POINT DE VUE DE MIA
Je monte dans la voiture du jeune homme, presque à contre-coeur. Je me pince les lèvres en me disant que je suis dans de beaux draps.
- Tu as pris ton petit-déjeuner ?
Je tourne la tête vers Hugo, tentant d'être un minimum enthousiaste.
- Non, pas vraiment.
- Parfait.
Je l'observe démarrer avec son petit air guilleret alors que je n'ai qu'une envie, partir loin de lui. Ce n'est pas que je ne l'apprécie pas, bien au contraire. Mais il faut le dire, il n'est pas Maël. Et il ne le sera jamais.
- Tu as l'air.. pensive ?
Il pause sa main sur ma jambe et je me tend.
- Oui.. je me demandais où tu allais m'amener.
- C'est une surprise Mia.
Je n'aime pas trop ça, je crois que j'ai été suffisamment surprise ce matin.
D'un côté, je me dis que ce n'est pas une si mauvaise chose, ce rendez-vous. Ça me permettra d'embêter un peu Maël, après sa réflexion de ce matin. Je sais bien qu'il le faisait pour nous protéger mais ça m'a fait mal. Et pour ça, je m'en veux aussi. J'ai beau me répéter de ne pas m'emballer et que je prend tout ça beaucoup plus à coeur que lui, je n'arrive pas à m'arrêter.
Nous installons en terrasse et je regrette de ne pas avoir pris mes lunettes de soleil. Il fait un temps magnifique. Il faut avouer que ce bar-restaurant, au milieu de la verdure et assez éloigné du centre est époustouflant. On se croirait à la campagne.
Je jette un oeil au Menu, pendant que je sens le regard de Hugo sur moi.
- Tu n'avais pas l'air contente de me voir ce matin ?
- Si c'est juste que.. je ne m'y attendais pas. J'ai été un peu surprise.
Un peu est littéralement un euphémisme. Je sais que mon frère voulait bien faire mais sincèrement, ça a eu l'effet inverse.
- Une bonne surprise ?
Non.
Il me sourit, et je me dois de faire de même.
- Oui, évidemment.
Sa main se pose sur la mienne et je me sens encore plus coupable. Il est si gentil et dans un autre contexte, il aurait été l'homme parfait. Gentil, drôle et surtout beau. En vérité et encore une fois, son seul défaut est de ne pas être Maël.
Je me régale avec ma gaufre au Nutella et ma coupelle de fruits frais. Finalement, notre discussion est légère et nous n'avons rien perdu de notre amitié. Si je n'avais pas accepté cette idée stupide qui était de nous mettre ensemble, je n'en serai pas là. Mais à y réfléchir deux fois, je ne sais pas si il aurait pu continuer à être mon ami en ayant des sentiments pour moi.
- Donc, tes parents partent en croisière ?
Je relance la conversation non pas de peur de m'ennuyer mais parce-que ça m'intéresse. J'aime beaucoup ses parents, se sont des gens aussi gentils que leur fils. Quand j'étais enfant, j'enviais cette famille unie où les parents ne passent pas leur temps à travailler.
Je n'écoute pas vraiment sa réponse, sentant mon portable vibrer dans la poche de mon short.
Inconnu :
Dit-moi où il t'a amené, je viens te chercher.
Maël.
C'est comme si la température extérieure déjà étouffante augmentait encore de plusieurs degrés. Bordel de merde.
Je ne veux même pas savoir quel coup en douce il a du faire pour obtenir mon numéro.
En tout cas, pas besoin d'avoir fait des études comportementales pour savoir qu'il est énervé.
- Mia, tu m'écoutes ?
Je pose le portable sur la table, face cachée, bien consciente que je suis malpolie.
- Oui.. pardon, c'est ma mère.
Il écarquille les yeux, visiblement inquiet.
- Elle va bien ? Tu as l'air bizarre.
Je hoche doucement la tête tout en cherchant un mensonge quand mon portable vibre à nouveau. Cependant, cette fois-ci, ce n'est pas un message mais bien un appel vu la vibration.
- Tu ne réponds pas ?
Je serre les dents. J'ai envie de lui en foutre une avec toutes ses questions. Mais je n'en fais rien, préférant saisir mon téléphone pour le planter à mon oreille.
- Allô Maman ?
