-Hé oh ! Tu m'entends ? s'exclame Matt, agacé.
-Quoi ? Qu'est-ce que tu veux ? demandé-je, en me ressaisissant.
-Oh non rien, mise à part que ça fait cinq fois que je te demande si tu veux des oignons dans ton putain de tacos ! réplique-t-il, en élevant le ton.
-Hé ! C'est bon, ça va ! Et, non. Ça doit bien faire plus de six ans qu'on se connaît et tu ne sais même pas si je prends des oignons avec mon tacos, c'est dingue quand même ! m'esclaffé-je, en m'avançant au comptoir du fast-food.
Il continu de se plaindre de mon attitude à Yoan tandis que je commande. Nous nous installons ensuite à une table du restaurant et commençons à manger.
-Au fait, ça vous dit d'aller voir le nouveau James Bond au ciné après les cours ? J'ai réussis à avoir des billets grâce à une amie de ma mère qui travaille là-bas. propose Yoan.
-Le nouveau James Bond tu dis ? s'enquit Matt, l'ai intéressé.
-Oui, mon p'tit. affirme Yoan, avec un hochement de tête.
-Oh alors dans ce cas c'est oui direct mon pote ! Et toi, tu viens ? demande-t-il, en s'adressant à moi.
Je relève la tête et affronte leur regard.
-Euh, je crois que j'ai déjà quelque chose de prévu les gars, désolé.
-T'es sérieux ? Et c'est quoi ? s'enquit Yoan, indigné.
-Un exposé en histoire. mentis-je, en entamant mon tacos d'un air vorace.
-Un exposé en histoire ? Tu nous prends vraiment pour des cons si tu penses nous faire croire ça.
-Mais c'est la vérité ! Hé, il faut que je remonte si je veux que mon prof particulier dégage les mecs ! improvisé-je, malgré qu'il y est une part de vérité dissimulée.
-Ah oui, c'est vrai. Merde, mais putain en plus on aurait le voir en avant-première.. dédaigne Matt, déçu.
-Ouais, j'aurais vraiment voulu y aller les gars, je vous jure. Mais..
-Mais tu dois remonter dans tes notes, oui on sait. complète Yoan, l'air peiné.
On termine notre déjeuner et sortons du restaurant. Nous retournons au bahut et chacun va à son cours. J'ai apparemment mathématiques et je crois que je n'y suis encore jamais allé. Ce sera une première, à moins qu'un p'tit con me mette en rogne. Je rentre donc dans la salle de classe et lorsque je passe devant, ce que je pense être le professeur, celui-ci m'attrape le bras, ce qui m'arrête. Et je me tourne vers lui, en fronçant les sourcils.
-Qui êtes-vous jeune homme ? Je ne vous ai pourtant jamais vu dans l'un de mes cours.
-Me faites pas ch.. Euh, oui c'est normal.. parce que.. je suis nouveau ici et je viens d'arriver en fait. me rattrapé-je, en canalisant au maximum ma montée de colère.
-Ah. Bien, veuillez trouver une place s'il vous plaît, je souhaite commencer mon cours.
Je ne réponds rien car je sais que mon moi intérieur aurait prit le dessus sur ce coup. Je longe donc les rangées de tables, et lance des regards noirs à tous ceux qui me regardent de travers. J'arrive au fond de la salle et trouve table vide et décide de m'y installer.
-On se dépêche de s'installer au fond. dit le professeur, d'une voix sanglante.
-Oh tu commences à me casser sérieusement les couilles toi. réussis-je à dire de manière à ce qu'il n'y est que le rend devant qui entendent.
***
Je n'arrives pas à y croire moi même: j'ai assisté à un cours et j'y suis resté !
Je remballe mon classeur et mon stylo et me lève de ma chaise.
-Mr.Hadisson, n'est-ce pas ? s'enquit la voix du professeur, l'air réfléchis.
-C'est ça. confirmé-je, en longeant les rangées de places vides.
-Auriez-vous un lien parenté avec un certain Shain ? demande-t-il, soudainement.
