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Lorsque l'on rentre le soir, je sens que quelque chose ne va pas avec Hellen. Je sais pertinemment que c'est par rapport à ma référence à la mort lorsque la prof m'a interrogé au théâtre, mais je sens aussi de la culpabilité émaner d'elle. Ne supportant soudainement plus le silence qui pèse dans la voiture, je pose ma main gauche sur la cuisse de Hellen. Dans un angle mort du rétroviseur électronique du chauffeur bien sûr ! Curieusement, elle sursaute à mon contact. Elle se tourne vers moi, plonge un instant ses deux yeux noisettes dans les miens, avant de se détourner. Mais j'avais eu le temps d'apercevoir toute sa tristesse et je m'en veux terriblement parce que je sais que je suis la cause de cette tristesse. On arrive à la maison, toujours dans un silence de plomb. Hellen se dégage de mon emprise et monte directement dans sa chambre alors que je suis stoppé par un Matthew surexcité.

- Hey ! Comment c'était l'école ?

- Eh ben aujourd'hui j'ai écrit tout plein de choses dans mon ordinateur. Et puis après la maîtresse a dit qu'on allait faire sport. Et puis, et ben quand je suis rentré dans ma maison et qu'on a mangé le goûter, Maman, elle m'a cadeauté.

- Cadeauté ? Riais-je. Elle t'a donné un cadeau !

- Ouais ! Viens voir.

Lançant un regard désespéré à l'escalier, je le suis tout de même jusque dans la cuisine. Il court autour de l'immense table et attrape un petit paquet enveloppé de bleu et de vert. Il le rouvrit et révèle une magnifique montre en plastique souple orange fluo.

Au moment où il la sort de l'étui, je vois ses doigts butter sur le rebord de la table et échapper la montre. Je me jette par terre, glisse sous la table, récupère la montre juste avant qu'elle ne touche le sol et dérape jusqu'au mur, où je me cogne le dos, qui craqua durement. Matt, qui a les larmes aux yeux, bondit sur moi me faire un bisou puis récupère sa montre, m'aide à me lever et se met à sauter partout en hurlant "Scott est Superman il a sauvé ma montre !" Marine, qui était dans la pièce d'à côté, arrive en souriant.

- Merci monsieur ! Dit-elle avec un sourire timide.

- Oh ! Ne m'appelez pas monsieur, mais Scott, comme tout le monde !

Elle rougit un peu puis accepte. Voyant que Matt était prit dans la contemplation de la montre, désormais attachée à son poignet, je m'éclipse en silence. Je rejoins ma chambre, libère mes ailes et ouvre la porte de communication. Comme je m'y attendais, la porte est fermée et verrouillée. Mais en écoutant à travers la porte, je devine que la fenêtre est ouverte. Alors j'ouvre la mienne, et vérifie que personne ne peut me voir. Il n'y a pas de caméra sur la maison, donc je me lance. Je me pose en douceur sur le balcon de Hellen. Elle est sur son lit, alors je m'approche doucement pour ne pas la réveiller. Mais elle soupire.

- Qu'est-ce que tu veux Scott ?

- Je suis désolé pour ce soir. Je ne pensais pas t'atteindre avec ça, j'ai conscience de tes efforts. Je sais que si tu n'avais pas été là pour moi, j'aurais très certainement abandonné depuis longtemps. Parce si tu ne m'avais pas montré comme faire le bien en étant le seul à le savoir et devoir chaque jour affronter la mort, je pense que je l'aurais découvert mais pas de la bonne manière. Je l'aurais découvert parce que j'aurais essayé d'en finir bien que ce soit psychologiquement humiliant. En fait, sans toi je ne serais rien.

Pendant tout mon discours, Hellen me regarde. Au début son regard me déstabilise mais à la fin il me permet d'avouer l'inavouable. Je vois ses yeux se remplir de larmes, en même temps qu'elle comprend que si on avait pas eu ce lien si particulier, je serais très certainement de retour chez Alan, en train de passer mes journées à m'endurcir psychologiquement, alors que seul le temps en est capable. A la fin, elle saute dans mes bras. La tête nichée dans mon cou, ses bras serrant avec force mon torse.

