Juste après la Fin du Monde

Por KouignAmandine

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Qu'est-ce qui se passe, après la fin du monde ? Mais

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40

Chapitre 3

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Por KouignAmandine

Martha avait dénombré une petite centaine de personnes dans ce sous-sol, dont dix gravement blessés et une trentaine seulement légèrement. Elle avait aidé autant qu'elle avait pu, prenant en charge ces derniers pour aider à nettoyer les plaies et les couvrir mais n'avait pas pu faire beaucoup plus. Du haut de ses 67 ans, soulever de lourds débris ou porter des personnes était un peu trop demandeur en énergie. Elle avait dû se résoudre au bout d'un moment à s'asseoir dans un coin et observer de loin tout en restant alerte. Les blessés étaient au repos forcé et les autres prenaient leur mal en patience.

Le calme avait mis un certain temps à revenir après le choc des deux explosions. Elle était en train de chercher les clés de sa voiture au fond de son sac lorsque la première était survenue et encore en train de s'en remettre quand la deuxième avait frappé. Miraculeusement, elle n'avait aucune blessure sinon quelques égratignures et même si il lui avait fallut un certain temps pour retrouver ses esprits et reprendre contrôle de la situation, elle allait bien.

Il n'en était pas de même pour tout le monde : certains cédaient complètement à la panique, marchant comme des lions en cage ou restant assis à se lamenter bruyamment dans un coin. D'autres étaient plus pragmatiques, comme ces deux jeunes hommes qui avaient pris les choses en main et semblaient faire le tour des blessés, ou encore ceux qui lorgnaient du côté des magasins abîmés pour y piocher boissons et snacks, comme si le fait que tout se retrouve éparpillé au sol les dédouanaient de tout...

Il était vrai que cet espace semblait hors du temps : ils n'avaient reçus aucune communication en provenance de l'extérieur, certains avaient tentés de se rapprocher des murs mais n'avaient rien entendu, comme si un calme plat régnait en surface. On pouvait entendre se murmurer que les secours arriveraient d'une seconde à l'autre, qu'ils avaient besoin de dégager la voie de manière sécurisé mais Martha n'y croyait pas une seconde. Une intuition profonde lui soufflait qu'il ne fallait pas attendre d'aide en provenance de l'extérieur pour le moment, une estimation de quelques heures d'attente supplémentaires lui semblait bien plus plausible.

Elle réajusta sa veste, pleine d'une poussière qui n'allait jamais partir, pour couvrir son cou et continua son tour d'horizon des curieux habitants du sous-sol. Des petits groupes s'étaient déjà formés, illustrant le besoin d'appartenance viscéral que tout le monde pouvait avoir : familles, jeunes gens du même âge, étudiants de la même école non loin de ce centre commercial... Tout le monde semblait avoir trouvé un compagnon d'infortune, sauf elle. Elle et cette petite fille assise sagement quelques mètres plus loin.

Elle lui donnait une douzaine d'années tout au plus : habillée d'une tenue de sport gris clair, elle était assise bien droite dans une des chaises qui avait survécu aux diverses chutes et avait croisé les bras. L'enfant faisait la même chose que Martha finalement : elle scrutait la salle et ses occupants avec un air des plus sérieux qui tranchait sèchement avec la queue de cheval haute dans laquelle était rassemblés ses cheveux bruns. Elles avaient l'air si sévères et seules toutes les deux que Martha avait été tenté d'aller lui parler, mais elle était persuadée que ses parents étaient non loin et n'allaient pas tarder à venir s'occuper d'elle d'une minute à l'autre.

Elle reporta son attention sur les petits groupes épars, ceux qui s'étaient calmés tentaient de raisonner ceux qui cédaient toujours à la panique. « On a beaucoup d'espace, on ne manquera pas d'air. » entendait-elle, « Il suffit d'être patient ». Elle avait beaucoup à dire là-dessus mais elle préféra se taire. De la patience, ça oui, il en faudrait.

— Tout va bien, madame ?

Un de ces hommes qui faisaient le tour des blessés se tenait devant elle : cheveux courts, châtains, nez d'aigle et mâchoire carrée. Elle ne l'aimait pas. Surtout cette attitude de sauveur qu'il semblait embrasser à bras le corps.

— Oui, je fais comme tout le monde et je patiente comme je peux.

Sa voix était un peu enraillée, sans doute à cause de cette saloperie de poussière de béton, elle toussota pour s'éclaircir la gorge. Il lui tendit alors une bouteille d'eau, sans doute récoltée par les pillards plus tôt.

— Ne vous déshydratez pas, surtout.

Martha n'hésita pas une seule seconde avant de dire non, elle refusait de prendre ce qui ne lui appartenait pas, mais sans doute irait-elle glisser quelques pièces de monnaie sur le comptoir avant d'aller en prendre une elle-même. Le jeune homme haussa les épaules avant de ranger la bouteille dans sa poche arrière, puis il se présenta :

— Mathias, dit-il en tendant la main. On risque de rester ensemble un certain moment.

— Martha.

Elle prit sa main sans grande conviction, laissant échapper la pensée qu'il aurait peut-être dû commencer par là si il voulait rentrer dans ses bonnes grâces. À peine eut-il lâché sa main qu'il pointa discrètement du pouce la petite fille qu'elle observait plus tôt.

— Vous savez si ses parents sont là ? Tous les autres enfants sont avec leurs parents ou des proches mais elle...

La dame fit non de la tête, si elle était effectivement sans famille ou proches il ne ferait effectivement pas bon de la laisser seule.