-Si, c'est mon cousin. répondis-je, surpris par sa question.
-Hum.. fit-il l'air concentré, en se touchant le début de barbe qu'il lui poussait au menton.
-Vous avez d'autres questions ? Non, parce que je dois aller à mon prochain cours en fait.. déclaré-je, en m'avançant subtilement vers la porte.
-Hein ? Oui, allez-y.
Je quitte la salle et regarde ma montre. Il est 15h. Je décide donc de sécher mon dernier cours, par simple manque de motivation, et sors du lycée afin de me diriger vers le parking. Je m'installe au volant et jette d'un geste nonchalant mes affairessur le siège passager. J'enclenche les clés et la voiture s'ébranle dans un vrombissement.
***
Je me gare devant le lieu de rendez-vous et entre dans le café. C'est un petit commerce simple mais avec une petite touche de vintage. Un comptoir en bois rustique, des sièges rétro noirs et rouges et un carrelage à carreaux blancs. Je remarque qu'il n'y a presque personne mise à part un couple sur une table contre la fenêtre et un vielle homme. Je décide de ne pas commander maintenant et m'installe à une table en coin au fond du café. Une serveuse vient me demander si je souhaite commander mais je décline et elle repart. Soudain, la porte du café s'ouvre et Ariana apparaît dans mon champ de vision. Elle est vêtue d'un short en jean déchiré blanc, d'un top noir avec inscrit dessus une citation, une paire de basket noire et une chemise à carreaux noire et rouge. Lorsqu'elle m'aperçoit, un sourire se dessine sur son visage et elle s'avance dans ma direction. Elle s'installe à côté de moi, l'air essoufflée.
-Tu as courus un marathon ou quoi ? demandé-je, ironique.
-En quelque sorte. fit-elle, rieuse.
La serveuse vient de nouveau jusqu'à notre table et nous demande ce que nous voulons commander.
-A toi l'honneur. fis-je, avec un geste de la main.
-Que de galanterie. dit-elle, sarcastique. Très bien, donc je vais prendre un cappuccino au lait avec une tarte à la myrtille s'il vous plaît. déclare-t-elle, certaine.
-Hum, pour moi ce sera un café noir et je pense prendre une tarte à la myrtille aussi. décidé-je, en lançant un subtil regard vers Ariana.
La serveuse finit de griffonner sur son calepin notre commande et elle partit.
-Quelle étonnante coïncidence que tu aimes la tarte à la myrtille comme moi. s'esclaffe-t-elle, lorsque nous fûmes seuls.
-Oui, nous avons tellement de points en communs que ça en devient soupçonneux. fis-je, rieur.
-Oh ! s'exclame-t-elle, en se ressaisissant soudain. Tiens. dit-elle, en me tendant un livre plutôt assez amoché.
-Il est de quel siècle ? demandé-je, moqueur.
-Tais-toi. rétorque-t-elle, son coude pointu rencontrant mes côtes et me faisant lâcher un gémissement. Il est super !
Je le pris alors entre mes mains, le retourne et vis le titre de l'ouvrage qui s'intitule " L'écume des jours ".
-L'écume des jours. lisé-je, dans un murmure. C'est l'histoire de quoi ?
-Tu verras. Mais, tout ce que je peux te dire c'est qu'il est certain que tu ne vas pas comprendre au début. En général les gens sont surpris du style de l'histoire parce que c'est du surréalisme. Il faut s'initier dans l'univers de Boris Vian pour apprécier la lecture. conte-t-elle, d'un ton solennel.
-On dirait que la lecture est un univers à part pour toi. Que c'est une part de toi.
Elle ne répondit rien tout de suite mais son regard semblait essayer de comprendre ce que je venais de dire.
-Tu as sûrement raison. fit-elle, avec un léger sourire triste mais qu'elle s'efforçait à rendre heureux.
A ce même instant, la serveuse nous apportait nos commandes.
Je m'apprête à apporter mon café à ma bouche lorsque Ariana crache le sien, l'air dégoûtée.
