Chapitre 27
Alizée se sentit paniquer et lâcha la rose qui tomba dans l'herbe du parc ; Ruth, qui passait par là, la frappa dans le dos tandis qu'elle se penchait pour la ramasser, mais elle était trop inquiète pour s'en soucier.
« Royle a prit la rose de Karl... ça veut dire qu'il est allé à Raven Cottage... et s'il a... ? Et s'il a blessé Karl ? »
Ses amis avaient prit de l'avance sans remarquer qu'elle était à la traîne, et alors qu'elle allait toucher du doigt la surface lisse de la rose, Ruth donna un coup de pied dedans et l'envoya valser jusqu'à l'autre bout du parc. Alizée sut aussitôt qu'elle allait plonger dans le lac, vers les abysses insondables et peuplées de diverses créatures, alors elle leva la tête bien haut devant Ruth et la regarda avec des yeux de braise. L'autre se contenta de ricaner.
- Sale Neigea, tu crois que tu me fais peur ? Tu vas faire quoi maintenant que tu as perdu ton jouet ? Pleurer ?
- Non.
Quelque chose dans sa voix devait être intimidant car elle recula, l'air effrayé. Dans le même temps, la rose avait surgi de l'eau et filait comme une balle de pistolet vers elles ; elle se posa avec douceur au creux de la main d'Alizée, qui la serra entre ses doigts. Ruth ne semblait rien comprendre et resta un instant ahurie avant de s'envoler et de flotter jusqu'au lac, où elle tomba en un flot d'éclaboussures étincelantes.
Kenric, Zéphyr et Kathy, qui avaient assisté à la scène, coururent vers elle, mais elle ne les attendit pas pour répondre au message de Royle ; Qu'avez-vous fait à Karl ?
Il répondit presque aussitôt.
Rien, mais lui voler cet objet a été d'une facilité déconcertante.
Elle serra le poing et siffla ;
Espèce de...
Royle la coupa ;
Tu ne veux pas savoir pourquoi j'ai prit la peine de voler cette rose ? Elle se garda bien de répondre, mais ce ne fut pas nécessaire, car il enchaîna ; Petite sorcière, tu n'as aucune idée de l'étendue de mes pouvoirs. Tu m'as échappé une fois à cause de l'incompétence de ta mère, mais tu ne m'échapperas pas encore. Livre-toi à moi et tu épargneras bien des souffrances.
Elle fut surprise de sa requête. Qu'elle se livre à lui ? Sans doute pour qu'il la tue ? Mais était-il stupide ? Jamais elle ne s'épargnerait des souffrances si elle était morte...
Vous avez bu ? Ou vous êtes vraiment stupide ? Je ne me livrerais jamais à vous ! Même pas en rêve !
Après un silence, trois mots se tracèrent sur l'obsidienne ;
Lève la tête.
Elle obéit sans réfléchir et vit, très, très haut dans le ciel, des centaines et des centaines de Détraqueurs qui flottaient au-dessus du château, menace pesante et presque invisible.
Ils sont venus me chercher ? s'étonna-t-elle. Mais alors pourquoi lui demander de se livrer ? Cela n'avait aucun sens.
Non, mais tes amis, si.
Elle se figea aussitôt et n'entendit même pas Kathy qui l'appelait, totalement paniquée.
Je sais que tu opposeras une certaine résistance, et tes pouvoirs sont d'une grande puissance. Mais si les Détraqueurs prennent l'âme de tes amis, je pense que tu serais bien plus disposée à les suivre sans lutter...
Il semblait croire qu'elle était dotée d'une très grande force magique, mais à part sa capacité à user de certains pouvoirs sans baguette et sans même ouvrir la bouche, elle n'était pas aussi puissante qu'il le prétendait. Cependant, elle comptait bien utiliser ce prétendu pouvoir qu'il pensait connaître contre lui.
Nous pouvons parfaitement lutter contre ces quelques bêtes encapuchonnées. Comme vous l'avez dit, mes pouvoirs sont puissants.
Certes. Mais j'en ai encore des centaines à disposition.
Qui me dit que vous ne mentez pas ?
Tu veux donc vérifier en voyant se consumer l'âme de tes professeurs, de tes camarades, de tes amis ? Même si c'était faux, nombre d'entre eux perdraient l'âme dans cette bataille. Tu as le pouvoir d'arrêter tout ça, de les sauver. Tous.
Alizée reprit son souffle. Elle était coincée. Son plus grand désir était de protéger ses amis et tous ces innocents autour d'elle, jusqu'au dernier élève, jusqu'au dernier professeur et jusqu'au dernier elfe de maison ; si, pour les sauver, il lui fallait donner sa vie, alors le prix à payer était bien mince face à toutes ces vies sauvées.
Kenric finit par lui lancer de l'eau à la figure et elle leva la tête, surprise, face à Albe, Kathy, Zéphyr, Kenric et Annie.
- ENFIN, LIZZIE, il se passe quoi ? hurla Kathy. Tu veux qu'on MEURE DE TROUILLE ?
- Un instant, demanda-t-elle.
La Gryffondor n'avait pas le temps de leur expliquer.
