Quand Cameron regagna son bureau, le lundi qui suivit, il s'en retrouvait presque fébrile.
Les dernières heures passées loin de son lieu de travail, avaient donné lieu à de nombreux messages de la part de Dylan. Bien évidement, le bougre s'excusait du manque de délicatesse dont il avait put faire preuve lors de leur dernière soirée. Malgré lui, il s'en était retrouvé presque touché de voir l'acharnement qu'il y mettait. Autrement dit, pas loin d'une trentaine de message contre une quinzaine d'appels téléphoniques – qui étaient tous tombé sur sa messagerie. Il lui semblait que, lors du douzième message, il avait put apercevoir quelques reniflements attristées. Et Cameron avait manqué décrocher son téléphone, celui de son domicile.
Alors forcément, il s'attendait presque à se faire bondir dessus à son arrivée dans l'entreprise. Les mains moites, l'air mal assuré, Cameron réajusta les boutons de sa chemise. L'établissement se dressait devait lui, fier et impitoyable, comme un défis silencieux.
Bien. De toute façon, ce n'était pas comme si il était en mesure d'ignorer continuellement son collègue et accessoirement petit-ami depuis quelque temps. Si ?
Pénétrant dans le bâtiment, la tête haute, sa mallette en cuir à la main, il traversa les différents rayons. En dépit de son air crispé, tendu, sur ses gardes, il s'obstina à saluer le moindre de ses collègues. Merde, il ressemblait à une biche qui avait au préalable sentit la présence d'un prédateur.
En arrivant dans son bureau, Cameron referma précipitamment la porte, non sans éprouver de la honte vis-à-vis de son comportement. Un vrai enfant paniqué. Pourtant, il savait que Dylan arrivait bien avant lui au travail. Et sur la surface en bois lisse de son bureau, Cameron pu y discerner ses effets personnels. Ses papiers, son portefeuille, son téléphone portable, et ses clés de voiture. Bien, le véhicule garé dans l'allée devant le bâtiment était bien le siens. Il y avait également un mot, où substituait une écriture fine et souple « Désolé ». Reconnaissant sans aucun mal l'écriture de Dylan, Cameron soupira doucement, avant de se laisser choir sur son fauteuil. Il ignorait quelles réactions il se devait d'avoir. En un sens, il désirait écouter ses arguments, et surtout, comprendre sa réaction, ses agissements. Malgré cela, il ne désirait aucunement lui faire face. Dylan l'avait blessé, aussi bien physiquement que psychologiquement, et son poignet portait encore les séquelles de sa poigne de fer. Ce n'était pas qu'il ne lui faisait plus confiance, c'était plutôt qu'il était effrayé.
Ouais, il était flippé, il devait bien l'avouer.
Alors pour la matinée, Cameron se plongea dans son travail avec un acharnement pas même dissimulé. Ayant récupéré son téléphone, il put également échanger quelques texto avec Kaleb qui semblait s'interroger sur les évènements. Apparemment, il avait crains tout comme lui que Dylan ne déboule dans son bureau, le paralysant ainsi sur place. Il avait presque trouvé ça mignon de sa part, de voir qu'il s'inquiétait. Avant que Kaleb ne lui soumette l'idée qu'il ne souhaitait pas avoir sa mort sur sa conscience. Très classe aux vus des circonstances.
A l'heure du déjeuner, Cameron prit l'initiative de manger seul dans son bureau. Oui, ignorer ainsi la situation ne l'aiderait certainement pas à avancer, mais qu'est-ce qu'il y pouvait ? Pour le moment, il préférait se terrer dans son ignorance. Comme un enfant, oui. Pourtant, on toqua à sa porte au moment où il entamait la moitié de son sandwich. Un morceau de pain en bouche, il manqua de s'étouffer en imaginant les possibles personnes dernière la porte. Toussotant, Cameron proféra péniblement un faible « entrer ». Son soulagement fut long en reconnaissant Lucie, sa salade habituelle en main, un sourire avenant aux lèvres.
- Je peux entrer ? demanda-t-elle.
