M A Ë L
J'observe sa cage thoracique monter et descendre doucement, souriant à m'en faire mal lorsqu'elle laisse échapper un soupir de bien-être.
Cela doit faire une dizaine de minutes que je la regarde, n'osant pas la réveiller. Même si je dois avouer que j'en ai terriblement envie.
Lorsqu'elle bouge un peu, je ferme instinctivement les yeux, ayant peur de me faire prendre en train de la regarder. Mais je sursaute simplement, lorsque je la sens se nicher contre moi.
Doucement, j'ouvre à nouveau les yeux pour tomber sur les siens, clos. Sa tête sur mon épaule et l'une de ses mains sur mon torse, il n'y a aucun autre endroit sur terre où j'ai envie d'être.
Je culpabilise un peu de penser des choses aussi niaises et carrément flippante. Je ne sais pas ce qu'il se passe entre nous, je ne veux simplement pas que cela s'arrête.
Je n'y crois toujours pas d'avoir dit à Mia que je voulais être avec elle. Oui, c'était dans la conversation, et à ce moment-là j'étais agacé qu'elle pense que j'aurais préféré être en boîte plutôt qu'avec elle. Mais mes paroles étaient spontanées, terriblement honnête alors que moi-même, je m'étais refusé de le voir.
J'ai quelque chose pour Mia. Oui, il manque un mot, sûrement au pluriel mais il est encore trop tôt pour que je me l'avoue.
Je sursaute lorsqu'une sonnerie retentit, ce qui réveille immédiatement la jeune fille. En grognant, elle se détache de moi pour rouler de son côté du lit jusqu'à la table de chevet. D'une main, elle attrape son téléphone, stoppant cette horrible musique.
Finalement, elle retombe sur le matelas, avant de tourner la tête vers moi.
- Je suis désolée, elle souffle.
- Désolé ?
- De t'avoir réveillé.
Elle me sourit et j'en fais simplement autant, ne voulant pas lui avouer que je la regarde depuis un petit moment. Bien heureux qu'elle soit enfin debout, je me glisse jusqu'à elle, avant d'écraser mes lèvres sur les siennes. D'abord doucement, ma langue trouve la sienne tandis que mes mains se hâtent sur son corps, jusqu'à la couture de sa culotte.
D'une de ses mains, elle m'arrête, me poussant un peu.
- Je dois y aller.
Je fronce les sourcils, je n'ai pas envie qu'elle s'en aille. Pas maintenant que je suis à 100% réveillé..
- Et aller où ?
Elle soupire avant de se mettre à sourire, m'ébouriffant les cheveux.
- Ne boude pas Maël, je te l'ai dit hier soir.
Je fais mine de réfléchir avant de secouer nerveusement la tête de gauche à droite.
- Nop, me rappelle pas.
- Je dois manger avec les filles, dans..
Elle se détourne de moi, pour se pencher vers la table de chevet.
- Moins d'une heure.
Frustré, je souffle bruyamment tandis qu'elle tente de venir se lover contre moi.
- Non Mia, ne vient pas me narguer avec tes beaux cheveux, ton sourire d'ange et ton corps.. ton corps que j'aimerai parcourir jusqu'à la fin des temps.
Suite à ma remarque, je la pousse un peu, de manière à ce que nous ne nous touchions plus du tout.
- Voilà, comme ça, c'est parfait.
Le rire de Mia s'élève dans la pièce, le moins du monde vexée.
- Tu es un enfant Maël.
- Ouais, bon, si je suis un enfant, toi t'es un nourrisson.
J'observe sa bouche s'ouvrir et se former à deux reprises, ne sachant pas quoi répondre à ma petite attaque.
- T'es malsain comme personne, elle rigole.
Je lui fais un clin d'oeil, avant de l'observer sortir du lit.
- Vous allez manger où ?
Elle hausse les épaules, enfilant à nouveau sa combinaison.
- Sûrement au Macdo.
- Macdo ? Je répète, donc tu préfères aller manger gras que de rester avec moi.
