bon, - Mathias se leva et épousseta son jean, peine perdue l'humidité ne faisait qu'empirer les choses - on rentre ?

Mitsu le suivit aussitôt, tendant la main à Elisabeth après s'être relevé.

— Rentrons, t'as bien besoin de te changer et de te débarbouiller.

De la tête aux pieds, elle n'était qu'eau et terre mélangée et elle devait bien avouer qu'elle boirait bien une boisson chaude pour se réchauffer les os en passant. Elle ressuya une coulée de boue qui menaçait de lui tomber dans les yeux avant de se saisir de la main tendue et se relever dans une grimace de douleur.

— T'es blessée ? demanda Mitsu.

Avant même qu'elle ne puisse répondre, Mathias balaya rapidement ses jambes avec sa lampe torche et y découvrit les déchirures dans le tissu ainsi que les marques rouges et brunes qui ne laissaient pas place au doute. Malgré l'envie de lui passer un savon, il lui demanda simplement :

— Tu peux marcher ? - elle haussa les épaules, incertaine de combien de temps elle pourrait tenir - Mitsu, t'es plus grand tu la portes.

Sans faire plus de cérémonie, il commença à refaire les sacs à dos de tout le monde. Une personne blessée c'était une chance de moins de sortir d'ici au plus vite, il soupira et ramassa ce qui pouvait être sauvé : une partie des outils étaient dans le tunnel lorsque l'eau s'y était déversé et n'avait pas survécu au petit incident qui venait de survenir.

— Non d'un chien, mais c'est dégueulasse en plus, entendit-il Mitsu éructer.

Un regard en arrière lui apprit que les lacérations de la jeune fille ne s'arrêtaient pas aux jambes mais remontaient jusque son ventre. Parfait.

— Y'en a une qui a gagné le droit de se faire porter en princesse...

Bêtes comme ils étaient, ils n'avaient rien pour soigner de telles blessures sur eux, et miraculeusement, c'était bien la première fois que quelqu'un se blessait assez sérieusement lors de leurs explorations pourtant loin de respecter les mesures basiques de sécurité.

— C'est pas si profond c'est bon, râla Elisabeth. File-moi les sacs Mathias, c'est pas parce que je vais me faire porter que je dois rien faire.

— Et puis quoi encore, dit Mitsu.

Il mit un point final à la conversation en happant ses jambes pour la porter et fit un signe de tête à son collègue :

— En route, pas de raison de moisir ici.


Les travaux de déblaiement de la future chambre à coucher du camp avançaient bien, une bonne partie des personnes assez en forme pour effectuer ce genre de tâches se joignaient au mouvement et déplaçaient pierre par pierre la montagne de gravats qui en bloquait l'entrée, dans ce qui ressemblait sincèrement au premier mouvement de groupe qui ne se faisait pas dans la douleur et les affrontements. Martha participait à sa façon, apportant des bouteilles d'eau aux travailleurs accompagnée de Julie.

Elles faisaient, avec d'autres membres moins endurants, le tour des déblayeurs en distribuant sourires, blagues et un peu de courage en passant. C'était une après-midi presque agréable au sein du camp souterrain, il n'y manquait plus que le soleil pour donner une ambiance de colonie de vacances.

— Il est bête.

Julie fixait d'un regard mauvais Jean qui faisait la roue telle un paon devant un groupe d'étudiantes un peu plus loin. Martha et elle étaient en train de ramasser les bouteilles d'eau vides pour aller les stocker dans ce qui faisait office de poubelle dans un magasin de bijoux à moitié effondré.

— Non Julie, il a juste une façon de faire qui est différente, ça n'en fait pas quelqu'un de bête. Allez ramasse-moi ça !

— Mais toi aussi tu dis qu'il prend des mauvaises décisions, râla-t-elle.

Elle se remit néanmoins au travail, écrasant les bouteilles une par une entre ses petites mains. Le stock d'eau des magasins environnants avec lequel était assez honnête mais le groupe buvait beaucoup plus vite que prévu, encore un point qu'il allait falloir soulever bientôt lors des conseils quotidiens.

Jean aurait sûrement son mot à dire, Mitsu aussi et ça commençait un peu à fatiguer Martha de devoir se tenir entre ces deux forces opposées incapable de raisonner lorsqu'ils se parlaient. Autant elle parvenait à discuter et exposer les multiples points de vues en les prenant à partie, autant lorsqu'ils étaient face-à-face ils n'étaient que rage et mots qui se frappaient les uns contre les autres. Elle était bien heureuse d'avoir Elisabeth à ses côtés pour l'épauler dans cette épreuve qui devenait quotidienne elle aussi.

— S'il est pas bête, pourquoi il parle toujours aussi fort pour qu'on l'entende même d'ici ?

— Parce qu'il aime bien que tout le monde l'entende.

Pas vraiment convaincue, Julie laissa tomber l'affaire et passa sa rage sur les pauvres bouteilles vides qui n'avaient pourtant rien demandé. Elles terminaient de remplir leurs sacs lorsqu'une rumeur en provenance du couloir nord les interrompit :

— C'est Elisabeth ? demanda Julie en pointant du doigt le petit groupe qui revenait de leur expédition. Pourquoi elle se fait porter ?

— Je ne sais pas, répondit Martha en fronçant les sourcils, tu peux aller courir voir ce qui se passe ?

La petite fille ne se fit pas prier et rejoint aussitôt en courant la petite foule qui se formait autour des nouveaux arrivants, la rumeur continuait et les gens les harcelaient de questions. Martha suivit à son rythme la petite fille, se rapprochant petit à petit du groupe et saisissant au vol des questions dans le brouhaha sans queue ni tête qui envahissait l'espace :

— Comment elle s'est fait ça ?

— On vous a attaqué, c'est ça ?

— Est-ce qu'elle va bien ?

D'autres badauds nettement plus alarmistes annonçaient déjà la fin de leur camp et une mort imminente et terrible pour tous.

— Est-ce qu'on pourrait d'abord s'occuper d'elle et paniquer ensuite, s'il vous plaît ? cria soudainement Mitsu avec tant de force que certains reculèrent d'un pas, bousculant Martha au passage.

Dans la foule, Julie la retrouva et tira sur sa main :

— Mathias dit qu'il faut la recoudre.

Allons bon, ils y étaient allés sérieusement cette fois. Elle se laissa guider jusqu'au cœur de l'attroupement : les trois explorateurs du jour, recouverts de boue, d'un sable gris qui semblait visqueux et de sang coagulé. Elisabeth assise au centre, la regarda penaude et laissa échapper un sourire contrit, elle tenait les pans d'une veste qui reposait sur ses épaules de doigts recouverts eux aussi de sang visqueux.

— J'ai comme l'impression que ça ne s'est pas déroulé comme prévu, dit Martha amère.

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𝖣𝖺𝗇𝗌 𝗅𝖾𝗌 𝗍𝖾𝗆𝗉𝖾̂𝗍𝖾𝗌 𝖽𝖾 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖾, 𝗎𝗇𝖾 𝗆𝖺𝗂𝗇 𝗍𝖾𝗇𝖽𝗎𝖾 𝗉𝖾𝗎𝗍 𝖾̂𝗍𝗋𝖾 𝗎𝗇 𝗉𝗁𝖺𝗋𝖾 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝗈𝖻𝗌𝖼𝗎𝗋𝗂𝗍𝖾́...