Mathias acquiesça avant de s'excuser dans un sourire poli et s'éloigner d'elle, il se saisit de sa bouteille d'eau et chercha Mitsu du regard. Il était évident qu'il n'était pas le bienvenu auprès de cette femme alors il n'allait certainement pas pousser le bouchon plus longtemps.

Son collègue marchait le long du cercle extérieur de leur prison, il cherchait sans doute une issue possible ou au moins un chemin qu'ils pourraient creuser pour se sortir d'ici. Dès les premières minutes suivant le second choc, quelques personnes s'étaient précipités près des anciennes bouches d'accès au centre commercial pour découvrir qu'elles étaient toutes bouchées. Grand bien leur fasse, il restait le réseau souterrain de magasin et ses couloirs sans fin mais inutile de s'y risquer pour le moment sans lumières et surtout, sans précautions. Il le rejoignit en quelques enjambées - lentes, il prenait soin de ne jamais être transmettre son stress à qui que ce soit - et agita la main en l'air.

— Mitsu, appella-t-il pour le sortir de sa concentration.

— Ça paraît mal parti, commença ce dernier sans ambages. Ce n'est pas le genre d'éboulis qu'on peut déblayer, même avec des gens costauds. - il montra un des couloirs menant vers le dédale de magasins, plongé dans l'obscurité - Il y a bien une chance par là mais...

— Mais peut-être qu'on viendra nous chercher avant, sans doute, corrigea-t-il.

Les deux comparses se tenaient désormais bien droit dos au mur, tournés vers la colonie improvisée qui tentait de s'organiser au milieu de cette place occupée par des plantes vertes. Ils croisaient tous deux leurs bras sur le torse, dans un mimétisme parfait.

— Mais la question que je me pose, reprit Mathias d'un ton incroyablement tendu, c'est qu'est-ce qu'on fait des cadavres ?

Il y en avait peu, trois qu'ils avaient tout de suite remarqué - couverts à la va-vite avec des manteaux pour le moment - mais il y en avait sans doute plus sous les décombres. Il entendit son collègue claquer de la langue.

— Il faut au moins les rassembler quelque part, on ne peut pas les laisser là, au milieu. Ça risque de laisser traîner une sacrée ambiance...

Le mari qui avait perdu sa femme sous un morceau de la voûte était déjà inconsolable, il n'avait pas besoin en plus d'une rumeur généralisée sur le peu de chances qu'ils avaient de s'en sortir tous sans encombres. Mitsu reprit :

— Qu'est-ce que tu proposes ?

— Demander de l'aide, soulever les débris et les amener dans un des couloirs en attendant. Si il y en a d'autres et qu'on est là assez longtemps pour que ça devienne critique, on pourra toujours creuser...

Ils se dirigèrent vers le centre de la palmeraie, signe qu'ils étaient tombés d'accord sur la marche à suivre. Avant qu'ils ne l'atteignent, Mathias souffla à son compagnon :

— C'est toi qui parles...

Ce dernier lui donna une tape dans le dos pour lui dire ce qu'il en pensait mais se hissa tout de même sur un morceau de la fontaine centrale toujours debout pour y appeler tout le monde. Lorsque que tous se tournèrent vers lui, il entama sa demande :

— Il faut que nous fassions quelque chose que personne ici ne veut faire... Nous avons malheureusement trois personnes qui n'ont pas survécu à ces explosions dans ce souterrain, il nous faut les dégager et les isoler, sans doute dans un de ces couloirs là-bas.

Il désignait de la main le passage le plus éloigné, sur leur droite, et attendait de voir comment la foule accueillait sa demande. Si Mathias avait tenu à ne pas parler c'était d'abord parce que les gens avaient bien plus souvent tendance à suivre Mitsu que lui, mais aussi pour pouvoir jauger tout le monde tranquillement tandis qu'il parlait. Pas de signes avant-coureurs de fauteurs de troubles pour le moment, l'apathie semblait vaincre, mais il voyait déjà deux ou trois nerveux qui pourraient poser problème plus tard. Il prit soin de bien les détailler pour s'en souvenir.

— Nous sommes deux, mais nous avons besoin d'autres paires de bras pour faire ça.

Martha aperçu du coin de l'œil la petite fille seule se lever et faire quelques pas en avant. Elle comprit bien trop tard que l'enfant se portait volontaire pour aller déplacer les corps : elle voulut se lever pour l'intercepter mais n'eut pas le temps, une jeune femme sortit d'un des groupes sur le côté d'un bond et lui attrapa le bras d'un geste sûr. Martha soupira de soulagement voyant que cette dernière gardait la petite fille près d'elle en l'empêchant de repartir, même si elle se débattait comme un beau diable. De sa place, elle ne pouvait pas voir son visage : ses longs cheveux noirs et épais tombaient comme un rideau devant son visage, tout ce qu'elle pouvait voir était la peau sombre de ses bras et la veste qu'elle avait noué autour de sa taille.

— Merci ! entendit-elle, la sortant de ses pensées.

Elle reporta son attention sur la palmeraie : c'était le jeune Asiatique qui avait parlé. Deux personnes s'était rapprochées de lui, sans doute pour aider dans la délicate opération de déplacement des corps. Mathias leur serra la main un à un en se présentant. Le premier était un homme d'âge mur, coiffé d'un bonnet noir et habillé d'un manteau de velours il ne semblait pas prêt pour la tâche qui les attendaient mais au moins il semblait très carré d'épaule et épais sous ses vêtements. Le deuxième était bien plus jeune, un blond frêle mais qui tendit une main volontaire. Chez les trois hommes, la tension était palpable.

Après les présentations, Mathias chercha du regard Mitsu. Ils hochèrent tous les deux la tête, c'était mieux que rien. Ils feraient avec.

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