Un silence se fait entendre avant que je ne perçoive son raclement de gorge.
- T'es bête ou quoi, c'est Maël.
Je me retiens de lever les yeux au ciel, c'est lui qui est idiot.
- Je sais, MAMAN.
- Oh merde, oui, pardon, je viens de comprendre.
Je laisse échapper un ricanement.
- C'est pas trop tôt.
Hugo m'observe, les sourcils froncer. Je me lève précipitamment de table, m'excusant auprès du jeune homme. Je fonce vers les toilettes pendant que Maël râle à l'autre bout du fil.
- Putain Mia, où es-tu ?
Je lève les yeux au ciel en entrant dans une cabine, avant de m'enfermer.
- On est chez lui, sur son lit.
Il ne dit plus rien et je sens que ma blague était vraiment de mauvais goût.
- C'est une blague, je souffle.
- Putain mais t'es vraiment trop.., il marque une pause, tu m'as fait peur.
Je souris, sachant qu'il ne me voit pas. Alors ça l'inquiète que je ne sois qu'avec Hugo ? Je jubile comme une adolescente en l'imaginant être jaloux. Néanmoins, je me reprend rapidement, ces propos me revienne en tête.
- Ah oui ? Pourtant je pensais qu'il n'y avait que Vanessa.
Je l'entend très distinctement soupirer.
- Mia.. tu sais très bien pourquoi j'ai dit ça.
Oui je le sais, mais je ne veux pas l'avouer parce-que ça m'a fait mal de l'entendre.
- Alors ce n'est pas vrai ?
- Non ce n'est pas vrai. Mais ne me le fait pas dire.
Je me pince les lèvres, bien plus contente qu'il ne le croit. Il vient de me dire à demi-mot que je compte pour lui, et même si ça ne le devrait pas, ça me touche.
- Maintenant Mia, donne-moi cette putain d'adresse.
Je me tâte. Je sais que ce n'est pas bien et que je ne devrais pas laisser Hugo en plan, mais j'en ai tellement envie.
- D'accord, je te l'envoie.
Je m'exécute, la lui envoyant. Je ressors des WC après avoir raccrochée, avec une excuse en tête.
- Ta mère va bien ?
Je hausse les épaules en m'asseyant à ma place.
- Elle n'a pas trop le moral à cause du divorce, elle voulait que l'on fasse les boutiques ce matin mais je lui ai dit que j'étais avec toi..
Allez Hugo, tombe dans le piège. S'il-te-plait.
- Oh..
Mince, je ne suis plus aussi confiante tout-à-coup.
- Si tu veux je te ramène chez toi, on se fait ça une autre fois ?
Il parait si triste que j'ai envie de tout arrêter. Mais finalement, je me dis que ce n'est pas en restant ici et en faisant semblant d'être pleinement en couple avec lui que j'arrange les choses. Dans les deux cas, je lui mens.
- Je vais plutôt finir de déjeuner avec toi et lui dire de passer me prendre.
Je pense que c'est la meilleure solution, la moins désastreuse et la plus sincère. Je ne peux pas simplement le quitter, pas pour le moment. C'est égoïste mais je le quitter signifierait avoir une histoire avec Maël, et ça, ce n'est pas d'actualité.
Je me dépêche d'avaler ma gaufre me disant que je n'ai qu'une dizaine de minutes devant moi, tout en discutant avec lui dans l'attente de l'appel du jeune homme.
Quand ça arrive, je lui répond de rester un peu à l'écart de l'établissement pendant que je laisse Hugo payer l'addition.
Je cours presque, découvrant sa voiture derrière un arbuste.
J'entre rapidement dans le véhicule, le priant de se dépêcher de démarrer. Il tourne à l'angle de la rue, s'engouffrant dans un parking désert, à l'abri des regards.
- Qu'est-ce que tu fabriques ?
Il coupe le moteur avant de se tourner vers moi avec un grand sourire, dévoilant ses dents parfaites et ses fossettes :
- Avant toute chose, j'ai vraiment très envie de t'embrasser.
**
Hello Wattpad, contente de vous retrouver. Je ne suis pas fan de ce chapitre tout simplement parce-que j'ai le prochain en tête et qu'il me paraît déjà génial !
Je vous embrasse et à très vite,
Vicky