Louis décrocha.
Liam était surexcité derrière le combiné.
-Louis ? Oh bordel, j'ai cru que j'allais te tuer ça fait cent fois que j'essaye de te téléphoner qu'est ce que tu foutais ?
-Seulement 13 Liam. Et je prenais ma douche.
Il jeta le téléphone sur son lit après avoir enclenché le haut-parleur et considéra d'un oeil morne les vêtements qui s'étalaient le long de sa couette. Ce jean déchiré aux genoux peut-être ? Il lui faisait un beau cul. Ou alors un short en jean ? Ce serait plus facile à enlever en tout cas...
-D'accord, et bien figures toi que pendant que tu prenais ta douche, je me suis rendu compte que j'ai rencontré la femme de ma vie !
Louis souria. Il prit un t-shirt noir et un débardeur bleu et les jeta à l'autre bout de la pièce. Trop basiques.
-Ah oui ?
-Oui ! Elle s'appelle Lya. Tu la verrais, elle est... Adorable. Sublime. Intelligente. Et elle est fan de Beyoncé.
-Comme à peu près 99% de la planète Liam.
Son regard se posa sur un t-shirt blanc avec la langue des Rolling Stones. Il ne savait même plus qu'il l'avait celui-là. Il le prit et l'enfila, décidant de porter avec le jean aux genoux déchirés. Mais quelles chaussures alors ?
-Elle m'a cuisiné des pancakes au petit-déjeuner et je te jure que c'était les meilleurs que j'ai mangé de ma vie !
-Elle gagne un point en effet.
-Du coup je l'ai invité ce soir et je suis en panique... Tu crois que je mets plutôt une chemise blanche ou un t-shirt ? Je ne sais pas si il vaut mieux que j'ai l'air décontracté ou classe...
Louis reprit le téléphone et sortit de sa chambre pour se diriger dans la salle de bain.
-C'est à moi que tu demandes ça ?
-Oui ! J'ai demandé à Niall et il m'a dit que si j'étais nu c'était parfait alors...
-Je vote pour l'avis de Niall.
-Mais Louis !
Louis sourit, se regardant en même temps dans la glace. Ses cheveux étaient encore un peu humides de la douche et il hésitait à les laisser comme ça... De toute façon le vent allait le décoiffer donc à quoi bon faire un effort ?
-Louis ?
-Euh... oui. Je pense qu'il vaut mieux mettre le t-shirt. Sinon elle aura l'impression de quelque chose de trop officiel tu vois... A moins que tu ai l'intention de la demander en mariage dès ce soir ?
-Tu crois que c'est trop tôt ?
Louis leva les yeux au ciel, s'efforçant de ne pas rire.
-Liam. T'es vraiment chiant.
-Tu veux une bière ?
Louis s'étira. Il se retourna légèrement, regardant Malek qui lui souriait depuis la cuisine, entièrement nu. C'était une vision assez agréable, il fallait l'avouer.
Dès qu'il était entré dans l'appartement de Malek, le jeune homme lui avait sauté dessus. Ou le contraire. Peu importe. Louis n'avait rien vu de la décoration mais il avait pu admirer à loisir les tatouages de Malek qui parsemaient sa peau finement musclé. Ils s'étaient allongés directement sur le canapé et hm. Bref. Louis avait encore envie. Mais il avait vraiment soif aussi.
-Avec plaisir.
Il se redressa un peu. Son jean et son t-shirt qu'il avait mis tant de temps à choisir étaient par terre. Il laissa son regard s'attarder sur l'appartement du jeune homme. Les meubles étaient neufs et modernes. Il y avait une grande télé avec une console par terre et des posters de comics sur tout un mur. C'était plutôt joli, Louis devait bien l'avouer.
Malek revint avec leurs deux bières décapsulées et avant de les déposer sur la table, il se pencha pour l'embrasser longuement. Louis se sentait vraiment bien.
Il y avait longtemps que cela ne lui était pas arrivé, à vrai dire. Tout alors, le corps de Malek au dessus du sien, avec sa peau qui se collait à la sienne et dans l'odeur du cuir du canapé, il s'était brusquement senti vivre, comme cela lui arrivait lorsqu'il s'asseyait sur son rocher de la Crique, et qu'il levait les yeux vers les étoiles. C'était la respiration de Malek, les grains de beauté longeant ses épaules, ses pupilles si sombres et brûlantes, la façon dont ses doigts avaient sembler couler sur le corps de Louis, sans heurts, comme si – comme si ils avaient toujours fait ça, comme si ils savaient – où toucher pour que ce soit bon, où toucher pour qu'il ferme les yeux et renverse la tête en arrière. Louis s'était laissé aller dans cette caresse inconnue et pourtant si familière. Et maintenant que Malek était assis si près de lui, il avait l'impression que son corps entier tendait vers le sien dans l'espoir de s'y fondre à nouveau.
