chasse gardée.

By Celinours_60

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Dereck Hadisson ? On le connait plus généralement sous le nom du " chasseur " dans son lycée. Il n'en reste p... More

Chapitre 1.
Chapitre 2.
Chapitre 3.
Chapitre 4.
Chapitre 5.
Chapitre 6.
Chapitre 7.
Chapitre 8.
Chapitre 9.
Chapitre 10.
Chapitre 11.
Chapitre 12.
Chapitre 13.
Chapitre 14.
Chapitre 15.
Chapitre 16.
Chapitre 17.
Chapitre 18.
Chapitre 19.
Chapitre 20.
Chapitre 21.
Chapitre 22.
Chapitre 23.
Chapitre 24.
Chapitre 25.
Chapitre 26.
Chapitre 27.
Chapitre 28.
Chapitre 29.
Chapitre 30.
Chapitre 32.
Chapitre 33.
Chapitre 34.
Chapitre 35.
Chapitre 36.
Chapitre 37.
Chapitre 38.
Chapitre 39.
Chapitre 40.
Chapitre 41.
Chapitre 42.
Chapitre 44.
Chapitre 45.
Chapitre 46.
Chapitre 47.
Chapitre 48.
Chapitre 49.

Chapitre 31.

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By Celinours_60

Je me réveille et les événements de la veille ne mettent pas longtemps à refaire surface. C'est inévitable. Le même sentiment de détresse de la nuit dernière m'envahi soudain et menace de m'engloutir. J'empoigne un coin du drap de mon lit pour m'assurer que je suis encore maître de mes mouvements et entreprends de me lever mais, à l'instant où mes jambes se mettent à la verticale, elles retombent. Je tremble. C'est incontrôlable. Je ferme mes yeux et appuie fortement sur mes paupières. Je ne vois qu'une analepse des moments mémoriaux passés avec ma sœur. Je n'arrive pas à y croire. Je ne veux pas y croire. Pourquoi ? Voilà, ce que je me demande sans cesse de la déclaration de ma mère. Je ne comprends pas, à vrai dire. Je ne sais pas, normalement, on est quand même censé être au courant si on a un risque potentiel d'être atteint d'une quelconque maladie, non ? Je ressens un profond sentiment de haine envers les médecins, mais aussi envers ma sœur et moi. Même si je sais bien qu'elle n'y est pour rien, je ne peux m'empêcher de me poser la question. Pourquoi n'a-t-elle pas fait de dépistage contre le cancer du sein ? 

Cependant, il faut que je me ressaisisse. Je me lève donc, aidé de mes bras, et de tout meuble se trouvant à ma portée pour accéder à la salle de bain. Là, je décide de prendre une douche afin d'être propre pour lui rendre visite. Je m'habille de manière à ce qu'elle n'est pas honte de moi par rapport aux autres personnes présentes à l'hôpital et opte pour un pantalon droit, d'une chemise déboutonnée au col et de chaussures simples. Je ne pense pas que mes cheveux aient besoin d'être coiffés donc je les laisse à leur état naturel tandis que je descends les marches jusqu'au rez-de-chaussée. En bas, je marche en direction de la cuisine où se trouve déjà ma mère. Elle aussi, s'est habillée de manière simpliste mais chic. Elle est vêtue d'une jupe crayon noire, de chaussures à talons de même couleur et d'un chemisier beige. Elle se sert une tasse de thé et nos regards se croisent. Je remarque qu'elle a les yeux rouges et gonflés. J'en déduis qu'elle a passé la nuit à pleurer mais je fais comme si je n'avais rien remarqué et me sers une tasse de café noir. 

-Shain ne devrait plus tarder à arriver. dis-je, pour briser le silence trop pesant à mon goût.

Elle hoche de la tête tout en buvant son breuvage d'un air las. Je m'assois en face d'elle au comptoir de la cuisine et entreprends de déjeuner. Bizarrement, je n'ai pas la moindre envie de manger ce matin. Je n'ai envie de rien, en vérité. Seulement de voir Sia. 

*

Lorsque chacun termine enfin sa boisson, nous finissons de nous préparer et attendons avec impatience l'arrivée de mon cousin jusqu'à ce que des coups retentissent à la porte. Je me ressaisis soudain et déclare que je vais ouvrir. 

-Salut. fit-il, indécis à savoir s'il doit sourire ou non.

-Salut mon frère. dis-je, en le prenant dans mes bras.

Cette accolade me fait du bien. Je me sens mieux sur le coup, puis, la douleur reprend. Nous entendons des pas retentir des escaliers et voyons arriver ma mère. Shain lui fait la bise et la prend dans ses bras. Elle lui adresse un sourire reconnaissant mais clairement forcé et nous décidons d'y aller. Ma mère décide de s'asseoir à l'arrière tandis que je monte à l'avant, aux côtés de mon cousin.

-C'est une nouvelle ? m'enquis-je, en parlant du véhicule.

-Tout à fait. affirme Shain. C'est une Volkswagen Gol !

-Comment est-ce que tu as pu te la payer avec le salaire que tu gagnes au restaurant ? l'interrogé-je, curieux.

