Roses [REECRITURE]

By linamendes213

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A la mort de sa mère, Aaliyah, jeune adolescente pétillante, s'était soudainement altéré à une toute autre pe... More

CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29
CHAPITRE 30

CHAPITRE 1

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By linamendes213




Aaliyah

   —   Ravi de vous revoir mademoiselle Davis. Je vous en prie, installez-vous, me dit-il alors que je m'installai sur le sofa en cuir de son cabinet. Comment allez-vous depuis notre dernière séance, ajouta-t-il, alors qu'il devait pertinemment connaître la réponse.
   —  Ça va, mentis-je.
Il le savait. Je soufflai, et finis par dire la vérité, me sentant vaincu par son œil d'expert en psychologie.
   —  J'ai fait... un cauchemar la nuit dernière, (son silence m'invitait à continuer). J'étais à l'hôpital... et il y avait ma mère. On était toutes les deux ensembles, tout allait bien puis d'un coup... des saignements au niveau de sa poitrine...
  Je m'arrêtai soudainement dans mon discours en revoyant cette scène que j'avais vue dans mes mauvais rêves... qui me rappelait le jour où elle était partie.

  —  Alors comment ça va à l'école ? me demanda-t-elle, allongée sur son lit d'hôpital
Je n'ai pu m'empêcher de rire.
  —  Comme d'habitude maman. Tu n'étais endormi qu'une semaine, même pas, depuis ta transplantation. Tu n'as pas raté grand-chose, la taquinai-je.
Elle rigola à gorge déployée, puis son rire se transforma petit à petit en petit sanglot, ce qui me déstabilisai énormément. Pourquoi était-elle passée du rire aux larmes aussi rapidement ? Et pour quelle raison ?
  —  Qu'est-ce qu'il y a maman ?
Elle laissa échapper des larmes qu'elle essuya instantanément et prit de profondes respirations pour se ressaisir. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait tout à coup ? Elle me saisit par les mains fermement.
  —  Rien, ma chérie, ne t'en fais pas, je suis juste un peu émue.
  —  Mais pour quelle raison ? demandai-je.
Elle me serra les mains plus vigoureusement et me regarda, ses yeux inondés de larmes dans les miens.
  — Je suis fière de toi, Aaliyah, de la jeune femme que tu es devenu...  tu ressembles tellement à ton père, ajouta-t-elle en passant sa main sur ma joue.         Elle était glacée.
  — Maman, tu es gelée, tu veux que je te couvre un peu plus ?
  — Non, m'arrêta-t-elle, alors que je m'apprêtai à me lever afin de la couvrir davantage. Ce n'est pas nécessaire.
  Je me réinstallai sur le fauteuil à son chevet, puis je la sentis trembler comme une feuille morte. Elle exerça une pression plus forte sur ma main, qu'elle n'avait pas lâchée depuis tantôt.
  — Maman, tu m'inquiètes, dis-je, craintive.
  —  Ma chérie. Tu dois me promettre que tu finiras tes études et que tu n'abandonneras jamais tes rêves.
  —  Pourquoi tu me dis ça maman ?, m'inquiétai-je, de plus en plus.
  —  Tu dois me le promettre, ajouta-t-elle en versant des larmes. Que tu ne laisseras personne te faire douter de toi. La vie est pleine d'épreuves et d'obstacles, mais tu dois être forte et ne pas te laisser abattre.
  —  Maman arrête ça, tu me fais peur, paniquai-je.
