Je sens une colère mauvaise s'emparer de mes sens, de ma conscience, j'ai cette étrange envie de tuer cet homme, peu importe qu'il soit mon frère ou non. Des envies de meurtres. Ça ne m'étais encore jamais arrivé jusqu'à aujourd'hui.
- Bon, calmons-nous. Poupée, tu viensavec moi, le clébard, tu restes là, je vais te montrer un petitfilm.
Il sort un couteau de sa poche et détache Hellen, avant de relier ses poignets dans son dos. Puis, la tenant par le bras, il l'emmène dans une salle adjacente, vitrée, de laquelle on voit celle où je suis. Il revient vers moi, une seringue contenant un liquide orange fluo dans la main. Je me débats, mais il plante l'aiguille dans mon épaule et presse le piston. Je ferme les yeux sous le choc de mes émotions qui s'emballent. Lorsque je les ré-ouvre, je comprends immédiatement où je suis. Le liquide orange de la seringue est en fait un mini-ordinateur à usage unique. Il est injecté et cet ordinateur va avoir accès à tout ce qu'il y a dans ma tête. Rêves, peurs, souvenirs, mensonges, même les choses que vous, vous avez oublié. Il va ensuite reconstituer des images pour vous torturer. Alan a les mêmes techniques pour nous apprendre à nous contrôler. Je n'ai jamais été très bon sur la durée. Je ne suis capable de tenir deux illusions sans réagir. Après mes instincts de loup reprennent le dessus. Et moi je perds le contrôle.
La première illusion se déroule au lycée. Je suis avec toute la bande mais il manque Hellen. Je la cherche du regard et finis par tomber sur une Hellen en train d'embrasser à pleine bouche le frère de James, Bruce. Je serre les poings mais réussis sans trop de mal à me contenir. L'image change brusquement. J'étais dans le sous-sol de notre planque. Soudain, Hellen arrivait avec un autre homme. Elle me regarde et me dit que je ne suis pas assez bien et que je ne lui sers à rien, que désormais je dois oublier ce lieu.
Cette fois, ma conscience m'appartient encore à peu de choses près et je peux juguler ma colère. Notre kidnappeur cherche par tout les moyens à me faire entrer en colère et à devenir violent, je suppose. Je lutte de toutes mes forces et pour la première fois je réussis à passer quatre illusions avant de réellement commencer à m'énerver.
Mais lors que la cinquième, alors que ça devait certainement faire plusieurs heures que je devais me débattre dans ces illusions débiles, je perds les pédales. Je lutte le plus longtemps possible mais au bout d'un moment, je finis par céder.
Je suis torturé avec la femme que j'aime et c'est le pire. Hellen est couchée au sol et un homme, penché sur elle, est en train d'essayer de déboutonner sa chemise, je vous laisse deviner pourquoi.
Ce qu'il ne faut surtout pas faire c'est commencer à défoncer l'homme de l'illusion. Parce que si ton agressivité, ta colère ou encore ta violence augmentent, l'illusion peut durer toute une vie. C'est pour ça que seuls des hommes habilités et toujours surveillés doivent avoir accès à ces machines. Parce que l'on peut rester enfermé dans les illusions de notre propre cerveau pendant des années entières. Et même y mourir.
Mais soudain, ce fut trop, j'essaye de me contrôler mais voir, même si ça n'est pas vrai, Hellen souffrir juste devant moi sans que je ne fasse rien est au-dessus de mes forces. J'attrape l'homme par une épaule et le fais s'envoler sur une vingtaine de mètres et luttant contre l'envie de lui faire payer, j'allais au chevet de Hellen. Au moment où je pose ma main sur son épaule, l'illusion change. Je perds un peu l'équilibre et bascule en avant. Lorsque je me redresse, je sens ma conscience s'envoler encore un peu plus. Cette fois c'est Matthew qui se fait attaquer et maltraiter.
Illusions après illusions, retenir mes envies sanguinaires devient de plus en plus dur, bien que je sois mentalement plus fort que d'habitude face à cette torture. Au bout d'une dizaine d'heures, je pense, d'illusions sans pause, les hommes qui attaquaient ceux que j'aimais sont de moins en moins en bon état.Vaincu par la technologie je me laisse finalement sombrer dans l'inconscience pour échapper à cette horreur. Je force ma partie loup à me déconnecter de la réalité en bloquant mon souffle. Mes poumons me brûlent et enfin, le noir m'envahit, ses tentacules pour une fois bienvenues m'enserrant dans leur étreinte immatérielle.
Un seau d'eau glacée me réveille en sursaut. Je suis toujours attaché mais ligoté sur une chaise et non plus suspendu par les poignets. L'homme est face à moi. Il sourit et ce sourire artificiel ne présage rien de bon.
- Ton ancienne petite amie à un mot àte dire.
Encore tremblant de stress et de froid, je me fige soudain, tout les muscles bandés. Ancienne petite amie. Ancienne. Ancienne. Ce mot tourne en boucle dans mon esprit sans que je ne réussisse à l'arrêter. Quoi ? Mais...
Hellen entre. Elle qui, d'habitude est si tactile et si vive est comme exténuée. Elle lève les yeux vers moi je vois que la flamme pure qui brûlait d'habitude au fond de ses yeux est éteinte et qu'il ne reste que la peur et de la haine. Tellement puissante et vive que je baisse les yeux.