- Oui, bien sur.
Désignant d'un faible geste du menton la chaise devant son bureau à Lucie, cette dernière le remercia doucement, tout en refermant la porte. Prestement, la jeune femme vint s'assoir sur le fauteuil libre, s'installant à son aise alors que Cameron lui faisait un peu de place sur son bureau. A peine eut-elle déposé sa salade sur la surface en bois lisse, qu'elle s'empressa d'engager la situation.
- Bien, comment vas-tu ?
- Ça va, mentit-il dans un sourire crispé.
L'air nullement convaincu, Lucie haussa l'un de ses sourcils. Surement se souvenait-elle, tout comme lui, de cette soirée où il avait déboulé sur la route devant sa voiture.
- Tu en es sur ? Tu n'es pas sortit de ton bureau, et Dylan a l'air complètement au bout du rouleau.
Son cœur se gonfla d'inquiétude malgré lui, avant qu'il n'agite son visage de gauche à droite.
- D'où tu sortais, le soir où je t'ai trouvé sur la route ?
Ne souhaitant pas réellement entrer dans les détails, Cameron soupira doucement. Lucie était un peu trop curieuse à son gout, mais en soit, il trouvait cela légitime. Lui aussi à sa place, aurait aimé comprendre les choses.
- Très bien. J'étais chez Dylan, et on s'est disputé, avoua-t-il.
Ce n'était pas totalement faux, n'est-ce pas ?
- Oh.
Lucie lui adressa un regard navré, tout en piquant dans une feuille de salade.
- Comment va Dylan ?
Presque aussitôt, Cameron eu l'envie irrépressible de se mordre la langue. Il ne devrait pas s'inquiéter autant de l'état de son collègue, alors même qui l'avait violenté dernièrement, puis enfermé entre quatre murs. Face à lui, Lucie grimaça doucement, comme si elle se remémorait le visage du blond.
- Il avait l'air fatigué. Ses yeux étaient cernés, ses traits tirés, et il n'a pas beaucoup parlé dans la salle de repas. Il a rapidement mangé puis il est retourné travailler, il me semble.
Acquiesçant d'un faible hochement de tête, Cameron termina prestement sa dernière bouchée de sandwich. Roulant en boule le papier, il visant rapidement sa poubelle, et tira, faisant un panier sans mal. Question d'habitude.
Silencieuse, Lucie ne le quittait pourtant pas des yeux, alors même que son repas était également terminé. Sentant qu'elle désirait lui dire quelque chose, Cameron soupira doucement, passant une main dans ses cheveux bruns en bataille.
- Oui ?
- Tu sais, bien que ce ne soit pas mes affaires, je pense que vous devriez en discuter tout les deux. De ce qu'ils s'est passé, je veux dire, et quoi qu'il ait pu arriver. Vous ne devriez pas rester comme ça. Dylan est au plus bas, et tu n'as pas l'air très bien non plus.
Prenant en compte son ressentiment, et conscient de la réalité de la chose, Cameron acquiesça de nouveau.
- Oui, je sais bien. Seulement, la situation est plutôt compliquée.
Oh oui, elle l'était surement même un peu trop. En Dylan qui lui avait fait mentalement et physiquement du mal, et Kaleb semblait enfin décidé à le reconquérir, il ne savait plus où donner de la tête. Il appréciait beaucoup Kaleb, c'était un fait, mais il appréciait tout aussi Dylan. Malgré leurs défauts, malgré ce qui avait pu arriver, et en dépit de tout le reste. Ses propres sentiments étaient confus vis-à-vis de ses deux hommes. Parce que, même si Dylan avait manqué de tact, il ne s'agissait que d'une fois, pas vrai ? Peut-être n'allait-il pas recommencer ? Peut-être n'était-ce qu'une exception ? Et, même si Kaleb était encore et aux yeux de la loi marié, il allait divorcer, pas vrai ?
Comment savoir lequel choisir, en sachant que chacun avait fait des erreurs, chacun avait des choses encore à lui prouver ?