-J'ai emprunté un peu d'argent à des gars. explique-t-il, en baissant subitement le volume de sa voix afin que ma mère n'entende pas.

J'entreprends de monter le son de la stéréo tandis que Shain me donne quelques détails sur sa mystérieuse affaire.

-Alors ?

-Ils ont une sorte d'entreprise. Ils donnent des crédits aux personnes qui souhaitent payer un montant d'une certaine somme mais qui n'ont pas assez. Mais je te jure qu'il n'y a rien d'illégal ! 

-Je n'en suis pas si sûr. fais-je, septique. Qu'est-ce qu'ils te demandent en échange ?

-Pas grand chose. répond-t-il, sans donner de détails.

-Développe. insisté-je.

-Quelques petits services à droite à gauche, mais rien de bien compliqué en somme. 

-Quels sont ces services ? persisté-je, déterminé à savoir la vérité.

Il ne me répond pas tout de suite. Il se concentre sur la route mais lorsqu'il arrive à un feu rouge, j'en profite pour le faire craquer. Il finit par céder et entame son histoire lorsque soudain, le feu devient vert de nouveau. Il esquisse un sourire et repose son regard sur la route tandis que nous nous approchons de l'hôpital. Là, il gare la voiture sur le parking et nous sortons du véhicule. 

Lorsque nous franchissons les portes de l'établissement, un étrange sentiment me submerge. Ma vision est composée de murs blancs tachetés de quelques ronds de couleurs, de lignées de sièges d'attentes, d'un comptoir au loin qui doit sans doute être l'accueil et d'une cafétéria à ma gauche avec une longue queue à la caisse. Cependant, ce qui me fait me sentir mal n'est pas l'endroit en lui-même. Ce sont les personnes qui y sont. En effet, je ne vois aucuns visages souriants mise à part ceux des hôtesses et des infirmières. Cela se comprend. Les personnes assises sur les chaises à ma droite semble être là depuis longtemps, trop longtemps. Je pense même qu'elles ont lus tous les magazines mis à dispositions sur les petites tables basses.

Autre chose me frappe soudain, l'odeur. Ce n'est pas une odeur naturelle, ni même agréable d'ailleurs. Elle fait penser à celle des médicaments, des soins, des malades, de l'hôpital et à l'odeur de la mort. Cela en devient presque insupportable lorsqu'une infirmière s'avance vers nous et nous demande ce que nous venons faire ici. 

-Nous venons rendre visite à une personne qui est hospitalisée ici depuis hier. répond Shain.

-Bien, quel est son nom  s'il vous plaît ? s'enquit-elle.

-Sia Hadisson. dis-je, plus rapidement que mon cousin.

L'infirmière m'adresse un hochement de tête et nous propose de nous installer dans le coin d'attente jusqu'à ce que quelqu'un vienne nous emmener la voir. Un court instant plus tard, l'infirmière vient jusqu'à nous et nous indique de la suivre. Nous nous levons et lui emboîtons le pas à travers le labyrinthe de couloirs de l'hôpital. Je pense, à plusieurs reprises, que nous tournons en rond et souhaite d'ailleurs demander à la jeune femme si nous sommes perdus mais j'ai l'impression qu'elle sait où elle va.

Un moment plus tard, l'infirmière s'engage dans un autre couloir et je remarque certaines portes entrouvertes. Dedans, je perçois des choses. Des patients, de tous les âges, l'air maussade, cloués au lit et entourés de divers fils. Je ne peux m'empêcher de ressentir un sentiment d'appréhension quant à la vision que je vais avoir de Sia. Est-elle comme ces gens ? A-t-elle perdu sa joie de vivre ? Soudain, un sentiment d'angoisse m'envahi. Que vais-je bien pouvoir lui dire ? De quoi allons nous parler ? Je ne pense pas que nous allons rester face à face en silence à attendre que le temps passe, ou en tout cas, je l'espère.

C'est à cet instant que je fonce dans l'infirmière qui s'est soudainement arrêtée devant une chambre. Je m'excuse, embarrassé, mais elle m'assure que ce n'est rien. Elle pose la main sur la poignée, qu'elle tourne d'un geste délicat et pousse secrètement la porte. Elle dit quelque chose à l'adresse de la personne se trouvant à l'intérieur et se retire pour nous laisser passer.

-Voilà, c'est ici. dit-elle, avec un sourire.

-Merci. répond ma mère, reconnaissante.

Shain et cette dernière entrent aussitôt dans la chambre tandis que j'hésite un instant sur le seuil. Finalement, j'entre. Progressivement, un pas après l'autre, sans lever la tête par simple appréhension. Pour le moment, je ne retrouve que le sol caractéristique de l'établissement. Je remarque maintenant qu'une masse se tient devant moi, il s'agit sûrement d'un lit. Je décide enfin de relever la tête jusqu'à ce que mon regard croise celui de Sia.