- Manger gras c'est l'histoire de ma vie, elle glousse.
Je soupire, décidément elle a réponse à tout.
- C'est dommage, j'aurais adoré passer la journée au lit avec toi.
Une fois rhabillée, elle fait le tour du lit pour venir s'y asseoir sur le bord, juste à côté de moi.
- Je ne les vois presque pas Maël.
Son visage se ferme et je m'empresse de saisir son visage entre mes mains.
- Eh.. je ne t'en veux pas. On aura tout le temps de passer la journée ensemble, je vais bien trouver un moyen de m'occuper.
Elle sourit avant d'embrasser la paume de ma main.
- C'est une proposition ? Elle me demande.
- Passer toute une journée dans ce lit, avec toi ?
Elle rougit légèrement, tout en hochant la tête.
- Ce n'est pas une proposition, c'est une promesse.
Satisfaite, elle dépose un chaste baiser sur mes lèvres avant de se lever.
- Dit-moi Mia.. tu fais quoi ce soir ?
J'essaie de ne pas montrer ma nervosité mais rien que l'idée qu'elle fasse quelque chose d'autre que de me voir à moi m'est insupportable.
- Je vois quelqu'un.
Mon coeur à peine le temps de s'accélérer qu'elle m'offre un grand sourire :
- Toi, je te vois toi.
Je me sens tout-à-coup idiot. Il faut vraiment que j'apprenne à ne pas réagir au quart de tour quant il s'agit d'elle.
Elle saisit son sac, après avoir rassemblée ses affaires, le posant sur son épaule.
- À ce soir, alors.
- Oui, à ce soir.
Sur ces mots, et sans oublier un sourire, elle tourne les talons. Mia n'étant plus avec moi, je n'ai plus aucune raison de rester au lit. Je me traîne hors du lit, enfilant un tee-shirt et un short de sport sur mon caleçon gris. Machinalement, je laisse tomber mon portable au fond de ma poche.
Je sursaute lorsque la sonnette de la maison retentit. Je me pince les lèvres en tournant sur moi-même et effectivement, je le vois. Le bracelet en argent qui ne quitte jamais la jeune fille en journée. Je le saisis avant de descendre rapidement jusqu'à la porte d'entrée, le bijou à la main.
- Décidément tu..
Oh. Il faut vraiment que j'arrête de penser que seule Mia peut se cacher derrière ma porte.
- Max !
- Salut Maël.
Aujourd'hui, aucun sourire sur le visage de mon meilleur ami pourtant toujours bienveillant et amical. Au contraire, il semble contrarié. Et si vous voulez mon avis, j'y suis pour quelque chose.
- Tu-tu veux entrer ?
Sans me répondre, il avance un peu et je me décale pour le laisser passer.
- Elle est ici ?
- De qui tu me parles, Max ?
Je me racle la gorge en le suivant jusqu'au salon, m'asseyant nonchalamment sur le canapé pour essayer de paraître décontractée alors que mon coeur tape violemment contre ma poitrine.
- Ne te fous pas de ma gueule.
- Bon d'accord.. Vanessa est passée hier soir mais elle n'est pas restée longtemps, elle..
Je laisse ma phrase en suspens lorsqu'il se rue vers moi, m'agrippant par le tee-shirt.
- Putain Maël arrête ! Est-ce que Mia est ici ?
Je crois que je ne l'ai jamais vu autant en colère, que se soit contre moi ou contre quiconque d'ailleurs. Alors je me contente de secouer doucement la tête de gauche à droite. Finalement, il me lâche et j'en profite pour me lever du canapé, ne voulant plus me retrouver dans cette situation.
- Vanessa n'a jamais été suffisamment bien à tes yeux pour que tu n'abandonnes ne serai-ce qu'une seule soirée pizza. Et tu n'es jamais fatigué pour aller faire le frimeur en boîte de nuit.
Je ne répond rien, tout simplement parce-que c'est la vérité. Rien ni personne n'a jamais été légitime au point que je ne sorte pas avec eux. Personne, jusqu'à Mia.