Confus, Cameron soupira doucement, alors que Lucie quittait finalement son bureau, le laissant méditer. Voilà qu'il doutait de nouveau. Lui qui avait commencé à voir en Dylan un homme idéal, voilà que ce dernier c'était montré violent et en contradiction avec l'homme qu'il avait connu aux premiers abords.
En quittant le travail ce soir-là, Cameron jura qu'il manqua de rentrer chez lui en courant, en reconnaissant Dylan, le dos appuyé contre sa voiture. Il l'attendait de toute évidence. Une boule se coinça dans sa gorge, avant qu'il n'inspire un grand coup. Bien, il était visiblement l'heure d'agir en adulte. La tête haute, Cameron se dirigea vers son véhicule. Comme l'avait prédit Lucie, Dylan semblait mal au point, très fatigué, voir même dépassé par les évènements. Lorsque leurs regards se croisèrent, Cameron pu sentir toute la détresse qui semblait animer son petit-ami, au moment où il se décollait de la voiture. Néanmoins, il resta immobile. Comme pour lui laisser le temps de gérer intérieurement la chose.
Inspirant un grand coup, une bonne goulée d'air frais, Cameron s'avança. En arrivant à la hauteur de Dylan, il se fit la réflexion qu'il n'aurait pas même été surpris de le voir se jeter à ses pieds, implorant son pardon. Il semblait si à bout de nerf, épuisé, que Cameron ne put que lui adresser un léger sourire. Cela sembla détendre Dylan, dont les traits se détendirent quelque peu.
- Je...
Leurs voix s'élevèrent comme une seule, et chacun se lança un regard gêné. Finalement, Cameron lui fit signe de se prononcer en premier. Après tout, il était celui qui lui devait des explications. Avalant sa salive, Dylan se lança, le regard vacillant.
- Cameron... Je suis tellement désolé. J'ignore ce qu'il m'a prit, c'était comme me voir agir, comme si je n'étais plus là, que je regardais un autre agir. Je crois que... j'étais bien trop jaloux et possessif, je m'en rends compte à présent. C'est juste que tu es un homme séduisant, et à côté de toi, j'ai l'impression de ne pas être à la hauteur. Pas du tout même.
Surpris par ce petit discours, Cameron entrouvrit les lèvres, avant de les refermer subitement. Lentement, Dylan tendit le bras, venant saisir sa main. Ses doigts froids glissèrent sur son poignet, jusqu'à soulever sa manche de chemise, là où il lui avait pressé la peau. La marque rouge était encore bien présente, et dans un geste tendre, Dylan la baisa d'un baiser subtil, léger comme une plume. Un frémissement parcouru son corps, mais Cameron ne lui retira pas son bras.
- Cette marque... Tout est ma faute, Cameron, je suis vraiment désolé.
Dylan relâcha alors son bras, afin de pouvoir se concentrer sur son visage, et Cameron soupira doucement. Ignorant quoi dire, comment agir, il se contenta de masser distraitement sa peau rougie. Ce qui sembla créer un malaise presque palpable.
- Dylan... Ecoute, je ne sais pas quoi te dire. Ce qu'il s'est passé, m'a vraiment fait flipper, et si ça venait à recommencer...
- Ça ne recommencera pas ! intervint Dylan.
- Comment en être sur ? protesta Cameron en retour.
C'était vrai. Qu'est-ce qui lui garantissait que ce genre d'incident ne se reproduirait pas ? Que Dylan ne serait pas de nouveau violent ? Et puis, il y avait aussi toute ces fois où il avait regardé son téléphone, en stimulant qu'il lui avait semblé l'entendre vibrer. Alors oui, il y avait de quoi éprouver quelques doutes.
- Je... Je te jure que ça ne se reproduira plus, Cam, je m'en veux terriblement.
Oh ça oui, il pouvait s'en vouloir. Néanmoins, Cameron restait sur ses gardes. Il avait été surprit une fois, une seconde ne serait que probable. Pourtant, face à son expression si désolé, il se sentait craquer doucement mais surement, comme quelque chose d'inévitable en soit. Seulement, il ignorait quoi faire. Entre Kaleb et Dylan, il allait de désillusion en désillusion. Et il y avait toujours la probabilité que Kaleb ne divorce finalement. Mais à ce moment là, que ferait-il concrètement ? Car pour le moment, il n'y avait que des mots, des actes.