Ils remirent leurs caleçons et Malek bu sa bière tout en caressant doucement sa cuisse.
-T'es magnifique tu sais ?
Louis rougit un peu. Il ne s'attendait pas vraiment à... ça. Malek était gentil avec lui, plus qu'aucun garçon ne l'avait été auparavant. En réalité, il pensait que le jeune homme cherchait seulement à baiser et rien de plus, mais quelque chose dans son estomac remuait à ses mots et il avait envie... envie d'espérer un peu plus.
-Je ne suis pas très à l'aise avec les compliments, se contenta t-il simplement de répondre.
-Je te le dis quand même.
Louis sourit.
-Je vais changer de sujet alors : t'es fan de comics ?
-Très ! Enfin tu as du voir mes tatouages.
-Je ne m'y connais pas trop à vrai dire.
Malek reposa sa bière.
-Quoi ? Mais c'est terrible ! Je ne peux pas coucher avec un mec qui n'aime pas les comics !
-Euh... Pardon ?
-Je rigole Louis...
Il posa doucement sa main sur la joue du jeune homme et s'avança pour l'embrasser à nouveau. Louis ferma le yeux. Il sentait son ventre battre plus fort.
-Je vais t'apprendre à aimer ça, murmura Malek contre sa bouche.
Bizarrement, dans l'esprit de Louis, la phrase sonnait très différemment.
Il oublia qu'il avait soif et se rallongea sur le canapé avec un sourire.
Louis descendit la falaise. Il était fatigué, et avait les muscles endoloris par une nuit à faire l'amour. Malek était... Il était. Le feu. L'eau. Le vent. La terre. Un monde entier. Un monde qui le faisait vibrer.
Il s'assit sur son rocher, admirant le lever du soleil sur l'horizon.
Mais il n'arrivait pas à retrouver l'apaisement qui entourait d'habitude ce lieu.
Il revoyait la peau du jeune homme sous ses paupières. Il avait encore le goût de sa bouche sur la sienne. Est-ce que c'était possible de faire l'amour de cette façon là ? Il voulait à nouveau embrasser Malek et se fondre en lui. Il voulait encore caresser la peau de son ventre. Il voulait encore coller ses lèvres aux siennes pour jouir dans un baiser. Il voulait encore tout ça. Et pleins d'autres choses. Il se sentait brûlant.
Alors sans savoir trop pourquoi, il se releva et enleva son jean et son t-shirt. Il se mit debout sur le rocher, et il plongea.
L'eau l'enveloppa brusquement tout entier. Elle était chaude comme la nuit qui venait à peine de s'écouler. Il ouvrit les yeux, les pupilles brûlées par le sel marin. Il ne voyait rien en dessous. Il aurait voulu apercevoir Harry, mais le fond de l'océan était simplement d'un noir sans fin. Pourquoi Harry n'était pas là ? Il voulait lui raconter comment Malek faisait l'amour. Il voulait en parler à quelqu'un. Il voulait parler à Harry. Il essaya de crier mais l'eau s'infiltra dans ses poumons. Il remonta à la surface, la tête lourde. Il avait le tournis en regagnant le rocher.
Il se trouvait... Stupide.
Et maintenant il était trempé.
Il enfila difficilement son jean et décida de laisser son t-shirt là. Il reviendrait le chercher dans la journée, quand il serait sec.
Alors, un peu étourdi encore par son plongeon, il remonta lentement jusqu'en haut de la falaise.
En bas, dans le noir, Harry nagea jusqu'au rocher et attrapa le t-shirt des Rolling Stones, le serrant contre son coeur.
Puis à nouveau, il disparut dans les profondeurs de l'océan.
-Tu n'es pas venu hier soir.
-J'avais un rendez-vous.
-Avec quelqu'un ?
Louis reposa son livre à côté de lui et plongea ses yeux dans ceux d'Harry. Il ne l'avait pas entendu arriver, mais sa question venue de nulle part ne l'avait pas surpris. La sirène était adossée à la roche, les cheveux humides collant à ses tempes, les yeux ombrageux. Il voyait un reste de colère dans ses pupilles. Est-ce qu'il devait s'en sentir honteux ? Il n'avait rien à lui devoir après tout. Il répondit à côté, peut-être pour ne pas avoir à s'expliquer :
-C'est toi qui a pris mon t-shirt ?
-Non.
-Tu mens.