Vous devez me faire le Serment Inviolable que vous ne toucherez pas à un seul de leurs cheveux ! s'écria-t-elle dans la rose.
Je le ferais une fois que tu seras ici. Je t'attends.
Où ?
Là où tu crains le plus de te rendre.
Elle releva vivement la tête. Il n'y avait pas trente-six lieux qu'elle craignait après de durs souvenirs, et l'onde de choc qui les avait propulsées, elle et sa mère, lui revint avec une précision fulgurante.
Ses amis attendaient toujours, les bras croisés.
Alizée leur exposa vite la situation puis conclut ;
- Il faut que j'aille chez moi. Je file.
- ATTENDS, protesta aussitôt Kathy, tu veux y aller ?
- Oui, répondit-elle simplement, se demandant comment ils ne pouvaient pas voir le peu que cela représentait face à toutes ces vies sauvées. S'il me tue, vous, au moins, serez saufs.
- Allons, Lizzie, murmura Kenric, blanc comme un linge. J'ai assez d'ancêtres maléfiques pour savoir au moins ça ; il ne va pas te tuer. Tu te souviens ? Il a possédé Karl, alors s'il a besoin de jeunes d'une vingtaine d'années pour survivre, c'est qu'il a un problème qui l'empêche d'exploiter sa magie. Et toi, tu as vu ce que tu as fait à Ruth ? (Il pointa du doigt la jeune fille trempée qui hurlait sur tout et tout le monde sur leur incapacité à la protéger.) Tu es si puissante. Liz, c'est toi qu'il veut posséder, maintenant qu'il a vu ta puissance chez tes parents...
C'était compréhensible. Sans le vouloir, elle s'imagina en train de ravager des villages, sous l'emprise de Royle, et cette pensée lui fut insupportable. Et si elle tuait ses amis dans son inconscience ?
D'un autre côté, elle pourrait peut-être lutter contre Royle comme Karl l'avait fait, alors que si elle ne se rendait pas, toutes les âmes de ses amis étaient condamnées. Elle n'était pas totalement sûre de son raisonnement, mais le temps lui manquait et elle enchaîna aussitôt :
- Ça ne change rien ; vos vies sont en danger et je peux les sauver.
- Liz, fit Annie, dévastée. Tu ne comprends pas. Tu ne mesures pas l'étendue de tes pouvoirs. Il a exploité ton cousin de façon monstrueuse, avec sa seule force, il a braqué la banque la plus fortifiée du monde et infiltré le Ministère. Avec toi, il pourra détruire le monde. Même Dumbledore avait du mal à faire ce que tu fais avec facilité, avec inconscience, même !
Alizée comprenait ce qu'ils voulaient dire, mais elle ne pouvait tout de même pas rester là-bas, impuissante, en voyant ses amis disparaître devant elle ! Il fallait qu'elle y aille ! En dernier recours, elle se tourna vers Zéphyr et le regarda, suppliante, et le jeune homme, qui n'avait jusque-là pas parlé, la regarda dans les yeux.
Son iris bleu voulait tout dire. Elle perdit espoir avant même qu'il ne formule un mot.
- Alizée, je donnerais ma vie pour te sauver. Je donnerais tout. Je comprends ce que tu ressens, mais pour rien au monde je ne te laisserais te livrer à ce monstre.
Elle hocha la tête. Si personne ne voulait l'aider, très bien, elle pouvait se débrouiller seule.
- Alors j'irais sans vous.
- Non, Liz, la supplia Albe. S'il te plaît, écoute-nous...
La jeune fille s'éleva lentement dans les airs. Si ses pouvoirs étaient aussi étendus de ce que prétendait Royle, elle pourrait au moins transplaner.
Zéphyr et Kenric essayèrent d'attraper ses pieds, mais elle s'élevait encore, toujours plus haut. Kenric hurla « Accio balais ! » mais elle ne fit pas attention à lui. Elle se concentrait en son objectif ; disparaître pour réapparaître chez elle. Disparaître, se dématérialiser, et réapparaître. Ça avait l'air simple, mais à con âge, elle n'était pas censées le faire et elle manquait de temps... Les deux balais de Kenric et Zéphyr apparurent au loin, filant vers eux, et elle sut que le temps lui était compté. Les élèves s'arrêtaient pour la voir s'élever dans les airs et fermer les yeux. Les deux garçons attrapèrent leurs balais et commencèrent à flotter vers elle, avec Albe accrochée au balai de Zéphyr et Annie et Kathy à celui de l'autre.
« Fais-le... Fais-le... FAIS-LE, Alizée. Fais-le pour Zéphyr. »
Elle transplana à l'instant où son petit-ami, Albe accrochée à lui, frôlait son bras. Alizée l'entraîna avec elle dans un tourbillon d'ombre, de couleurs et de lumières vives.
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Coucou !
Désolée pour ma légère absence ces derniers jours... Je sais que je vous avais laissés avec un gros suspense, mais que voulez-vous ? Je n'ai pas pu utiliser l'ordi ce week-end.
Bref, j'espère que ce chapitre vous aura plu ! Si vous avez d'autres idées pour le chapitre spécial, vous pouvez m'envoyer un message privé ou mettre un commentaire, ça fait suuper plaisir!
Bises!
Hermy