  —  Tu dois être forte Aaliyah.
  Elle passa sa main dans mes cheveux et me caressa le visage avant de coller son front contre le mien. Je tremblai, ma respiration fut aussi saccadée que la sienne. Tout était flou dans ma tête, je ne savais pas quoi faire, je ne comprenais pas pourquoi elle me disait ça. Je l'écoutais attentivement sans savoir les conséquences de mon attention. Elle s'écarta un peu et me regarda droit dans les yeux :
  —  Tu dois être forte mon bébé.
  À l'instant où elle prononça cette phrase, je compris qu'elle n'était pas destinée exclusivement à mon futur parcours professionnel. Tout prenait tout à coup tout son sens. La pression qu'elle avait sur mes mains se faisait de moins en moins présente, je la voyais s'éteindre sous mes yeux. Elle était en train de partir. Elle me regarda droit dans les yeux, le regard fixe, quand soudain, alors qu'une dernière larme perla le long de sa joue, elle s'écroula sur son lit.
  —  Maman ? MAMAN ?!, dis-je en la secouant, mais rien n'y faisait.
  Je hurlais de panique lorsqu'un long bip strident, angoissant et chronique se faisait entendre, affichant sur les machines une ligne parfaitement droite.
  —  À L'AIDE ! UN MÉDECIN S'IL VOUS PLAÎT ! IL FAUT UN MÉDECIN, criais-je pour avoir de l'aide.
  J'appuyais comme une folle sur ce petit bouton rouge, situé à côté de son lit.  Les larmes dévalaient mes joues à une vitesse folle, mon visage était devenu tout rouge à force de crier pour appeler ne serait-ce qu'une seule personne qui puisse me venir en aide. Le médecin, qui prenait ma mère en charge, arriva en trombe dans la pièce et cria :
  —  Code bleu !
  Il appuya sur un des centaines de boutons qui étaient autour d'elle et quelques secondes plus tard une équipe de 5 personnes entra avec un défibrillateur.
  —  Vous devez sortir mademoiselle !
  —  Qu'est-ce qu'il lui arrive, s'il vous plaît ?!
  —  Mademoiselle ne pouvait pas rester ! ... INFIRMIERS !, finit-il par crier.
  —  Non, je reste ici !, commençai-je alors que je sentais des mains de part et d'autre mes côtés me saisir les bras. Laissez-moi !
  J'essayai de les repousser tant bien que mal, mais en vain, ils étaient beaucoup plus forts que moi, je ne faisais pas le poids face à eux. Je ne cessais de me débattre comme une folle, je voulais juste rester à ses côtés, mais ils m'en empêchaient, ils voulaient me séparer d'elle, me l'arracher.
  Les infirmiers me saisirent plus fermement afin de me stabiliser, de canaliser les coups de pieds que je mettais hasardeusement.
  —  Lâchez- moi !, leur ordonnais-je.
  Personne ne m'écoutait. C'était à ce moment que je cessais de me débattre, à bout de force, mais pas à bout de souffle, car il m'était toujours impossible de m'arrêter de pleurer. Je m'effondrai au sol, en face de la porte de la chambre de ma mère, ce qui fit relâcher toute pression qu'exercèrent les hommes sur mes membres. Je les ai sentis s'en aller lorsque que j'eus enfoui la tête entre mon genou et le mur. Je me sentis au fond du gouffre, un gouffre si profond qu'il fut invraisemblable que je puisse en sortir. Alors que je levai ma tête et vis le médecin, il recouvrait le corps de ma mère d'un drap blanc.
  Elle est morte.