Harry ne répondit rien. Il se contenta de s'éloigner un peu, nageant autour des rochers. Louis ne comprenait pas son énervement. Après tout, ils n'avaient pas fait un pacte ou quoi que ce soit en se promettant d'être toujours présent l'un pour l'autre ? Tant pis pour Harry si il était coincé dans l'océan, Louis n'allait tout de même pas rester toutes les nuits sous une falaise à discuter avec lui. Il n'avait pas envie de regretter avoir préféré passer du temps avec Malek.
-Tu ne vas pas me le rendre ?, siffla t-il.
-Non.
-Comme tu veux, je te l'offre.
Il reprit son livre. Passa rageusement la page. Le mouvement d'Harry s'arrêta, et pendant un moment, Louis craignit qu'il ne disparaisse sous l'eau et ne revienne pas. Mais au contraire la sirène se rapprocha à nouveau du bord, et s'assit sur la roche. C'était... étrange. Louis baissa légèrement son bouquin, appuyant sa tête contre la falaise. Harry était avalé tout entier par la lumière pâle du soir qui tombait. Il voyait le bas de son corps distinctement et de près pour la première fois. Sa queue était verte, mais d'un vert presque bleu, qui brillait comme si il y avait collé des paillettes minuscules. Louis l'observa un long moment. Le soleil baissait, léchait la mer de ses rayons roses. Un vent plus froid commença à se lever, et avec lui, Louis se redressa, comme mis en mouvement par ce nouveau souffle venu du nord. Il avança doucement vers Harry, les pieds nus dans le sable encore chaud de l'après midi, une drôle de tension dans l'estomac, comme si un fil invisible reliait son ventre à celui de la sirène. Visage ferme. Déterminé. Harry avait les yeux clos et la mâchoire dure. Louis avait un peu peur. Il alla s'asseoir lentement près de lui, et plaça ses jambes près de sa queue de poisson, sans oser véritablement la toucher. Un frôlement imperceptible.
Le soleil saignait au dessus des vagues.
Louis prit la main d'Harry. Il toucha d'abord seulement son doigt, une caresse comme un morceau de vent égaré, et puis engloba tout, sa paume, la douceur au milieu. Il serra un peu. La main d'Harry bien plus grande que la sienne, mais aussi plus fine, presque osseuse. Il voyait ses veines se dessinant sur le contour de sa paume. Ils attendirent. La mer était recouverte d'une pulpe d'orange sanguine. Au loin, un bateau blanc regagnait le port, poursuivi par les mouettes. Louis murmura, comme perdu dans ses pensées :
-Tu as un coeur, toi ?
Harry ouvrit les yeux à nouveau. Son visage aussi, était baigné dans la lumière rouge du soleil. Il répondit :
-Touche.
La voix égale mais la peur au ventre.
Louis n'osa pas se tourner vers lui. Il tendit seulement sa main libre. Il n'entendait plus le bruit lent des vagues ou du vent d'été jouant dans les falaises. Mais il distinguait, clairement, la respiration d'Harry. Et il perçu, plus encore, le bruit de son coeur lorsque sa main se posa sur sa poitrine. Son coeur qui battait au même rythme que les flots. Harry, à force de vivre dans l'océan, était une mer à lui tout seul. Sa peau était douce, râpée par les grains de sables, battue par les vents contraires de l'hiver.
Il cessa de respirer.
Et quelque part, il comprit, dans les battements du coeur d'Harry, il comprit sa colère.
C'était... Terrifiant.
Une vague immense, qui le poussa à poser sa joue contre son sternum. Là, l'os était plus dur, la corps était une falaise coupante.
Les doigts de Harry serraient les siens plus forts.
Louis connaissait ce battement trouble, et cette façon de regarder avec les yeux bousculés par l'orage. Louis avait été jaloux tant de fois. Est-ce que Harry était jaloux ? Est-ce que c'était ce que ce bruit voulait dire ?
Il n'avait pas le droit d'être jaloux.
Il pouvait seulement... Seulement nager, être là, avec son sourire inégalable, ses cheveux bouclés malgré l'eau de mer, et sa queue de poisson couleur océan.
Il n'avait pas le droit d'être en colère contre Louis.
Il retira brusquement sa main. Il ne voulait plus entendre. Plus rien entendre du tout. Il s'allongea en arrière, sur le rocher qui faisait mal au dos, qui égratignait. Le soleil qui mourrait... Etourdissant. Et le bruit de la mer qui montait, de plus en plus fort, jusqu'à tout recouvrir.
-J'ai peur.
Etait-ce la voix d'Harry ou la sienne ?
Peut-être les deux.
Quand il rouvrit les yeux, Harry avait disparu.
Le soleil s'était tu à l'horizon.
- - -
Désolée pour le retard, j'ai eu un problème avec mon ordinateur ! Je poste le chapitre 9 dans quelques instants... <3
Merci d'être si nombreux à lire cette petite histoire. x
#ESOfic