- Je n'ai rien dit de mes interrogations, me disant que tu m'avais promis Maël de ne plus t'en approcher. Mais, lorsque nous sommes rentrés cette nuit chez Julien, complètement saoul, nous avons réveillé sa mère et au détour de la conversation elle nous a dit qu'elle était chez une amie, c'est là que j'ai compris que tu m'avais menti.
- Max..
- Non Maël, tu n'as rien à dire, tu es en tord. C'est la soeur de Julien, merde !
Je me gratte nerveusement l'arrière de la tête, ne prenant qu'encore une fois conscience de la merde dans laquelle je me suis mise.
- Tu crois que je ne le sais pas ? Je souffle.
- Mais à quoi tu joues ? Ça t'excite de te taper une mineur, soeur de ton meilleur ami ?
- Je ne me la tappe pas !
Ma réponse est agressive mais je n'ai pas réussi à me contrôler.
- Tu me connais Max, tu sais très bien que je ne mettrais pas en jeu mon amitié avec Ju si.. elle ne comptais pas pour moi.
Ses yeux s'écarquillent et au moment où je pense qu'il va comprendre ma position, il laisse échapper un rire amer, revenant droit sur moi.
- Ce que je sais, c'est que tu es un joueur Maël, un challenger à qui il en faut toujours plus. Tu aimes surfer avec les limites mais là, tu les as carrément franchies. Julien va te tuer quand il saura que tu couches avec sa soeur.
- Je ne couche pas avec Mia.
Jure-moi que tu ne l'as jamais touchée ?
Je me pince les lèvres, me contentant de baisser la tête.
- Tu me dégoûtes.
- Max tu ne comprends rien, je l'..
Mes lèvres se scellent, refusant d'ajouter quelque chose. Je ne sais pas ce que je ressens, si je ressens quelque chose pour Mia. Tout se bouscule quand je pense à elle.
- Quoi ? Tu es amoureux d'elle ?
- Je-je.. non. Je ne tombe pas amoureux.
Il ricane, s'asseyant à son tour sur le canapé comme si il était épuisé de la conversation. Et je dois avouer que moi aussi, je suis fatigué de me disputer avec lui. Alors, je prend place à ses côtés avec précaution, ne voulant plus qu'il m'attrape par le tee-shirt.
- Mia n'est pas comme toi, elle est jeune, n'est sûrement jamais tombée amoureuse de qui que se soit. Et elle va t'aimer Maël, si ce n'est pas déjà le cas. Alors que toi, et tu le dis toi-même, non. Ne lui gâche pas la vie plus longtemps, ni ton amitié avec Julien. Si tu as un minimum de sentiments pour elle, laisse-la vivre son été loin de toi.
Je fixe un point dans le vide, écoutant silencieusement son sermon. Au fond, il a peut-être raison, et c'est ce qu'il me fait le plus peur. Je ne veux pas lui faire de mal, jamais. Aujourd'hui je suis persuadée qu'elle est ce que je veux. Je le lui ai encore dit hier soir, j'ai envie d'être avec elle. Mais dans une, deux semaines ?
- Maël ?
- Hein ?
- Tu m'écoutes ? Il me demande. Je ne dirai rien à Julien si tu décides de tout arrêter maintenant.
- Je ne peux..
- Réfléchis bien, des filles il y en a des tas.
- Pas comme Mia.
Doucement, sa main se pose sur mon épaule et il m'offre un vrai et grand sourire. Le premier depuis son arrivée.
- C'est certain, elle est géniale. Mais elle mérite quelqu'un qui l'aimera sans détour, et qui n'est pas le meilleur ami de son frère.
Une vibration contre ma jambe me sort soudainement de la conversation et j'extirpe mon téléphone de mon short.
Mia
J'ai oublié mon bracelet, tu me le rends ce soir ?
Ce n'est que maintenant que je me rend compte que pendant tout ce temps, je tenais le bijou entre mes doigts.
- C'est elle ?
- Oui.
Je le laisse me prendre le portable des mains.
- Ne lui répond plus, s'il-te-plait.