- Il t'a forcée à regarder c'est ça? Il t'a montré de la pire manière qu'il soit mon mauvais côté. Ce mauvais côté que Bersheker s'est épuisé à enlever et que Alan a cultivé ? Ce côté sombre que tous les combattants ont. Ce côté sombre qui effraie les gens. Qui t'as effrayée. Mon côté meurtrier.
- Tu es un monstre ! Je...je croyais que tu serais capable de passer outre cette facette de ta personnalité, mais en fait c'est encore pire. Je sais que tu le faisais pour me protéger dans tes illusions mais ça n'efface pas tes actes. Ça n'enlève pas ce que tu as fait !
Chacune de ses phrases me fait l'effet d'un coup de poignard dans le dos. Plus jamais elle ne me pardonnerai. Et ces derniers mois ont juste été un passage à l'air libre, au soleil, pour passer dans un nouvel enfer plus violent encore que les précédents. Mes épaules s'affaissent, et d'un coup, l'avenir paré de couleurs qui me permettait de tenir le coup s'efface pour ne devenir qu'une route grise dans un paysage noir.
Je la regarde une dernière fois dans les yeux mais il m'est impossible de voir quoique ce soit d'autre que de la peur. J'ai beau essayer de me dire que cette peur n'était pas tournée vers moi, mais vers mon... frère... Mais mes sens ont beau être encore à moitié dans les illusions, je sais que c'est faux. Du bout de l'aile, j'effleurais son épaule, comme le dernier geste d'amour avant le grand saut dans la mort de l'espoir. Contrairement à ce que je pense, et comme pour confirmer le fait que je me berce d'illusions encore, elle se contenta d'afficher une moue blasée. Blessé jusqu'au plus profond de mon âme, je repliais mes ailes autour de moi. Je me sens comme un puit vide, résonnant d'échos anciens, plein d'une noirceur effrayante.
*
Des heures durant, l'homme qui nous retient me force à regarder des images sur un écran. C'est ce que voit Scott. Nous sommes dans sa tête. Au début Scott tient le coup mais plus le temps passe plus il devenait violent. Au début ça m'effrayais. Mais à la réflexion je sais que si j'avais été à sa place, j'aurais réagit de la même manière.
- Tu me dis si tu as peur hein.
L'homme me sourit et me regarde avec un sourire sympa. Ce brusque changement de personnalité m'inquiète. Le temps que je revienne à la réalité, Scott avait déjà subit deux autres illusions. Je mets un bon moment à remarquer que les illusions sont sans-cesse les mêmes. Je suis avec un autre homme et évince Scott sans même une explication, un reproche ou un pardon.
Plusieurs heures passent et Hellen est de plus en plus catastrophée. L'homme finit par la convaincre que Scott l'effraie et la force à le lui dire.
Après m'avoir forcée à détruire psychologiquement Scott, l'homme me bande les yeux et me guide à travers un dédale de pièce en pensant pouvoir me perdre. Mais je sais parfaitement où nous sommes. L'organisation du bâtiment correspond à l'ancienne mine d'argent qui a été désaffectée il y a une bonne centaine d'années. Elle se trouve en marge de la ville, mais pas trop décentrée. Une fois dehors, il me guide puis me fait monter dans une voiture aux vitres tellement teintées que je ne peux pas voir dehors. Alors seulement il me détache, m'enlève le bandeau.
- Te connaître à été un véritable plaisir et je m'excuse de la manière que j'ai employée pour vous avoir. La bombe n'était pas assez puissante pour vous tuer et je savais que le monstre serait capable de percevoir la minuterie et que toi, la petite protectrice de la ville, aurais des réflexes assez rapides pour t'en sortir. Bon par contre je suis désolé, mais je n'avais pas bien dosé sur les quantités du produit, enfin du gaz, du coup tu as une semaine et deux jours de cours à rattraper.
- Une semaine ?! Mais c'est énorme !
- Et je souhaite que tu m'en excuses !Allez, adieux belle jeune femme.
- Est-ce que vous allez relâcher Sco...euh...., le monstre, le diable ? Finis-je par demander.
- Non pourquoi ?
- J'aimerais lui faire passer l'envie de recommencer. Vous me comprenez non ?
- Je vais m'en occuper si tu me le permets, mais je lui transmettrais ta demande ne t'inquiète donc pas ! Je m'arrangerais pour que plus jamais il ne soit en capacité de venir t'importuner. Toi ou toute autre personne !
Après un dernier sourire que je devine victorieux, il ouvre la portière et sort le plus rapidement possible de la voiture, pensant que je ne serais pas capable de reconnaître la mine. Mais durant les quelques secondes qu'il met pour ouvrir, sortir puis fermer la porte, j'ai le temps de reconnaître le paysage accidenté et la couleur étrange du sol. Il n'y a qu'ici que la terre a cette couleur grisâtre propre aux mines d'argent. Je sais où nous avons été retenus, cette information pourrait être capitale pour les hommes que mon père a dû lancer à ma recherche. L'homme qui est, si j'ai bien compris, le frère de Scott frappa deux coups puissants sur le toit de la voiture et immédiatement, je sens ses propulseurs se mettre en marche. La voiture décolle avec une puissante pulsion et je ferme les yeux en appuyant ma tête contre le dossier.