-Attends, je crois que ce sera mieux comme ça. dit-elle, en s'emparant de mon gobelet et en l'échangeant avec le sien.
J'apporte maintenant celui qu'elle m'a échangé et c'était bien mon café noir. Ariana m'adresse un sourire de moquerie et je le lui rendis.
***
Lorsque nous payons et sortons de l'établissement, il est dans les environs de 18h. Nous avons parlé de tout et de rien et nous ne voyons même pas le temps passer.
-Bon, et bah je vais y aller moi. déclare-t-elle, au bout d'un moment.
-Comment est-ce que tu vas rentrer ?
-Oh, je trouverai bien. fit-elle, en haussant les épaules.
-C'est idiot, je vais te ramener.
-Non ça ira, ne t'inquiète..
-Arrête de parler et monte. ordonné-je, sur un ton tout de même doux.
Je fais le tour de ma Porsche et m'installe au siège conducteur. Quelques minutes passent avant qu'elle ne se décide à monter à son tour. Un sourire subtil se dessine sur mes lèvres.
-En plus, la nuit va bientôt tombée. Qui sait ce qu'il peut arriver à une jeune fille toute seule la nuit, hein ?
-Tu as raison. reconnait-elle, malgré elle. Mais je sais me défendre, je saurais mettre à terre qui conque essaye de m'approcher.
-Oh, je n'en doute pas. répliqué-je, moqueur.
Soudain, une mélodie s'élève des enceintes. Je reconnais qu'il s'agit de " The Power Of Love, de Huey Lewis ".
-It's the power of love ! chantonne la voix suave d'Ariana.
Je ne peux m'empêcher de sourire bêtement à cette scène. Elle se met à rire d'elle-même et moi aussi.
Je m'arrête à cause du feu devant moi qui devient rouge et laisse mon regard divaguer dans le paysage de la nuit. Quand tout à coup, un homme cagoulé se place devant mon capot et se met à fracasser la vitre. Tout se passa très vite. L'homme contourna la voiture et vint ouvrir ma portière pour me faire sortir. Un second individus fait de même du côté d'Ariana. Le gars réussi à me faire sortir mais je lui balance mon poing tellement fort dans la figure qu'il s'écroule à terre. J'entends soudain des cris de femme. J'accoure derrière l'auto et arrive à temps. Je fonce sur l'homme qui est en train de tenir fermement Ariana par le cou et le balance de l'autre côté. Il est à terre et s'apprête à se relever pour m'attaquer mais mon pied rencontre son estomac et lui fait lâcher des gémissements de douleurs atroces. Il se tient le ventre en roulant sur lui-même et j'en profite pour lui donner encore quelques coups de poings dans la figure afin de l'affaiblir le plus possible. Au bout d'un moment, je sens une main se poser sur mon épaule et tenter de m'arrêter mais je la repousse.
-DERECK, ARRETE ! C'EST BON ! hurle Ariane, d'une voix étranglée.
Soudain, je sens plusieurs mains me mobiliser et m'éloigner de ce que reste de l'individus cagoulé. On me plaque à un mur malgré mes efforts pour me débattre.
-Hé ! Calme toi mon vieux ! s'écrit un des types qui tentent de me retenir.
-Lâchez moi ! m'écrié-je.
Après une dizaine de minutes à crier et à me débattre, je finis par accepter de me calmer. Les types me relâchent et Ariana m'enroule de ses bras et plonge sa tête dans mon cou.
-Quel crétin tu fais ! fit-elle, dans un murmure.
-Je.. suis désolé. bredouillé-je, l'esprit confus par ce qu'il venait de se passer.
-Ce n'est rien, on peut rentrer maintenant ? demande-t-elle, l'air suppliant.
-Bien sûr.
***
-Non, je ne veux pas rentrer chez moi. fit-elle, alors que nous sommes arrivés devant chez elle.
-Mais.. où veux-tu allée dans ce cas ? demandé-je.
-Je ne sais pas, quelque part où l'on peut être tranquille. dit-elle, certaine mais l'air timide à la fois.
-Je connais un endroit.