- Lorsque tu as répondu ça à la prof, que ce silence a soufflé tout ce qu'il y avait dans ma tête, il y a une seule phrase qui s'est mise à tourner en rond dans ma tête. "Scott est mort de l'intérieur mais je le force à vivre." Comme un bourreau qui chercherait à te faire souffrir dans l'ombre. Je pensais pourtant avoir réussi à t'aider. J'ai ruminé toute cette rancœur, cet échec qui pesait sur mes épaules aussi lourd que du plomb. Ton regard interrogateur sur mon visage me culpabilisait.

Elle poussa un long soupir.

*

Quelques jours plus plus tard. Il est 22h30.

Hellen me sourit et saute en bas du balcon. Je déploie mes ailes, attrape Hellen par les épaules, puis la serre contre moi. Elle sourit tout en rejetant sa tresse sur mon épaule. On va à la base. Pendant qu'elle cherche notre activité du soir, je m'entraîne avec les barres à stades. Une fois au plafond, j'exécute une ou deux figures pour tester mon agilité et redescends.

- Alors sweet heart ? Dis-je en insistant sur le surnom que je venais de trouver.

- Il y a un cambriolage en cours à la National Bank, mon chou. Riposta-t-elle comme si c'était normal.

Je souris et on se change. Puis on enfourche nos motos et partons pour la banque. Arrivés là-bas, Hellen pointe une camionnette bleu foncé mouchetée de boue, moteur tournant, garée devant. On allait partir chacun de notre côté, moi dans la banque, Hellen avec la camionnette, mais au moment elle pose la main sur la poignée de la voiture, j'entends la minuterie. Une bombe ! On a été piégés ! Je me sers de ma détente pour attraper Hellen, bondir au dessus de la voiture et nous plaquer violemment au sol.

- Mais ! S'exclame-t-elle en se débattant.

Comme la bombe n'explose pas, je m'assieds, libérant Hellen, mais d'un coup, la déflagration se fait entendre, elle secoue la voiture, qui explosa. Le souffle de l'explosion, nous projette au sol.

- Tu m'as sauvé la vie ! Souffla Hellen émue.

- C'est ce que tu fais tout les jours en m'aimant comme je ne l'ai jamais été.

Elle sourit puis se relève avant de remettre sa capuche, que l'explosion avait rabattue sur ses épaules. Je fais de même et me lève vers la voiture. Je tire la poignée et toute la porte vient avec. A l'intérieur se trouvait un mot qui a miraculeusement survécu à l'explosion, ce que voulaient les poseurs de bombe, puisqu'il est dans une boîte. Hellen se baisse pour le ramasser.

- Non attends !

Je suis du regard et du doigt un fil transparent qui tire un boîtier caché sous la banquette.

- Qui que ce soit, ils veulent notre mort. Dis-je.

- Tu sais désamorcer les bombes non ?

- Je devrais y arriver.

Je me couchais à plat ventre dans la camionnette mais le "tic" caractéristique du déclenchement de la minuterie retenti.

- COURS HELLEN !! COURS JE T'EN SUPPLIE !! Hurlais je.

Elle obéit tandis que je sautais enarrière. Mais l'explosion n'eut pas lieu.

- C'est pas une bombe ? Demande Hellen, d'un peu plus loin en n'entendant aucune déflagration.

- Je crois pas.

Je m'avance de nouveau pour aller voir et Hellen monte à l'avant du véhicule carbonisé pour voir ce que j'allais faire. Mais au moment où je me penche pour ouvrir la boîte, un gaz s'en échappa. Presque immédiatement, je bloque ma respiration. Hellen n'en eut pas le temps et elle s'écroule inanimée sur son siège. Le sang battant à mes tempes, j'ai la présence d'esprit de sortir rapidement, mais une fois dehors, je ne pu faire que deux pas avant que le tranchant d'une main s'abatte sur la base de mon cou, m'assommant sur le coup.

Homme-LoupWhere stories live. Discover now