Sia. Je n'ai pas les mots. Ses cheveux, son visage, ses yeux, rien a changé. Pourtant, je ressens comme une sorte de voile qui recouvre toute sa personne. Sa peau semble comme absente. On arrive à apercevoir certaines veines que l'on ne devrait pas voir d'habitude. Son teint est malgré tout moins frais, il manque ses petites joues roses. Quelque chose l'a changée. Et cela s'appelle la maladie. Mon regard parcourent chaque particules de son être. De ses mains se resserrant sur les bras de notre mère jusqu'à son sourire rayonnant. Soudain, ses yeux se pose sur moi. Et, j'ai l'impression d'être scruté au plus profond de mon âme. J'ai l'impression qu'elle souhaite se rappeler de chaque partie de mon visage dans les moindres détails. Mais pourquoi croit-elle qu'elle ne va plus me revoir pendant longtemps ? je me demande. 

-Dereck. formule-t-elle, dans un souffle. 

-Sia. fis-je, de même en la prenant dans mes bras.

Je la serre contre moi tellement fort que je crois que je suis en train de lui briser les côtes. 

-Je t'aime Dereck. murmure-t-elle, à mon oreille et de manière à ce que je sois le seul à entendre.

-Je t'aime aussi Sia, et je ne veux pas te perdre.

Nous nous écartons l'un de l'autre et elle m'adresse un sourire si vrai, si beau que je doute à cet instant qu'elle soit atteinte d'un cancer. Elle semble si normale.

Nous restons avec elle jusque dans les alentours de midi, et décidons d'aller nous acheter des sandwichs à la cafétéria car nos appétits crient famine. Après ça, ma mère doit se rendre à son travail cet après-midi donc elle ne peut pas rester. 

-Je vais resté avec elle, Shain dit qu'il souhaite resté aussi. Je t'appelle quand je rentre. l'informé-je.

-D'accord, à ce soir. dit-elle, avant de s'en aller.

Je remonte ensuite jusqu'à l'étage où se trouve la chambre de Sia et suis étonné de ne pas m'être trompé de couloir. Lorsque j'apparais sur le seuil de la porte de sa chambre, son visage s'illumine. 

-Shain est parti aux toilettes. Ah, et tiens, je t'ai apporté un muffin. dis-je, en lui posant un petit sachet sur sa table de chevet. 

-Merci, tu ne peux pas savoir à quel point je meurs de faim ! C'est immangeable ce qu'ils nous donnent. me confit-elle, avec une grimace simulant du dégoût.

Je ris, et elle finit par rire aussi. Je la regarde déguster sa pâtisserie, un sentiment mitigé règne en moi. 

-Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? s'enquit-elle, au bout d'un moment. 

-Comment est-ce que je te regarde ?

-Tu me regardes comme si j'allais mourir. déclare-t-elle, solennel.

Un silence pénétrant succède ses paroles. Elle ne semble pas réaliser à quel point ce qu'elle vient de dire est déchirant à entendre. Je ne sais pas quoi répondre. Elle a raison, malgré tout. Je la regarde comme si elle allait mourir, mais le problème est que c'est ce qui pourrait arriver.

-Comment voudrais-tu que je fasse dans ce cas ? m'enquis-je. Aussitôt que je te vois, cette pensée me vient à l'esprit, et je suis pris d'un chagrin fou que je ne peux dissimuler derrière un sourire. Excuse-moi Sia. Excuse-moi, mais je ne sais pas faire ces choses-là quand je sais que tu risques peut-être de mourir.

Ses yeux me fixent durant un instant, puis se pose sur ses doigts qu'elle entremêle et tortille. Je pose ma main sur les siennes. Puis, elle relève la tête et affiche une figure peinée, chargée de souffrance et de peur. 

-Dereck, je... Je ne veux pas mourir. bredouille-t-elle, ses yeux préludant à s'inonder de larmes.

Un perle d'eau coule le long de sa joue blanchâtre que j'ôte d'une caresse. Alors que dans un même geste subite, elle s'empare de ma main qu'elle colle contre sa peau, sa peau chaude et humide.

-Sia, que puis-je faire ? m'enquis-je, désespéré.

-Reste. Reste avec moi. me supplie-t-elle. Mais, s'il te plaît, arrêtes de me voir morte. Je ne veux pas te voir dans cet état, pas maintenant en tout cas. Je veux que tu me sourisses, que tu m'amènes un peu de ta joie. Je ne souhaite pas passer mes derniers instants dans la tristesse et la peine, tu comprends ? 

-Oui. Je comprends. 

-Bien, souris-moi. dit-elle, comme un souhait.

Je m'exécute et esquisse un léger sourire qui s'agrandit, jusqu'à ce que deux pommettes se creusent. Sia s'en aperçoit et semble satisfaite car elle sourit à son tour. Cependant, c'est un véritable sourire qui errent sur ses lèvres. Mon sourire ne peut s'élargir mais s'il pouvait, il montrerait à quel point je ressens de la joie envers cet instant, envers cette personne que je chéris plus que tout au monde. Cette personne, je la rends heureuse. Je réussis à la rendre heureuse; me dis-je. Je sais maintenant ce que je peux faire pour lui rendre la vie plus belle et, je pense que cela, les médecins ne peuvent pas le faire.














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