  —  Mademoiselle Davis, vous êtes toujours avec moi ?
  Sa voix me fit sortir de mes sombres pensées que je n'arrivai malheureusement pas à oublier. Je hochai de la tête pour lui faire témoigner de mon retour sur Terre.
  —  Continuez.
  J'inspirai profondément.
  —  Sa poitrine était ensanglantée et son cœur sortit de sa cage thoracique.
  Le docteur acquiesça d'un mouvement de tête, comme s'il ne connaissait pas cette histoire que je venais de lui raconter pour la dixième fois en deux mois.
  —  Mais cette fois-ci, elle avait mis son cœur sur ma main, l'avait jeté sur moi et me disait de le prendre, car c'était à cause de moi qu'elle l'avait perdu et qu'il ne fonctionnait plus.
  —  Hmm, fit-il en écrivant je ne savais quoi sur son cahier. On avance sur le message caché de ce cauchemar, (il défait l'attention qu'il portait à son carnet et la posa de nouveau sur moi). Vous vous sentez coupable ?
  —  Pardon ?
  J'avais très bien compris où il voulait en venir.
  —  Pensez vous que votre mère est morte par votre faute ?
  Bien sûr que je me sentais coupable. Je ne cessai de me dire que j'aurais pu faire quelque chose d'une manière ou d'une autre. Peut-être n'avais-je pas été une fille exemplaire, que ma pré-adolescence l'avait irrité ou quel que soit le comportement que j'avais pu avoir consciemment ou inconsciemment envers elle, ça pouvait être la raison de son affaiblissement.     Mais la vraie raison à laquelle je pensai, au fond de moi, me laissait un goût plus amer en bouche.
  —  Ma mère m'a eue très jeune avec mon père, elle n'avait que 16 ans.
  —  Votre âge, me coupa-t-il.
  —  Oui. (Je poursuivis.) Sa grossesse lui à provoquer une carence en fer importante et elle a été diagnostiquée anémique. C'est à cause de ça qu'il lui a fallu une transplantation cardiaque. Si je n'étais pas venu au monde, rien de cela ne serait arrivé.
  Personne ne dit rien. J'attendai une réponse de sa part, mais tout ce qu'il fit été de m'observer en hochant légèrement de la tête, ce qui ne fit qu'accroître l'angoisse au fond de moi.
  —  Votre faculté d'analyse de situation sur-développée m'impressionnera toujours, vous pourriez faire une très bonne psychiatre.
  —  Euh, merci ?, hésitai-je, ne sachant pas si cela fut un compliment ou de l'ironie.
  Il rit. Au moins il sait détendre l'atmosphère.
  —  Attendez, je suis bien en consultation avec docteur Jordan "le psychologue" et non "le psychiatre", n'est-ce pas ?, demandai-je à l'homme aux multiples diplômes.
  —  Bien entendu, dit-il en retirant ses lunettes. (Ce qui annonçait la suite de ses dires très sérieux.) Vous ne pouvez pas, vous déterminez responsable d'une chose sur laquelle vous n'avez pas le contrôle. Même si votre mère a contracté cette maladie des suites de sa grossesse, vous n'en êtes responsable en rien. Là, c'est le papa qui parle, me sourit-il. Sourire que je lui rendis. Je ne savais même pas qu'il avait des enfants.
  —  Vous êtes trop jeune pour subir une telle rancœur envers vous, je ne pense pas que votre mère apprécierait cela. Apprenez à vous écouter un peu plus, refaites-vous confiance.
"Refaites-vous confiance". Je baissai la tête à l'entente de ces paroles. Je ne savais plus à quoi rimait le mot "confiance".  Il devait surement avoir raison.  Il avait raison. Je le savais. Mais je n'arrivai tout bonnement pas à me détacher de cette culpabilité. Peut-être que cette séance allait me mettre sur la voie de mon propre pardon.
  Le minuteur retentit, annonçant la fin de la séance.
  —  Bon, commença le docteur, nous progressons. Vous avez encore de la marge à parcourir, mais je pense que vous êtes sur la bonne voie.
  À 120 dollars la séance, j'espère bien qu'on est sur la bonne voie.
  —  Le psychiatre va vous prescrire un petit quelque chose contre votre anxiété, dit-il en parlant de lui à la troisième personne. Ça devrait gérer vos cauchemars.
  Je le regardai, perplexe.
  —  Vous êtes sûre que c'est nécessaire ? Je ne fais pas autant de cauchemars que ça.
  Je ne suis pas très à l'aise à l'idée de prendre des médicaments sur prescription d'un psychiatre. J'avais perdu ma mère, certes, mais ça n'était pas pour autant que je pensais devoir me faire interner dans un hôpital psychiatrique ou prendre des foutus comprimés.
  —  Ne le voyez pas comme une punition. C'est pour votre bien. Prenez-en lorsque que vous vous sentirez trop submergé ou que l'anxiété prendra le contrôle sur votre corps. Il faut éviter ça pour ne pas perturber votre progression.
  Il me tend le petit flacon orange qui devait contenir une trentaine de comprimés, accompagné d'une prescription médicale.
  —  Merci, docteur.
  Je le remerciai et quittai son cabinet, qui avait encore manifestement besoin de finition. Cela faisait deux mois et demi qu'il s'était installé en ville et son cabinet ne ressemblait toujours pas à un cabinet de consultation, du moins, lorsqu'on en sortait. À première vue, ça ne paye pas de mine.  Je me demande si je suis sa seule cliente ? Il était plutôt bon dans son domaine. Mon père me l'avait recommandé, c'est lui qui m'avait poussé à consulter avec un professionnel.
  Je regardais l'heure : 19 h 04. Je vais rater l'heure du dîner.