Si je ne lui répond pas, elle me détestera ou elle finira par me détester. Reste à savoir si c'est une bonne chose ou pas.
- Je ne veux pas lui faire de mal Max, je te le promet. Mais je ne suis pas sûr de pouvoir me détacher aussi facilement d'elle. Elle est plus intéressante, plus drôle et plus belle que toutes ces filles que j'ai pu rencontrer ses dernières années. Je ne te dis pas que ce que je fais est bien, mais avec elle, moi, je suis bien.
- C'est plus grave que ce que je pensais alors ?
- Oui, je répond, je crois bien.
Je me frotte le visage en soupirant.
- Je ne veux pas me retrouver à choisir entre Julien et toi. Mais si ça doit arriver, sache que c'est toi qui a tout fait foiré. Si tu continues avec Mia, tout le monde va souffrir. Alors est-ce qu'une amourette de vacances, qui se terminera de toute manière quand tu repartiras en Nouvelle-Zélande et elle à Seattle en vaut la peine ?
Il me tend mon téléphone, comme si, finalement, la décision ne dépendait non plus de lui et de sa demande mais de moi.
Alors, en soupirant lourdement, je ne le quitte pas des yeux en déposant mon téléphone et le bracelet de la jeune fille sur la table basse.
- On sort ce soir ?
Suite à ma question, il me sourit, visiblement fier de moi. Tandis que moi, j'ai la gorge qui se serre encore un peu. Je n'ai pas envie de passer mes vacances sans Mia, même si je n'avais vraiment jamais voulu songer au fait que dans quelques semaines déjà, nous devrions nous séparer l'un de l'autre, quoi qu'il arrive. Pour le moment, je donne à Max ce qu'il veut, sans savoir si c'est ce que je ferai.
J'observe le portable et le bijou, espérant à contre-coeur qu'elle se mette à me détester. C'est vrai, si elle ne veut plus entendre parler de moi, les choses me seront facilitées.
- Tu veux pas qu'on se commande à manger ?
Comme réponse, j'opine du chef. Notre conversation concernant Mia est belle et bien terminée. Mais jusqu'à quand ?
- Il est là !
Je m'observe une dernière fois dans le miroir, déboutonnant le premier bouton de ma chemise blanche. J'ébouriffe mes cheveux encore mouillés, avant de me parfumer rapidement.
- J'arrive, Max.
Dans ma chambre, j'attrape mon portefeuille, laissant volontairement mon téléphone sur le bureau. Après plus de cinq messages de Mia, j'ai décidé de l'éteindre. J'avais trop peur de craquer et de lui répondre. Je ne sais pas ce que je ferai demain mais pour le moment, je vais essayer d'oublier un peu cette histoire, en allant m'amuser dans notre club préféré.
Je dévale les escaliers, le jeune homme m'attendant déjà dans la voiture. Je le suis jusqu'à l'extérieur, découvrant la voiture de Julien, une belle volkswagen série sport, aux vitres teintées.
Je cours jusqu'à la portière arrière, sachant que Max est devant.
- Alors les don ju..
Je me stoppe immédiatement, prenant connaissance de la personne assise à mes côtés. Je reste tétanisé, plus que surpris, délaissant mes deux amis pour elle.
- Salut Maël.
- Mia ?
**
Coucou, j'espère que vous allez bien ? Que vos concours, examens se sont bien passés ? En tout cas, je suis heureuse de revenir avec un nouveau chapitre que j'ai vraiment adoré écrire.
Mais je voulais vraiment vous remercier pour les 100 000 lectures, plus que dépassés à présent. C'est incroyable pour le si petit nombre de chapitres et l'ancienneté de cette histoire. Merci encore, je vais chercher une façon de vous remercier.
Vous faites tellement pour moi, avec vos commentaires, vos étoiles et le nom des listes de lecture dans lesquelles vous mettez mes histoires. Heureusement, les commentaires négatifs ou désagréables sont minimes et les votre me font tout oublier.
Merci encore,
Je vous aime,
Vicky.