Il devait y réfléchir, et de manière très sérieuse en plus de cela.
- Ecoute, je crois que je dois prendre un peu de recul vis-à-vis de tout ça, du travail, de tout en général.
Ouais, il avait définitivement besoin de vacance, besoin de se ressourcer aussi en compagnie de Josh. Ça c'était un putain de bon plan. Il allait devoir méditer là-dessus par ailleurs.
Face à lui, Dylan sembla se décomposer en comprenant ce qui était entrain de se dérouler en dépit de sa volonté. Surement comprenait-il à présent tout l'étendu des conséquences de ses actes.
- Tu souhaites mettre fin à notre relation ? interrogea Dylan.
Cameron grimaça doucement, ignorant comment amener la chose.
- Il s'agit juste d'un break, le temps que je réfléchisse, tu comprends ?
- Oui, j'imagine.
Le soupir qui passa la barrière de ses lèvres était à fendre l'âme, de quoi mettre mal à l'aise Cameron.
- Est-ce que cela va durer longtemps ?
Haussant doucement les épaules, Cameron passa une main dans ses cheveux. Combien de temps cela allait-il durer ? Allez savoir. Quelques jours, un mois peut-être ? Lui-même ignorait quelle serait l'issu de cette remise en question sur soi-même. Ce qui était sur, était que cette fois un choix devrait être accompli. Un vrai choix. Pas comme maintenant, alors qu'il batifolait avec Kaleb. Non, cette fois là, cela devrait être définitif. Il ne pouvait pas continuer à jouer si injustement avec les sentiments de deux hommes. Quand bien même concernant Kaleb, évoquer des sentiments lui semblait encore superflu. Après tout, le jeune homme n'était pas spécialement démonstratif, pourtant dernièrement, il semblait lui montrer plus d'intérêt qu'autre fois. Surement sa relation avec Dylan lui avait fait comprendre la réalité de la chose, de ses sentiments aussi. De ce qu'il pouvait éprouver intérieurement.
- Je l'ignore, comment le savoir ?
Dylan se pinça les lèvres, l'air à moitié compréhensif à présent. Comprenant que cela ne devait pas être évident à comprendre, Cameron s'approcha d'un pas. Lentement, il vint saisir le visage du blond entre ses mains, avant d'unir prestement leurs lèvres, comme un dernier baiser avant une séparation peut-être définitive.
- Je te donnerais bien sur signe de vie, afin que tu ne sois pas trop perdu. je comprends que c'est dur, mais j'en ai vraiment besoin.
- Très bien.
- Je dois y aller, maintenant.
Acquiesçant, Dylan recula de quelques pas, laissant ainsi Cameron monter dans son véhicule. Après un dernier geste de la main presque timide à l'adresse de Dylan, il fit ronronner le moteur dans l'allée, et quitta son emplacement. Un petit pincement au cœur se fit sentir, alors qu'il jetait un coup d'œil dans le rétroviseur. Sur le bas du trottoir, Dylan semblait se frotter le visage, l'air complètement déconcerté. Surement ne s'était-il pas attendu à cela, ou si, justement.
Bien, à présent, il ne lui fallait plus qu'à annoncer la fameuse nouvelle à Kaleb.
Et ça, surement le prendrait-il moins bien que Dylan.
***
Hellooooo ! ~
Tout d'abord, navré pour ma longue absence. Avec le BAC, les vacances tout ça, j'avais entre autre la tête ailleurs. En plus de tout ça, j'ai subit un manque d'inspiration et n'arrivait plus à écrire. J'ai du réécrire ce chapitre au moins trois fois, et je n'en suis pas encore satisfaite.
Il s'agit d'un chapitre de transition - ce qui explique entre eux le fait qu'il soit court.
Sur ceux, j'espère que vous allez aimez !
Kiss ♥