Nous étions à table, et ce soir seule le bruit des couverts se faisait entendre. Et pour cause : cela faisait six mois aujourd'hui.
  —  Comment s'est passé ta journée, trésor, brisa-t-il enfin la glace.
  —  Comme d'habitude, comme un jeudi quoi, dis-je sans plus de conviction.
  —  Ça s'est bien passé avec le docteur Jordan.
  Je reposais mes couverts, agacée par cette question constante du jeudi soir. Mais je ne voulais pas le lui montrer.
  —  Tu sais, si j'avais voulu te parler de ce genre de chose, tu ne dépenserais pas autant d'argent pour me payer un psychologue, plaisantai-je.
  Un soupçon de regret m'envahit lorsque que je vis sa mine de déception. Ça n'a pas l'air de le faire rire.
  —  Oui, je sais bien. Avant, tu n'avais pas de secret pour moi, révéla-t-il avec nostalgie.
  —  Papa... ce n'est pas que je te cache des choses, c'est juste qu'il y a... certaines choses, dont il vaut mieux que nous ne parlions pas, insistais-je sur ces mots.
  Il afficha une expression qui montrait qu'il voyait très bien où je voulais en venir. Il n'en disait pas plus malgré la peine qui le terrassait sûrement. Je n'oublierai jamais ce soir là où je l'ai vue s'effondrer pour la première fois.


À peine rentré à la maison, mon père fut directement monté dans sa chambre en me disant un simple "je vais dormir, bonne nuit". Après ça, je ne l'avais plus revu. Quant à moi, je me suis effondrée dans le vestibule. Je ne m'arrêtai plus de pleurer en repensant à cette horrible journée.
  Allongée, dans mon lit, je n'arrivai pas à trouver le sommeil. J'eus beau me tourner et me retourner, mais rien n'y faisait. Même dans les bras de Travis. Travis est mon doudou. Je l'ai depuis ma naissance. C'est ma mère qui me l'avait offert. Au début, c'était une douce petite couverture, puis avec les années et l'usage, c'est devenu un gros morceau de tissu bon pour nettoyer les vitres. Sa présence m'était toujours réconfortante, mais aujourd'hui, elle ne me suffisait pas. Je décidai donc de rejoindre la chambre de mon père. Il devait sûrement dormir à cette heure-ci, épuisé de cette dure journée et de cette nouvelle épouvantable qui s'est abattu sur notre famille.  J'avais tellement de peine le concernant. Je l'avais bien vu prendre sur lui, se retenir de montrer ses sentiments pour me protéger, me réconforter en dépit de sa propre peine. Je me sentais vraiment comme une merde. Mon pauvre papa...
  J'ouvris tout doucement la porte, pour éviter de le réveiller, mais en entrant, je découvris qu'il ne l'était pas et écarquilla les yeux devant ce tableau qui me creva le cœur pour la deuxième fois de la journée. Dos contre la tête de lit, là, devant moi, torse nu, couverture montée jusqu'à la taille, les mains jointes, en train de pleurer à chaudes larmes. Je ne pouvais contrôler les miennes qui se mirent automatiquement à verser des torrents. C'était la première fois que je voyais mon père pleurer. Je voulus faire demi-tour, mais mon âme m'en empêcha lorsque ses pleurs furent troqués par des sanglots de douleur.
  —  Papa... fis-je d'une petite voix en entrant dans la pièce.
  Il n'essaya même pas de cacher sa tristesse, tant elle était forte et souleva simplement les couvertures afin que je puisse prendre place à ses côtés. Chose que je fis et je le pris dans mes bras afin d'atténuer sa peine, à mon tour. Les larmes me montaient à nouveau. Mon père caressa mes cheveux et y déposa un petit baiser.
  —  On va surmonter ça ensemble, trésor.
Je secouai la tête, ne voulant toujours pas accepter la réalité en face. Elle était belle et bien partie. Je ne pouvais imaginer une existence sans ma mère. Je n'arrêtai pas de me ronger de l'intérieur à me demander à quoi allez bien pouvoir se résumer ma vie sans elle. Je n'arrivai pas à l'accepter et j'avais peur de ne jamais y parvenir.
  Mon père sécha frénétiquement ses larmes et se racla la gorge.
  —  Désolé, je ne devrais pas me montrer si vulnérable.
  —  Ne dit pas n'importe quoi. Ce n'est pas le moment de penser à une chose aussi ridicule, eus-je soudain l'envie de le réprimander. C'est la réalité de ce qu'il se passe.
— Elle a eu la chance, changeait-il de sujet, de t'avoir eu à ses côtés pour ses derniers instants. Tu ne peux pas imaginer à quel point elle t'aimait. Tu étais la personne la plus précieuse à ses yeux, la personne qu'elle aimait le plus.
  Je séchai mes larmes et le relâchai de mon emprise afin de me redresser et de lui faire face.
  —  Pourquoi ? Ça veut dire qu'elle ne t'aimait plus comme avant ?
  Je réussissais à lui décrocher un sourire malgré lui avec ce que je venais de lui demander.
  —  Ta mère et moi n'avons jamais cessé de nous aimer depuis l'adolescence. Quand on est jeune, on pense souvent que l'amour est surfait, qu'il n'existe pas ou que ce n'est pas aussi beau et bon que dans les histoires ou les films à l'eau de rose, (il marqua une pause). Mais lorsque que tu rencontres ton véritable amour, cela va au-delà de tout ce qu'on aurait pu imaginer à son sujet. Elle était l'amour de ma vie, Aaliyah, ajouta-t-il. Lorsque nous t'avons eu,  je suis tombé amoureux d'elle à nouveau, et nous sommes tous les deux tombés amoureux de toi. Tu es arrivée dans nos vies comme un rayon de soleil, tu nous as appris un tout nouvel amour que nous ne connaissions pas. Et à partir du moment où nous avons goûté à cet amour-là, nous ne voulions plus nous en détacher, grâce à toi. Tu es la plus belle chose qui ne nous soit jamais arrivée.
  Ce que venait de me dire mon père me toucha énormément, que je ne pus m'empêcher de le serrer de nouveau plus fort encore contre moi. J'espérais qu'une seule chose : qu'elle soit partie en paix. Ce drame ne fera qu'endurcir mes liens avec mon père. Nous serons plus soudés que jamais à présent et rien de pire ne pourrait nous arriver maintenant. C'était nous deux contre le monde désormais.

  Je repris mes esprits et continuai mon repas avant de dire :
  —  Le docteur Jordan m'a prescrit des médicaments pour... l'anxiété, dis-je finalement pour m'ouvrir à lui.
  Mon père mâcha sa nourriture plus lentement et desserra un peu la cravate d'un de ses nombreux costumes trois pièces. Je savais qu'il savait ce que j'en pensais. Voilà réponse à sa réaction peu expressive.
  —  Tu ne veux pas, c'est ça ?
  Je hochai de la tête.
  —  Tu n'es pas obligé d'en prendre si tu ne veux pas. Mais sache juste que ces médicaments sont là pour t'aider en cas de crise. À toi de savoir ce qui est le mieux pour toi, mais c'est à tes risques et périls.
  Je hochai de la tête à nouveau. Ils avaient raison. Les prendre seraient certainement la solution de mes mœurs. Enfin, ça m'aiderait bien plutôt. Je voudrais passer à autre chose, arrêter de me prendre la tête, trop réfléchir. J'aimerais tellement ressembler à mon père à ce moment précis. Malgré cette épreuve, il avait su rebondir et passer à autre chose. La vie continuait malgré tout... Enfin plus pour lui. Moi, je restais bloquée dans le passé.

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